Etape 81 - Kow Gon Cave - Une grotte encore entourée de mystères

Mardi 28 janvier 2020. Avant de reprendre le cours de mes propos sur la pratique du bouddhisme en Birmanie, je m'attarde un instant sur ces incroyables répliques de monuments en miniature dressées au milieu de la grotte.

Ce décor est véritablement exceptionnel. La profusion de figures votives donne le tournis, et au final, créé une étonnante unité décorative.

Là où beaucoup de civilisations auraient aménagé les lieux pour le faire plier à un cadre architectural, ici, c'est tout à fait le contraire. Les dévots seulement habillé la grotte, respectant le moindre de ses contours, de ses corniches.

Allez zou, je reprends mon propos là où je l'ai laissé. Ainsi les noms des Birmans sont fixés d'après le jour de la naissance, et non en fonction du nom du père. Ils sont choisis aussi en fonction de leur signification et doivent porter chance, sans qu'il y ait de distinction entre nom de famille et prénom.

Si vous croisez ainsi un homme qui s'appelle Min Thura Aung, sachez que son nom veut simplement dire... "roi courageux et conquérant !" Ses parents ne l'appellent ni Min ni Aung, mais disent simplement "fils".

Par ailleurs, chacun peut changer de nom au cours de son existence, en opant pour des consonances correspondant à son jour de naissance.

Mieux, beaucoup de Birmans se font tatouer des diagrammes magiques destinés à les protéger des influences néfastes. Parfois, ils portent la bague Nawarat qui a tous les pouvoirs, dont celui de porter chance...

L'autre grande particularité des croyances birmanes est leur dévotion envers les Nat, les esprits en quelque sorte. Ce culte animiste des nat provient d'Inde. Cette croyance est fondée sur le principe que tout être, vivant ou non, est animé par un esprit.

Ce culte des nat, étranger au bouddhisme, a beaucoup choqué les chefs du bouddhisme Theravada (orthodoxe) lorsque le roi Anawretha instaura cette pratique en Birmanie, en 1044.

Afin de satisfaire la communauté bouddhique, le souverrain ordonna d'abord la destruction de tous les sanctuaires dédiés aux nat et interdit leur culte. Mais cette croyance, trop ancrée dans les moeurs, continua à persister.

Le roi décida alors de réintégrer les nat dans la cosmologie bouddhique, mais en les soumettant à l'autorité du souverrain Thangya Min, qui n'était autre que l'âme d'Indra, disciple du Bouddha.

Le roi Anawretha décida de déplacer la demeure des esprits du mont Popa à la pagode Shwezigon de Bagan. Depuis lors, ce monument jour un rôle protecteur essentiel pour les Birmans.

Une fois par an, en avril, Thangya Min descend sur terre pour recenser les bonnes et les mauvaises actions des hommes, les bonnes sont inscrites sur un livre aux feuilles d'or, les mauvaises sur un livre relié en peau de chien...

Il existe deux sortes de nat. Les nat supérieurs sont les esprits des anciens rois, des nobles et des moines qui ont fait preuve dans leur vie de courage et de générosité.

Souvent victimes d'une mort injuste et brutale, ils n'ont pas pu se préparer à leur renaissance et sont condamnés à errer sur terre. Pour les sédentariser, les Birmans leur construisent de petits sanctuaires. Ainsi, par leur présence, ils protègent ces lieux. Forcément, les nats supérieurs ont droit aux plus beaux sanctuaires...

Quant aux nat inférieurs, ils habitent les terres, les forêts, les sources, les montagnes, les maisons, eux aussi abrités dans de petits sanctuaires. Ils ne sont pas tous gentils. Et leurs prouesses dans l'art d'aider ou d'embêter les vivants font partie des légendes retransmises au fil des siècles.

Parmi les nat célèbres, on peut citer celui de Min Magayi. C'est le plus imploré Il est le gardien des maisons. A l'époque du royaume de Bagan, un forgeron fut immolé sur ordre du roi...

Sa soeur qui l'aimait par dessus tout, se précipita dans le brasier pour mourir avec lui. Ils se transformèrent en un nat unique et hantèrent les nuits du roi afin d'obtenir un refuge. Excédé, désireux de retrouver sa tranquillité, le roi autorisa l'esprit à séjourner dans n'importe quelle famille...

C'est la raison pour laquelle chaque couple qui recueillir le nat Min Magayi doit suspendre une noix de coco à un mur de sa maison. Le jus de ce fruit est censé atténuer l'effet des brûlures.