Etape 113 - Lac
Inle - Au milieu des maisons sur l'eau
Vendredi 31 janvier 2020.
Le long des artères d'eau des villages suspendus à
la surface du lac Inle, j'ai vu les enfants qui riaient,
qui jouaient, qui m'interpellaient en agitant leurs mains dans ma
direction... Quel bonheur ! Quelle joie de voir un tel
moment de grâce.

Car au-delà des temples, des
pagodes, des artisans qui font battre la vie de tous ces petits
villages Inthas, c'est toute une vie, toute une communauté
qui se développe au bord de l'eau.

Caché des regards des touristes,
les pirogues alimentant le commerce, apportant l'eau potable
à chaque habitation, sillonnent inlassablement les bras étroits
taillés dans les flancs du lac Inle.

Inlassablement ces ptites mains, ces
minuscules petits commerçants remontent et descendent ces
canaux pour aller au contact des habitants des villages.

Autour des maisons de petites palissades
sont plantées, délimitant un improbable jardin
qui ne vaut que par la saison sèche, inondé qu'il
est au moment de la saison des pluies et que la surface du lac remonte
inexorablement.

Devant chaque maison, chaque commerce,
chaque boutique, une minuscule écorchure de la terre
fait office de garage pour les pirogues qui accostent ou pour celles
qui restent là à demeure.

Un de ces hommes passe, pressé,
arcbouté de tout son poids sur la rame qui va lui permettre
d'extraire sa pirogue de cette jetée improbable qui permet
de rejoindre les flancs de ce village sur l'eau.

Je suis surpris parfois de constater
combien ces maisons sont hautes et spacieuses, dressées
pour la plupart sur deux étages, accueillant probablement
toute une famille, de la grand-mère au derniers petits-enfants
de la lignée.

Et nous poursuivons encore notre balade
au fil de l'eau, glissant tranquillement le long du lac
et des habitations qui se succèdent.
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Parfois, c'est
une maison plus luxueuse qui apparaît.
On ne peut pas la manquer, elle est construite en
dur, en parpaings, faisant la part belle aux larges ouvertures,
comme pour alléger le poids de cette masse solidement
ancrée par des pieux qui s'enfoncent dans la vase du
lac Inle. |
Puis
elle disparaît, aspirée par la succession interminable
des constructions, remplacée bientôt par la
façade affichée d'un bar-restaurant qui a cerné
la façade de sa terrasse d'immenses affiches publicitaires.

Plus loin, c'est une pagode et l'alignement
parfait de ses toits pointus qui vient casser la ligne des habitations
du village.

Nous continuons encore de glisser le
long du lac. Et sur ses berges, c'est toute une vie de labeur qui
prend forme. Des femmes accroupies à des bancs de
bambou s'emploient à laver le linge de maison.

Tout semble se dérouler dans
un équilibre parfait. Les femmes comme les bassines
tiennent on ne sait par quel miracle sur l'étroitesse de
ces bras de bambous tendus au-dessus des eaux du lac.

Les femmes frottent le linge
comme autrefois les femmes de nos villages français le faisaient
au pied de nos lavoirs.

Puis enfin, nous débarquons.
Remontons à pied l'étroite bande de terre
taillées à l'entrée des maisons et des boutiques
de souvenirs. Je passe à proximité d'un
jeune artisan qui fabrique des poupées suspendues qu'il vend
aux touristes de passage.

Devant moi, des femmes passent, trois
soeurs sans doute qui se rendent ensemble au temple pour la prière
du matin.

Puis en tournant la tête, j'aperçois
des hommes qui s'emploient à consolider un des bras
du canal.
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Ici, les
remblais permettent de mieux comprendre comment tous ces villages
ont pu se dresser au milieu des eaux du lac Inle. Les
digues semblent soigneusement entretenues. Indispensable travail
pour que la vie des Inthas perdure encore des siècles
autour du lac Inle. |
Plus
loin, c'est la vision étonnante d'une vache laissée
en liberté qui m'interpelle. Elle me rappelle que
l'Inde et ses vaches sacrées ne sont pas si éloignées
de cette Birmanie éternelle.




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