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Birmanie, du sud au centre - Janvier-février 2020

Etape 103 - Maing Thauk village - Au milieu des rues sur l'eau

Jeudi 30 janvier 2020. A travers les eaux limpides du lac Inle, notre embarcation glisse mollement entre les habitations montées sur pilotis. C'est un moment hors du temps, une bulle factice dans laquelle notre barque, de sa proue triangulaire à sa poupe prolongée par la douce silhouette de la jeune fille qui rame pour moi, évolue libérée des affres d'un monde auquel nous sommes étrangers.

Et cette glissage infinie, immuable, d'une douceur infinie nous conduit ici et là à fendre le reflet de ces maisons juchées sur des poteaux de bois enfoncés profondément dans la vase du lac Inle.

De notre passage, les eaux du lac gardent seulement la courbure éphémère d'une onde qui se propage tout aussi lentement pour venir mourir au pied des pieux enfoncés solidement dans le lac.

Rien ne vient nous déranger. Ici, la vie semble d'une douceur extrême, alors que je le sais, elle est dure, faite d'un labeur harassant, d'une lutte incessante entre la puissance des eaux du lac et la ténacité des maraîchers qui cultivent là tous les fruits d'une lutte acharnée contre les éléments.

Une barque passe. Où s'en va-t-il cet homme dont les yeux plissent légèrement pour affronter la lumière rasante du coucher du soleil ? Vers quelque parcelle de terre suspendue on ne sait par quel miracle au-dessus des eaux boueuses du lac.

Et tandis que son moteur pétarade, puis disparaît mollement dans l'infini du lac, comme toute chose ici, qui invariablement, immuablement, sort un jour des eaux du lac pour y retourner et disparaître, notre frêle esquif s'enfonce encore entre les habitations du village.

Et comme elles semblent hautes toutes ces maisons, comme elles paraissent être comme des géants de bois et de tôle ondulée qui affrontent année après année les éléments, qui, la saison venue, quand la mousson transforme les eaux paisibles du lac en un torrent déchaîné, tremblent de tout leur corps sur leurs pieux de misère, s'accrochent de tout leur poids à une vie insensée, supendue au-dessus d'une force qui donne et reprend la vie aveuglément.

Puis quand les eaux se retirent, quand le ciel s'éclaircit en fin, que la douceur reprend le pas sur la fureur de la moisson, inlassablement les ouvriers agricoles retournent aux champs suspendus, plantent des pieux, recompactent la terre, tassent, et enfin sèment. La vie immuable du lac Inle et de ses habitants.

Avec le couchant, c'est un flamboiement de couleur brune qui repeint l'horizon, patine ces vieilles carcasses rafistolées chaque année après le passage de la mousson.

Et derrière nous, déjà plongées dans une ambiance crépusculaire, les maisons de maraîchers se dressent au milieu des cultures, solidement ancrées dans la vase du lac, et plantées tel des moulins dans la campagne birmane.

Une rue plus loin, l'alignement parfait des maisons sur l'horizon nous joue des tours, reflets si parfaits des silhouettes de bois qu'on ne sait de quel monde elles surgissent, de l'envers ou de l'endroit ?

Un maraîcher passe remettant soudain le monde dans un endroit de circonstance. Ses yeux légèrement bridés fixent mon objectif. Je l'observe un instant et envie sa façon de se tenir debout.

Je rêverais moi aussi de me tenir debout à l'extrémité de ma barque, de tendre mon pied en avant et de crocheter la rame pour la ramener aussitôt vers l'arrière et propulser ainsi ma barque entre les rues inondées du village.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 
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