Etape 76 - Kow
Gon Cave - Des murs tapissés de bouddhas
Mardi 28 janvier 2020.
La grotte Kow Gon est non seulement d'une grande valeur pour l'histoire,
la religion, la culture et l'architecture, mais elle est surtout
essentielle pour connaître et étudier la Birmanie ancienne.

Et pour le photographe que je suis,
elle est d'une beauté éblouissante, source
de plans serrés ou plus larges, comme cette série
que j'ai fait en pénétrant dans la grotte principale,
entièrement tapissée de sculptures votives
à l'effigie de Bouddha.

Chaque centimètre carré
des murs et des plafonds de la grotte a été recouvert
par ces représentations du Bouddha, témoignant
ainsi la vénération absolu des Mons pour ce dieu vivant.

Adossées aux murs de la grotte
dont une grande partie s'ouvre directement sur le flanc
de la colline karstique, des statues du Bouddha ornent la caverne.

Chacune de ces représentations
sont censées illustrer les états du Bouddha à
plusieurs stades de sa longue existence.

L'incroyable mélance de ces
statues, presque solennelles et martiales, et cette exubérance
votive martelée sur les murs de la grotte créée
une incroyable, autant qu'improbable unité architecturale.
C'est tout simplement beau. Inouï. La multiplicité
des ornements, leur chevauchement anarchique parfois, créent
une véritable tempête artistique murale.

Les figures votives se déplacent
sur la paroi de calcaire comme des vagues d'un océan de ferveur
religieuse. On se sent subjugué, emporté,
dépassé par ces flots d'art naïf et religieux.

Au centre de la grotte, une
immense statue du Bouddha entouré d'autres figures que je
ne connais pas vient tempérer cette filie religieuse,
créant au milieu de ce déferlement, comme un
point central, une unité à laquelle se rattacher.

Et on porrait penser que cette
folie ornementale ne s'est attachée qu'aux seuls flancs de
la grotte, mais il n'en est rien. En relevant les yeux,
on se rend compte que le couvert de la grotte est lui aussi
inondé de représentations bouddhiques.

Tout en parcourant les flancs majestueux
et grandioses de cette grotte, je vais profiter de ce moment
pour parler enfin de l'histoire de ce pays qui se confond étroitement
avec la religion bouddhiste dont celle-ci est encore la religion
d'Etat.

L'histoire de la Birmanie est ancienne
et complexe. Elle se déroule à l'intérieur
des frontières actuelles du pays, mais implique aussi les
peuples des États voisins, sur les territoires actuels de
la république populaire de Chine, de l'Inde et du Bangladesh,
du Laos et de la Thaïlande, et plus tard les puissances
coloniales : Portugal, France et surtout Royaume-Uni.

L'occupation humaine de la région
remonte donc à au moins 11 000 ans. La première
civilisation connue est celle des Môns, arrivés dans
la région vers le IIIe millénaire av. J.-C.

Mélangeant leur culture et celle
de l'Inde, ils dominent le sud du pays du VIe jusque vers
le milieu du IXe siècle (culture de Dvâravatî).
C'est de cette époque que datent les débuts
du bouddhisme en Birmanie. Les Indiens leur communiquèrent
leur écriture et le sanskrit ainsi que le pali.

Les Môns sont refoulés
vers le sud par les Pyus, descendus du nord vers le VIIe siècle,
qui établissent plusieurs cités-États dans
le centre du pays. Durant cette période, la Birmanie
est sur la route commerciale entre la Chine et l'Inde. Le
saccage de la capitale des Pyus par le royaume de Nanzhao au milieu
du IXe siècle, marque la fin de leur domination.

Les Birmans commencent également
à s'infiltrer dans la région. En 849, ils
prennent le relais des Pyus en fondant un royaume puissant, centré
autour de la ville de Pagan (ou Bagan).

Un de leurs rois, Anawrahta
(1044-1077), unifie la Birmanie et fonde le premier Empire birman
(royaume de Pagan) en 1057. Ses successeurs consolident
le royaume : au milieu du XIIe siècle, l'essentiel
de l'Asie du Sud-Est continentale est sous la domination du royaume
de Pagan ou de l'empire khmer.

Le royaume de Pagan s'affaiblit
lentement : il est finalement détruit par les Mongols en
1287. L'unité de la Birmanie se défait alors
rapidement.


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