Etape 117 - Lac
Inle - Au plus près des femmes girafes de Birmanie
Vendredi 31 janvier 2020.
Prochaine étape de mon excursion autour du lac Inle, l'atelier
d'ombrelles Hnin Thitsar... où sont exhibées (je ne
vois pas d'autres termes à employer !) de femmes-girafes.

Ces femmes-girafes sont issues
de la communauté Padaung, aussi connue sous le nom de Kayan,
lesquels sont un sous-groupe (environ 7.000 personnes) du peuple
Karenni (Karens rouges) qui est une minorité ethnique tibéto-birmane
du Myanmar.

En 1990, à cause du conflit
avec le régime militaire birman, beaucoup de Kayan
sont partis pour la Thaïlande voisine. Ils y vivent près
de la frontière nord, avec un statut légal incertain,
dans des villages qui en font des attractions touristiques
à cause de leurs modifications corporelles particulières.

Celles-ci consistent en une sorte
de collier-spirale en laiton enroulé autour du cou des femmes,
ce qui a amené les observateurs à leur donner le nom
de « femmes girafes » ou « tribu des longs-cous.
» Les Birmans nomment ces femmes, les femmes aux
longs cous car ils ne veulent pas les identifier à des animaux.

Les femmes de cette tribu portent
des ornements autour du cou que l’on peut qualifier de collier-spirale.
C’est autour de l’âge de cinq ans que les fillettes
reçoivent leur premier collier-spirale et celui-ci est remplacé
par une spirale plus longue au fur et à mesure de leur croissance
(ce ne sont donc pas des anneaux que l’on ajoute,
mais toute la spirale que l’on change).

Contrairement à la croyance
populaire, ces spirales n’affectent pas les vertèbres
du cou pour les allonger, mais elles pèsent sur les côtes
qui évoluent en penchant vers le bas. Ainsi, plus
les côtes penchent, plus le collier tombe sur les
épaules, ce qui le rend trop large et pas assez grand pour
envelopper encore tout le cou. C’est à ce moment qu’il
est remplacé par une spirale plus longue, afin de continuer
le processus.

Ces spirales doivent être
enlevées pour pouvoir être remplacées par des
plus longues, de même lors de consultations médicales,
ce qui infirme l’idée selon laquelle les enlever serait
mortellement dangereux pour la femme. En effet, elles
ne mourront pas « énuquées » même
si effectivement leurs muscles sont affaiblis.

Cependant, la plupart des femmes
les gardent toujours car la peau et les os de leur cou sont meurtris
et décolorés par le fait qu’ils aient toujours
été cachés par ces colliers. De plus,
l’habitude de les porter continuellement fait qu’ils
deviennent presque une extension du corps de la femme.

Beaucoup d’hypothèses
ont été émises par les anthropologues sur la
raison du port de ces colliers-spirales. Ce pourrait être
pour se protéger contre les morsures de tigres ; pour rendre
les femmes moins attrayantes aux yeux des autres tribus afin qu’elles
ne se marient pas en dehors de la leur ou qu’elles ne soient
pas prises en esclavage.

Cela pourrait être aussi pour
leur donner une ressemblance avec un dragon (qui est une
figure importante du folklore kayan) mais la plupart de ces hypothèses
ne sont pas vérifiées et la véritable origine
de cette tradition reste encore un mystère.
|
Actuellement,
c’est non seulement pour perpétuer cette
tradition que ces colliers-spirales sont toujours portés,
mais c’est aussi parce qu’ils représentent
une part forte de l’identité culturelle de cette
ethnie (dans laquelle s’ancre une certaine
idée de la beauté), ce qui est renforcé
par l’attrait qu'ils exercent sur les touristes. |
Le gouvernement
de Birmanie décourage la perpétuation de cette
tradition car il veut essayer de donner une image plus occidentale
de ce pays, et il est suivi par un certain nombre des femmes padaung.

Cependant, étant donné
que cette pratique engendre du tourisme et amène
ainsi de l’argent directement à la tribu, elle ne perd
pas complètement sa vitalité.

Le plus grand village kayan, Nai
Soi, en Thailande, reçoit à peu près 1.200
touristes par année et prend une taxe d’entrée
de 250 bahts (environ 5,6 euros) par personne.

En 2008, le HCR encourage le
boycott par les touristes visitant les villages kayans, considérant
que les femmes sont exhibées comme dans un zoo humain.



|