Etape 85 - Hpa-An
- Entre les dents des montagnes karstiques
Mardi 28 janvier 2020.
Arrivé enfin au sommet de la pagode qui surplombe
la montagne renfermant la grotte de Kow Gon, on a une vue
absolument époustouflante sur le plateau karstique de la
région d'Hpa-An.

Trois immenses dents constituées
d'une roche plus dure ont survécu à l'érosion
et se dresse au milieu du plateau. Entourées de rizières
et de quelques bouquets d'arbres parsemés ici et là,
elles forment un paysage d'une beauté renversante.

Ces formations karstiques sont étrangement
quasi invisibles depuis l'entrée de la grotte, mais une fois
au sommet, le regard est littéralement happé par ce
spectacle d'une grande beauté.

De l'autre côté,
le plateau érodé par des milliers d'années
de pluies et d'effondrements provoqués par l'érosion
des eaux acides semble se dérouler jusqu'à
perte de vue.

En décalant un peu le champ
d'une des trois dents karstiques du paysage, j'essaie de montrer
le contraste saisissant qui existe entre les deux formations
géologiques. On comprend alors combien la terre est vivante,
sujette aux forces des éléments naturels.

Mais de ces formations qui
ont survécu à des années de pluies acides,
il émane un sentiment étrange de puissance
des éléments.

Au sommet d'une autre formation, un
panache de fumée blanche s'élève de la roche
blanchie et mise à nue par ce qui semble être une coulée
de boue. Puis en observant bien, on distingue un
chemin taillé à flanc de montagne, et je suppose que
cela doit être là, peut-être le panache de poussière
soulevé par quelque machine d'extraction. Comment
savoir ?

Une chose est sûre, cette partie-là
du plateau semble avoir été épargnée
par la culture intensive du riz. Des pans entiers de la forêt
tropicale subsistent.
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Au bas de la
montagne, des rizières inondées reflètent
la cime des arbres qui les entourent tandis que du sommet
de la formation karstique s'élève encore un
panache de fumée blanche. |
En en
pointant mon téléobjectif en direction de
la ville et en zoomant au maximum, je peux distinguer le pont métallique
lancé entre les deux rives du fleuve Salouen. Sa
carcasse massive s'élève au-dessus des eaux. Sa
silhouette d'acier s'extraie péniblement de la brume humide
qui recouvre l'horizon.

En dézoomant un peu, on comprend
que Hpa-An est directement lové au coeur d'un immense
écrin de verdure et que l'agriculture traditionnelle de la
culture du riz demeure encore sa première source d'activités.

Plus près, j'aime à observer
ces rizières justement qui étendent leurs
parcelles irriguées jusqu'au pied des formations karstiques.
Ce paysage unique tient avant tout de la volonté
des hommes, de leur capacité à dompter la nature.

A deux pas de là, en
bordure de la Salouen, quelques exploitations agricoles émergent
ici et là d'un bouquet d'arbres tropicaux sauvés de
la déforestation massive, qui, hélas, touche
également la Birmanie.

Mais je ne peux me détacher
longtemps de la figure sensuelle et touchante de ces pics
montagneux qui semblent avoir littéralement surgi des entrailles
de la terre. De leur silhouettes massives, il émane
un sentiment de puissance qui a dû longtemps fasciner
les habitants de la région.

Plus près, de l'autre côté
du plateau, à deux pas de l'entrée de la grotte, c'est
un monastère bouddhiste qui se dresse au milieu de
la campagne. Son temple et ses stûpas dorés se confondent
avec la lumière blonde du soleil.





La journée est déjà
bien avancée. Il faut maintenant gagner les deux dernières
grottes que nous allons visiter aujourd'hui. Un instant,
je demande à mon chauffeur de m'arrêter pour faire
une photo de ces rizières inondées.



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