Etape
95 - Acropole d'Athènes - Les autres monuments du sanctuaire
Dimanche 11 juillet 2021. Passé
les Propylées, le temple d'Athéna et l'Érechthéion,
il ne reste pas grand chose des autres temples et monuments
qui se dressaient du temps de la splendeur d'Athènes. Je
vais donc repidement en faire le tour et reprendre mon histoire
de l'Acropole à la sortie de la période archaïque,
et avant la première destruction par les armées perses
lors de la deuxième guerre médique.

Après quelques statues en marbre
du Pentélique ou de l'Hymette (Moscophore) puis de
Naxos, très vite, le matériau de prédilection
(hormis le bronze) pour les statues fut le marbre de Paros.

Les plus célèbres sont
les korai, statues peintes de jeune fille, au sourire caractéristique,
debout, habillée d'un péplos d'abord, puis d'un chiton
et himation ensuite, les pieds d'abord joints puis un peu écartés
comme pour un petit pas en avant (pour perdre surtout l'aspect
figé de la colonne), une main le long de la cuisse,
l'autre portant une offrande (celle-ci a le plus souvent
disparu car cassée).

Il est difficile de savoir
si ces korai représentaient la déesse Athéna
(dont korè était un des qualificatifs dans les dédicaces),
la dédicante elle-même ou une des ergastines (jeunes
filles chargées de tisser le péplos ornant la statue
d'Athénas Polias) qui pouvait aussi être la dédicante.

Les statues masculines archaïques
en marbre sont plus rarement du type kouros comme ailleurs
en Grèce à la même époque. Il
s'agit souvent de variantes sur ce type : Moschophore, Éphèbe
de Critios ou Cavalier Rampin.

Enfin, des statues archaïques
de la déesse Athéna ont subsisté.
L'Athéna assise d'Endoios a eu un destin particulier puisqu'elle
n'a pas été conservée grâce au
« Perserschutt » : elle est décrite par Pausanias
; elle était donc encore exposée au IIe siècle
apr. J.-C.

Elle est très abîmée
car elle est restée en plein air près de 1
000 ans avant de subir une chute qui lui a fait perdre tête
et bras.

L’Athéna Angelitos ou
Athéna d'Évènôr marque avec l’Éphèbe
de Critios la fin du style archaïque de sculpture (tous deux
sont datés des alentours de 480 av. J.-C.).

Athéna était souvent
accompagnée de Niké. La statue la plus célèbre
en était la Niké de Callimaque dédiée
juste après la victoire de Marathon (490 av. J.-C.) sur laquelle
les Perses s'acharnèrent lors de leur prise de l'Acropole
en 480 av. J.-C

La victoire de Marathon, au cours de
la première guerre médique fit l'objet
de nombreuses célébrations et commémorations.
Il semble probable que ce fut à cette occasion que la construction
d'un bâtiment en l'honneur d'Athéna sur l'Acropole
fut décidée.

Les travaux de Ludwig Ross au milieu
des années 1830 ont mis au jour, sous le Parthénon
actuel ce qu'il est coutume d'appeler depuis le Préparthénon.
Cet immense ancêtre était construit sur une
plate-forme révélée par Kavvadias
dans les années 1880. Pour la créer, il a
fallu araser le plateau au nord et remblayer la zone au sud (parfois
sur près de 11 m de haut).

Au total, ces travaux nécessitèrent
8 000 m3 de blocs de pôros pesant en moyenne 2 tonnes. Pour
les monter sur l'acropole, il fallut aussi détruire une partie
du rempart cyclopéen. Il n'existe pas ailleurs dans
le monde grec d'exemple de fondations si colossales.

Cette plateforme mesurait 2.203
m2 pour accueillir un bâtiment de 1.570 m2. Aussi
certains archéologues suivant Dörpfeld veulent
voir dans cette plateforme la base d'un temple similaire à
l'Olympiéion décidé lui aussi par les Pisistratides.

À la chute de la tyrannie,
le projet n'aurait été tout à fait abandonné,
puisque Clisthène, afin de ne pas créer de problèmes
économiques et sociaux en mettant les ouvriers au chômage,
aurait décidé la construction d'un temple en l'honneur
d'Athéna Polias.

Ce temple en pôros aurait
mesuré 75 m de long pour 29,60 m de large. Il aurait
été hexastyle (6 colonnes en façade
et 14 par côté). La victoire de Marathon aurait
à nouveau modifié le projet amenant à
celui du Préparthénon en marbre du Pentélique,
toujours hexastyle, moins grand (66,88 m de long pour 23,47 m de
large) mais paraissant plus allongé (6 sur 16 colonnes).

Il aurait eu deux salles (comme son
successeur) : un « hécatompédos néôs
» à l'est et un « parthénon » à
l'ouest. Si l'ensemble est dorique, certains détails
de l'ordre ionique firent leur apparition : les trois degrés
de la crépis (canon dorique) sont ornés d'une feuillure
(canon ionique).

Le chantier s'arrêta
peut-être vers 483 av. J.-C. quand Thémistocle aurait
réussi à convaincre ses concitoyens que la construction
d'une flotte de guerre était plus urgente. Les orthostates
avaient été posés ainsi que les premiers
tambours (dans certains cas les trois premiers).

Au début de 480 av.
J.-C. commença la seconde guerre médique. Xerxès
avait décidé de faire d'Athènes un exemple.
La population de la cité hésita sur la marche à
suivre. L'oracle de Delphes fut consulté et comme souvent,
il fut ambigu.

Les « remparts de bois »
qu'il évoquait furent interprétés par
Thémistocle et une partie des Athéniens comme la flotte
de guerre ; pour une autre partie, il se serait agi des
murs de bois qui complétaient aux temps passés les
anciennes murailles de l'Acropole.

Un nouveau signe fut la disparition
du serpent sacré d'Athéna, nourri dans son temple
: la déesse elle-même aurait abandonné l'Acropole.
La majorité de la population évacua la cité,
en emportant le xoanon d'Athéna Polias.

Ceux qui persistaient dans leur interprétation,
ainsi que les vieillards et malades intransportables se
réfugièrent dans l'Acropole. Cependant, ce
n'était plus la forteresse qu'elle avait été
: une partie des remparts avaient été rasée
sur le versant sud ainsi qu'au niveau du propylon.

Les Athéniens qui s'étaient
réfugiés sur le rocher tentèrent de le fortifier
tant bien que mal avec tout le bois qu'ils trouvèrent dans
la ville, se convaincant définitivement de leur interprétation
des « remparts de bois ».

Lorsqu'en septembre les troupes
de Xerxès donnèrent l'assaut, elles rencontrèrent
une forte résistance. Les archers perses, depuis l'Aréopage
tirèrent des flèches enflammées sur les portes
de bois du propylon qui finirent par céder. Les
pourparlers des Pisistratides, qui accompagnaient les Mèdes,
échouèrent.

Les assiégés repoussèrent
un premier assaut en lançant les tambours des colonnes du
Préparthénon sur les assaillants. En fait,
cette manœuvre avait détourné l'attention des
défenseurs : un commando perse escalada la face est.
Les assiégés paniquèrent : une partie se jeta
dans le vide, une autre se réfugia dans le temple.

Mais, les Perses n'étaient pas
des Grecs considérant qu'un sanctuaire donnait l'asylie.
De toutes façons, la statue de la déesse en était
partie, faisant disparaître la protection. Ils furent tous
massacrés. Le sanctuaire fut pillé et saccagé.
Les bâtiments furent incendiés : une fois la structure
de bois détruite, le reste s'effondrait. Les statues furent
jetées au bas de leur base.



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