Etape 188 - Mandalay
- Au sommet de la colline de Mandalay Hill
Jeudi 6 février 2020.
Pour ceux qui en sont capables, la montée à
Mandalay Hill est considérée comme une action méritoire.
Deux gigantesques chinthe (lions stylisés) gardent l'escalier
le plus important, au sud de la colline, surnommé le Chinthe
hnakaung atet (montée des deux chinthes).

La pente est douce, avec de nombreux
arrêts, particulièrement au dazaung (ou salle)
de l'ermite U Khanti, où étaient conservées
les « reliques de Peshawar ».

Ces trois fragments d'os de Gautama
Bouddha, extraits du stûpa funéraire du roi
Kanishka à Peshawar, ont été transférés
en Birmanie par les Britanniques en 1910 ; ils sont restés
dans le dazaung de l'ermite de 1923 à la fin de la Seconde
Guerre mondiale, où ils ont été mis
à l'abri dans un bâtiment au pied de la colline.

On quitte le dazaung d'U Khanti par
un passage souterrain bordé par les Hnakyeik shissu, les
28 Bouddhas des mondes passés et présents,
ou par une volée de marches raides à proximité.

Les escaliers sont bordés d'une
quantité d'étals où l'on vend des fleurs,
des éventails en papier, des petits drapeaux et des ombrelles
pour le Bouddha, ainsi que de la nourriture et des rafraîchissements
pour les visiteurs et les pèlerins.

Tous les dazaungs sont décorés
de frises, la plupart datant de la fin de la dynastie Konbaung
; une d'elles représente l'Awizi ngayè (l'enfer d'Avici,
niveau inférieur du Naraka, les enfers bouddhiques) avec
les plus sanglants détails.

Plus près du sommet, une
gigantesque statue, le Bouddha Shweyattaw (littéralement
: « debout ») ou Byadeippay (« prophétisant
») pointe sa main droite vers la ville.

Selon la légende, Bouddha
aurait visité l'endroit et prophétisé qu'en
l'an 2400 de l'ère bouddhique serait construite au pied de
la colline une grande cité où son enseignement s'épanouirait
(c'est l'origine de la fondation de Mandalay).

Une autre curiosité est la
« marque de la lance de Kyanzittha » : ce roi de Pagan,
mort en 1113, aurait traversé l'Irrawaddy en prenant appui
sur sa lance, comme au saut à la perche.

La dernière étape avant
la pagode Sutaungpyei complète la légende de Mandalay
: sur la terrasse méridionale d'un petit stûpa
se trouve la statue de l'ogresse Sanda Muhki qui, désireuse
d'offrir quelque chose au Bouddha, lui fit cadeau de ses seins.

Le Bouddha prophétisa que pour
cet acte d'extrême mérite, elle renaîtrait
sous la forme d'un grand roi qui construirait une ville au pied
de la colline : il s'agit de Mindon Min, qui posa en 1857 (2400
de l'ère bouddhique) les fondations de sa nouvelle capitale
à cet endroit.

À chaque coin de la terrasse,
on trouve un roi des ogres, accompagné de son armée
d'ogres miniatures, qui rend hommage au Bouddha.

D'autres sculptures placées
devant des statues du Bouddha représentent quelques-unes
de ses incarnations animales au cours de ses vies antérieures
(Jataka) : un lapin, un coq, un lézard, etc.

En mars 1945, vers la fin de
la campagne de Birmanie, la principale unité engagée
pour reprendre Mandalay fut la dix-neuvième division d'infanterie
indienne de la quatorzième armée britannique, commandée
par le major-général Thomas Wynford Rees, surnommé
par ses hommes « le Napoléon de poche ».

Les troupes japonaises s'étaient
retranchées sur la colline, dont les temples et pagodes
avaient été transformés en nids de mitrailleuses,
avec beaucoup d'hommes et de matériel.

L'autre point de résistance
était l'ancien palais royal, entouré de murailles
et de douves.

Le 9 mars, un bataillon de
gurkhas prit d'assaut la colline, combattant au corps à corps
toute la journée et toute la nuit, rejoint le lendemain
par deux compagnies d'un bataillon britannique.

Les Japonais résistèrent
héroïquement et les derniers défenseurs
durent être tués d'en haut, en leur faisant rouler
dessus des bidons de pétrole, enflammés ensuite avec
des balles traçantes.

Mandalay Hill ne tomba aux mains des
britanniques que le 11 mars. Ceux-ci bombardèrent
ensuite l'ancien palais royal à partir de cette position,
sans réussir à en déloger les troupes japonaises.

Il fallut recourir à
des bombardements aériens et l'admirable palais en teck partit
en fumée (il n'a jamais été déterminé
avec certitude si l'incendie avait été allumé
par ces attaques ou par les Japonais).








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