Etape 109 - Lac
Inle - Un dernier adieu aux pêcheurs Inthas
Jeudi 30 janvier 2020.
En revenant vers le village de Maing Thauk, notre petite balade
en pirogue sur le lac Inle nous ramène auprès des
pêcheurs Inthas qui n'attendent que ça pur rejouer
devant nous leur numéro d'équilibriste.

Contrairement aux précédents,
celui-ci prend beaucoup moins de risque, se redressant seulement
au milieu de sa barque et dressant au-dessude sa tête sa nasse
désespérément vide.
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Il n'empêche,
je ne me lasse pas de ces scènes insolites et
je trouve ces hommes ceints de leur costume traditionnel d'une
élégance rare. |
Tous
arborent une chemise bleu pâle à manches longues
et un pantalon de couleur ocre noué au niveau de la taille.
Et bien sûr, l'incontournable chapeau pointu
asiatique que portent les paysans dans les champs de riz.

L'homme maintient encore sa nasse au-dessus
de sa tête avant de comprendre que j'ai déjà
donné mon obole à tous ceux qui l'ont déjà
précédé dans cet exercice. Du coup, au bout
de quelques secondes, le voilà qui range précautionneusement
sa nasse à la proue de sa pirogue.

Pour ce soir, il lui faudra encore
espérer que le lac soit généreux avec lui et
lui offre quelques bonnes prises pour ramener du poisson frais à
sa famille.

L'embarction s'éloigne. Sa
silhouette tranche avec l'horizon presque laiteux que le crépuscule
repeint en prenant le pas sur le jour.

On sait très peu de choses sur
les orgigines des Inthas. Probablement venus de l'extrême
sud du pays (leur dialecte est proche de celui parlé dans
la région de Daweï), ils seraient arrivés dans
le coin au XIIe ou XIVe siècle (voire XVIIIe selon certains
historiens), fuyant peut-être les guerres avec la Thaïlande
voisine.

Mais comme les terres et montagnes
alentour étaient déjà occupées par les
Shans, ces nouveaux arrivants créèrent leurs vilalges
aux abords et sur le lac Inle.

Pour survivre, ils apprirent de nouveaux
métiers : forgeron, tisserand (soie et fibre de lotus),
joailler (argenterie surtout), menuisier (fabrique de pirogues),
rouleur de "cheroot" (cigare birman) et maraîcher
bien sûr.

Car outre leur technique de pêche
inimitable, ce sont les jardins flottants, d'une ingéniosité
désarmante, qui constituent l'autre grande curiosité
du lac.

Une chose est sûre, les
Inthas ont développé une grande diversité de
savoir-faire, qui force aujourd'hui l'admiration, et que
l'on prend plaisir à découvrir lors d'une excursion
autour du lac.

En attendant, je me régale de
cet incroyable coucher de soleil passé en leur compagnie,
de la silhouette magique de leurs pirogues chargées
de leurs nasses à poissons qui filent sur les eaux calmes
du lac Inle.

Il y a environ 100.000 à 200.000
Intha. La plupart vivent dans les quatre villes bordant
le lac Inle, dans de nombreux petits villages le long des rives.

Les Intha sont majoritairement bouddhistes
et vivent dans de simples maisons en bois et en bambou tressé
sur pilotis; ce sont en grande partie des agriculteurs autosuffisants.

La plupart des transports sur le lac
sont traditionnellement effectués par de petits bateaux
ou par des bateaux un peu plus gros équipés de moteurs
à longue queue qui sont nécessaires en raison de la
faible profondeur habituelle du lac.

Le style de rame des Inthas a évolué
parce que le lac est couvert de roseaux et de plantes flottantes,
ce qui rend difficile de voir au-dessus des eaux en position assise.
La position debout offre au rameur une vue au-delà des roseaux.

Voilà pour cette petite
balade au crépuscule sur les eaux calmes du lac Inle. Longtemps
je me souviendrai de ce moment magique passé en compagnie
de ces pêcheurs Inthas et de leurs silhouettes découpées
dans l'horizon rougeoyant de ce fantastique coucher de soleil sur
le lac.



Une dernière pitrerie, un dernier
sourire, et nous retournons lentement vers la jetée
en teck du village de Maing Thauk.









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