Etape
49 - Messène - A l'origine de la révolte des Hilotes
Jeudi 8 juillet 2021. Ce site magnifique
se trouve dans une vallée sereine, entourée
par les montagnes arcadiennes d'un côté et la mer Méditerranée
de l'autre ; un cadre vraiment spectaculaire.

Le voyageur et géographe grec
ancien Pausanias décrit la ville en détail dans ses
écrits anciens, où il devient évident qu'il
aimait Messène.

Il décrit des bâtiments
publics tels que des théâtres, des sanctuaires,
des temples, des statues, un gymnase, des sources et une agora qui
accueillaient des rassemblements politiques et d'autres événements
de la vie quotidienne.

Messène a été
conçu et construit dans le respect du style hippodamien
. Hippodamus était un ancien architecte et urbaniste grec
et a été reconnu comme l'inventeur de l'urbanisme
formel.

Il est à l'origine du
concept de façonner une ville en grilles rectangulaires symétriques.

À l'époque, c'était
une idée pionnière, car les villes ressemblaient
généralement plus à des labyrinthes pour rendre
la navigation plus difficile pour les envahisseurs étrangers.

Hippodamus désignerait des zones
du centre de la ville pour servir d'espaces publics sacrés,
puis construirait autour d'elles, de manière systématique
et organisée, au lieu de choisir ces zones au hasard.

Fondamentalement, Hippodamus
placerait toute la vie publique en premier : bâtiments gouvernementaux,
agoras, théâtres et sanctuaires au centre de la ville,
puis l'entourerait d'un réseau de rues privées.

Il s'agit de la forme la plus
ancienne de la pratique que nous connaissons aujourd'hui sous le
nom de « zonage ».

Dès que vous mettez le pied
dans la ville par la porte Archadian , vous remarquerez
la symétrie de style Hippodamus, qui ajoute certainement
à la grandeur de la ville.

Messénie, avec ses châteaux
médiévaux et sa vaste histoire, est l'une des plus
belles destinations du Péloponnèse.

Mais la cité de Messène
demeure étroitement liée à l'histoire
des Hilotes, ce peuple grec asservi par les Spartiates pendant plus
de 400 ans, puis rendus à la liberté par les Athéniens,
qui jouèrent ensuite un rôle dans la guerre du Péloponèse,
entre les deux cités.

Dans la Grèce antique,
les Hilotes ou Ilotes sont une population autochtone de Laconie
et de Messénie asservie aux Spartiates, qu'ils font vivre.

Leur statut s'apparente à
celui des serfs du Moyen Âge : attachés à la
terre, ils sont la propriété de l'État lacédémonien.

Ils ne sont donc pas des esclaves-marchandises,
qui existent par ailleurs mais qui sont plutôt rares. L'hilotisme
se rencontre également dans d'autres sociétés
grecques, comme la Thessalie, la Crète ou la Sicile.

Il est certain qu'une partie de l'hilotisme
est issu de la conquête : c'est le cas des Messéniens,
réduits au viiie siècle av. J.-C. par les guerres
de Messénie. Hérodote, d'ailleurs, appelle les hilotes
« Messéniens ».

Pour ce qui est des premiers hilotes,
la situation est moins claire. Selon la tradition (Théopompe),
ils seraient les descendants des habitants initiaux,

Des Achéens, que l'arrivée
des Doriens a soumis. Mais tous les Achéens n'ont pas été
réduits à l'hilotisme : ainsi, la ville d'Amyclées,
théâtre des Hyacinthies, jouit d'un statut privilégié.

D'autres auteurs antiques proposent
des théories alternatives : selon Antiochos de Syracuse,
les hilotes sont à l'origine les Lacédémoniens
qui n'ont pas participé aux guerres de Messénie.

Pour Éphore de Cumes, ce
sont des périèques de Hélos, révoltés
puis réduits à l'esclavage. L'historiographie moderne
privilégie la thèse d'Antiochos de Syracuse.

Le statut juridique des hilotes est
complexe. Ils ne sont pas libres et ne possèdent
aucun droit politique : ils sont donc comparables de ce fait aux
esclaves-marchandises, auxquels le reste de la Grèce recourt
abondamment.

Au reste, nombreux sont les auteurs
antiques, Grecs ou Romains, qui appellent simplement douloi
ou servi les hilotes, sans se montrer toujours bien conscients de
leur statut particulier. En effet, les hilotes sont attachés
à une terre, ce qui les rapproche du serf médiéval.

En théorie, ils appartiennent
à l'État et sont attachés à un lot de
terre. Le citoyen à qui ce kleros est dévolu
ne peut ni affranchir les hilotes qui y sont attachés, ni
les vendre à l'étranger.

Néanmoins, il existe une forme
de propriété individuelle : les citoyens se
prêtent entre eux les hilotes pour dépanner, par exemple
à la chasse, au même titre qu'on se prêterait
chiens ou chevaux — « pour ainsi dire comme des biens
propres », comme le dit Aristote. On peut dire que
la cité a la nue-propriété des hilotes, tandis
que le citoyen en a l'usufruit.



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