Etape 189 - Mandalay
- Sublime coucher de soleil depuis Mandalay Hill
Jeudi 6 février 2020.
Alors que le soleil décline, je me laisse bercer
par l'incroyable douceur de cette soirée hors du temps.

Au loin, un feu brûle au milieu
des forêts denses qui entourent les habitations de la ville.
Le stûpa doré d'un temple se gorge des derniers
rayons du soleil.

Au milieu des feuilles jaunissantes
de la forêt, les temples isolés semblent baigner
par une quiétude immuable.

Doucement, les feuilles jaunissent
à la cime des arbres. La brume envahit peu à peu la
canopée.

Au-dessus de l'horizon, le
soleil forme une immense boule de feu dans le ciel nappée
d'une brume nocturne. La rivière en contrebas se couvre d'éclats
dorés.

Plus loin, c'est un autre feu qui couve
dans le jardin d'un temple. La fumée jaunie par derniers
rayons du soleil se propage au gré de la légère
brise qui virevolte au-dessus de Mandalay.

Au-dessus de la ville, le soleil
couchant forme comme une immense coque incendiée qui colore
le ciel d'une épaisse brume orangée.

Au loin, tel un immense serpent
aux écailles dorées, l'Irrawaddy serpente lentement
entre les jungles birmanes. Ici et là, ses eaux paisibles
reflètent les rayons du soleil.

De ce côté-ci du monde,
le soleil dépasse tout entendement, comme s'il remplissait
tout le ciel et saturait l'atmosphère de ses rayons obliques.
La brume prend une incroyable teinte orangée et recouvre
peu à peu toutes les habitations.

Sur l'horizon, tout flamboie,
tout brule, jusqu'aux eaux indomptées de l'Irrawaddy qui
réfléchissent les lumières du couchant.

Le scintillement du soleil est si
intense désormais qu'il semble former comme une immense coulée
de bronze qui coulerait à l'infini sur la ville.

Depuis la colline de Mandalay, le
soleil décline lentement et la brume cuivrée qui l'accompagne
semble peser comme un poids sur la carcasse allongée de la
ville.

Au loin, tel un serpent silencieux
et immobile, l'Irrawaddy reste tapi dans l'intense feu qui
embrase le ciel. Il se terre tandis que sa surface liquide reflète
la chaleur insensée du brasier.

Au premier plan, les arbres
de la prison centrale qui côtoie étrangement les vallons
et les bassins du plus grand golf de la ville se couvre de teintes
cramoisies.

Le feu embrase tout et plonge
toute la ville dans une brume opaque brune, presque rouge de sang,
qui empêche de rien voir au-delà des rives du fleuve.

A terre, c'est au tour des
bassins du grand golf de la ville de s'embraser à leur tour.
Au milieu de la ville, leurs flaques brunes forment comme des mares
de pétrole incendiées.

Quel spectacle inouï. Autour
de moi, le silence se fait. Pas un mot ne passe ou ne siffle d'entre
les lèvres des gens fascinés par le tel spectacle
de cette fin de monde, qui, chaque soir, s'en va clore le chapitre
d'un cycle.

Le feu gagne maintenant. L'emporte
sur le jour qui s'efface et se retire par delà les collines
lointaines qui encadrent la vallée de l'Irrawaddy.

J'ouvre à mon tour la bouche,
respire une longue goulée d'air surchargé
par la brume incendiée de l'horizon, et je sens à
mon tour ma gorge se dessecher, se remplir toute entière
du goût de l'étrange mystère qui recouvre la
ville.





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