Etape 153 - Bagan
- Coucher de soleil magique sur la plaine dorée
Lundi 3 février 2020.
Il y a des moments dans la vie qui s'apparentent à de vrais
moments de grâce. C'est ce qu'il s'est produit, ce
soir-là, sur la plaine de Bagan hérissée de
temples, lorsqu'une bergère a amené son troupeau au
pied de la forêt de monuments.

Sous les pas des sabots des maigres
vaches qu'elle emmenait brouter sur la plaine, la poussière
s'est soulevée créant aussitôt une atmosphère
quasi irréelle, d'une beauté inimaginable.
Face
à ce spectacle, je suis d'abord demeuré interdit,
admiratif devant tant de beauté, incapable de faire
quoi que ce fut, juste à contempler la beauté de ce
monde... Puis j'ai épaulé mon télé-objectif
pour prendre ces quelques scènes.

Une chance. La chance. Il me semble
que j'aurai pu passer cent ans au sommet de cette butte, sans jamais
pouvoir admirer un tel spectacle. Il fallait que cette jeune
bergère, absolument sublime dans sa posture, passe exactement
à cet instant, quand la lumière du couchant embrasait
effectivement la plaine de Bagan.

Tout le reste se passe de commentaires.
Il suffit juste de jeter un coup d'oeil sur cette série
de photos, qui, sont à mes yeux, certainement les plus belles
que j'ai pu réaliser au cours de mon voyage en Birmanie.

Du coup, je vais profiter de ce moment
de grâce pour poursuivre mon histoire de Bagan et
de ces dernières heures, quand la conquête mongole
fut complète, et mis à bas 300 ans de domnation mon
sur toute la Birmanie.

La capitale n'a jamais retrouvé
son ancienne proéminence, bien que de nombreuses
preuves de sa grandeur subsistent dans la plaine de Bagan.

Les bâtiments à colombages,
bien sûr, ont disparu depuis longtemps, et peut-être
un tiers de la ville d'origine a été emporté
par les inondations de l'Ayeyarwady. Pourtant, une enquête
récente a indiqué qu'il existe 2 217 monuments identifiables
et presque le même nombre de monticules de brique et de terre
qui ne peuvent pas être identifiés. Presque toutes
les structures survivantes sont en brique, bien que quelques-unes
soient en grès.

Deux grands types historiques de structures
architecturales se trouvent dans la zone archéologique de
Bagan. La pagode, ou stupa (en birman, on l'appelle zeidi
ou zedi) est l'un des principaux monuments bouddhistes.

Le terme Paya est
souvent également utilisé en anglais de manière
interchangeable avec pagode. À l'origine peut-être
un cairn, il est devenu un monument funéraire et a ensuite
acquis le symbolisme cosmique de la bouddhéité contenant
des reliques associées à Bouddha.

De nombreux zedis ont également
été construits pour honorer une personne notable,
ou même apporter un souvenir durable à une famille
importante.

Le zedi est une structure en brique
en forme de cloche (et souvent solide) posée sur
une base carrée ou octogonale; il s'élève
généralement à une pointe légèrement
effilée en métal doré et ornée de bijoux
surmontée d'un décor sacré en forme de parasol
(hti).

Bien que la maçonnerie soit
fine, les stupas étaient souvent recouverts de stuc
et ornés de fines sculptures. En plus des nombreux
stupas autoportants, il existe une variété de formes
de stupa aux coins de la plupart des temples.

Comme les fonds le permettaient, les
stupas originaux étaient souvent enfermés dans des
constructions plus grandes et plus élaborées.

L'autre forme architecturale majeure
qui subsiste à Bagan est le temple, ou pahto , qui
peut également prendre diverses formes.

Les temples ( gu ) ont été
inspirés par les grottes creusées dans la roche de
l'Inde bouddhiste. Ils étaient de plus grands bâtiments
à plusieurs étages dans lesquels on pouvait entrer.

Les temples étaient des
lieux de culte qui comprenaient des couloirs richement décorés
de fresques avec des sanctuaires sacrés et des images qui
pouvaient être adorées.

Contrairement aux arcs en encorbellement
d'Angkor, les temples de Bagan utilisaient largement à
la fois des voûtes en berceau et des arcs en ogive.

Les temples étaient souvent
construits autour d'un zediet comprenait une variété
d'autres bâtiments tels que des logements pour les moines
et des salles d'ordination et d'assemblée.

Le pahto est souvent une structure
carrée ou oblongue massivement construite avec des terrasses
extérieures représentant le mont Meru, la maison symbolique
des dieux, et entourée d'un mur épais pour
séparer son royaume du sacré du monde extérieur.

Il existe encore plus de 2.200
monuments dans la plaine de Bagan, et il en reste un nombre égal
de ruines - de simples piles de briques ou d'autres preuves de structures
passées.

Les tremblements de terre, les
inondations et les invasions ont détruit une grande partie,
en particulier la partie supérieure des temples et des stupas.

Mais de nombreux monuments existants
ont été tellement remodelés, mis à
jour, repeints et «embellis» au fil des ans qu'une grande
partie de leur caractère original a été perdu.

Les «initiés» et
les «étrangers» sont également impliqués
depuis longtemps dans le pillage systématique des artefacts
et des trésors.

Les aventuriers et archéologues
occidentaux dans la dernière partie du XIXe siècle
ont enlevé beaucoup de statues, fresques et autres antiquités
dans les musées pour les exposer au public, bien
qu'une grande partie soit "stockée" ou
ait été détruite pendant les guerres du XXe
siècle en Europe.

Même si le gouvernement du Myanmar
a interdit l'exportation d'antiquités, des éléments
importants continuent de disparaître entre les mains de riches
collectionneurs privés - un destin tragique qui
est arrivé à de nombreux sites architecturaux historiques.

Sa candidature au statut de site du
patrimoine mondial pourrait s'avérer à la fois une
bénédiction et une malédiction. Plus
de visiteurs pourraient apporter les revenus nécessaires
à la région, mais cela pourrait également augmenter
la commercialisation.














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