Etape 95 - Lakana
- Au coeur d'un village hors du temps
Mercredi 29 janvier 2020.
Je poursuis ma visite à Lakana, ce petit village
peuplé de Karens, perdu en plein milieu de la forêt
tropicale qui se dresse aux environs de Hpa-An.

Dans le village, la principale
activité est liée au petit artisanat qui permet à
ces familles d'avoir le minimum pour vivre, en plus bien sûr
de l'agriculture et de l'élevage qui demeure l'activité
principale des familles.

Pour compléter leurs revenus,
certaines femmes mettent du coeur à l'ouvrage.
Comme ici cette femme qui m'a ouvert gentiment sa porte pour me
montrer le travail de tissage qu'elle réalise.
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Combien d'argent
cette femme tirera-t-elle de son activité ? Pas
grand chose sans doute au regard des heures qu'elle passe
à tisser et à confectionner ces tapis de table
colorés... Je suppose que sa production sera
exposée dans une des quelques boutiques chics
de la ville où son travail est vendu à prix
d'or... |
A côté
de là, c'est un homme avec son enfant qui m'ouvre
à son tour sa porte. Et je finis bientôt par
comprendre que l'hospitalité n'est pas un vain mot
de ce côté-ci du monde. A aucun moment, aucun de ces
hommes ou de ces femmes ne me réclamera quelque chose en
retour. Je me sens désarmé face à
une telle gentillesse.

Longtemps encore le regard de cet enfant
assis sur les genoux de son père demeurera gravé dans
ma mémoire. Toute l'innocence et toute la simplicité
du monde sont ici rassemblées dans cette scène.

Depuis 2012, la situation des Karens
semble cependant s'améliorer peu à peu. Depuis
cette date en effet, des discussions ont été entamées
entre le gouvernement et les Karens du KNU.

Les Karens réclament avant tout
la reconnaissance de leur identité au sein d'un Etat
fédéral qui leur garantirait une certaine autonomie.
Ce que refuse encore le pouvoir.

Je quitte la maison de ce monsieur
si aimable et au bas de sa maison, je tombe nez à nez avec
cet homme à vélo. Celui-ci parcourt tous les
villages environnants de la jungle afin de vendre les glaces qu'il
transporte dans un sac réfrigéré.

Et une fois encore, j'ai droit
à un merveilleux sourire et à beaucoup d'attention.
Tout cela est si inattendu.

En 2012, un cessez-le-feu a
été décrété entre les rebelles
Karens et la junte militaire., mais en ocotobre 2014, les affrontements
ont, hélas, repris, obligeant quelque 2.000 personnes à
fuir le territoire de la Birmanie.

En tout, on compterait plus
de 140.000 Karens réfugiés dans la Thaïlande
voisine. Que deviendront alors ces enfants au sourire si
désarmant ?




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