Etape
36 - Cité de Mystra - Au coeur du Métropole
Mercredi 7 juillet 2021. Je mets
un instant entre parenthèse mon histoire de Mystra pour revenir
au cours de ma visite, car j'atteints maintenant l'un des
bâtiments les mieux conservés du site : le Métropole.

L'ensemble des bâtiments qui
forment la métropole se situe le long de la paroi
intérieure de l'enceinte de la ville basse. Deux entrées
mènent à l'intérieur de l'édifice :
la première et la plus ancienne mène au gynaikonitis,
ou galerie des femmes ; une autre se situe dans la rue qui longe
le bâtiment sur sa façade sud.

Une inscription qui dédie
l'édifice à Nicéphore, proèdre de Crète
et métropolite de Lacédémone, permet de dater
le bâtiment de 1291-1292.

Une autre inscription, sur
le linteau de l'entrée principale, invite le lecteur à
se souvenir de Nicéphore, fondateur de l'église.

Un troisième rappel de l'œuvre
du métropolite est gravé dans la première
colonne à droite en entrant dans l'édifice et daterait
de 1311-1312. Cette inscription précise que Nicéphore
est le fondateur de l'église, qu'il restaura des moulins
à Magoula, fit planter des oliviers et acheta les maisons
près de l'église qui appartenaient à un certain
Eugène le Chartophylax (plus tard évêque d'Amyclées).

L'inscription s'achève sur une
mise en garde envers quiconque chercherait à s'approprier
les biens de l'église au risque de s'attirer les foudres
des 318 Pères et de Nicéphore lui-même. Nicéphore
serait Nicéphore Moschopoulos, métropolite de Crète,
puis de Lacédémone vers 1286-1289 jusqu'en 1315.

Cependant, Nicéphore n'est sans
doute pas le fondateur des tout premiers bâtiments et n'aurait
fait construire lui-même que le narthex. L'église
aurait été fondée par Eugène, évoqué
précédemment, entre 1263 et 1272 ; les peintures semblent
relatives à un autre évêque, Théodore,
et dateraient de 1272 environ.

La métropole est un mélange
de deux types architecturaux : un plan basilical et un plan
en croix avec dômes.

L'église fondée par Nicéphore
est de type basilical. Cette basilique, dédiée
à Saint Démétrios, est divisée en trois
nefs par deux rangées de trois colonnes, la nef centrale
étant beaucoup plus haute que les deux autres.

Au xve siècle, Mathieu, évêque
de Lacédémone, adopte pour la métropole
le plan de la Pantanassa ou de l’Hodighitria, et fait enlever
le toit pour y ajouter un étage et cinq dômes.

L'édifice conserve son
plan basilical au premier niveau et est doté d'un plan en
croix à l'étage.

Cette combinaison, inhabituelle
dans l'art byzantin, est présente à deux reprises
à Mistra : dans la métropole et l'Hodighitria.

Cependant, concernant la métropole,
ces modifications architecturales ne sont pas sans impact
sur les fresques qui composent le premier niveau.

Le toit ayant été enlevé,
les personnages de la vie du Christ dépeints sur les murs
sont décapités. Mathieu a laissé une trace
de ses modifications sur la corniche ouest où l'on peut lire
Mathieu, évêque de Lacédémone, fondateur.

Depuis l'extérieur du bâtiment,
on peut voir les différences de style, en particulier
sur la façade est, dont les absides datent de la première
période.

Le style est caractéristique
de l'école helladique, à partir de la seconde
moitié du Xe siècle, avec ses pierres entourées
par une rangée de briques, et est même considéré
comme un de ses plus beaux exemples. Au contraire, les ajouts du
XVe siècle montrent l'influence de Constantinople.

En 1754, une cour fut ajoutée
au nord de l'édifice par l'évêque Ananias, le
même qui fut tué par les Turcs en 1760 devant l'église.

Concernant les sculptures, il
est difficile de repérer une unité de style ou d'époque,
la plupart des sculptures provenant d'ailleurs et simplement réemployées
ici.

Ainsi, les quatre chapiteaux de colonnes
les plus à l'ouest sont du début de l'ère
chrétienne, avec des motifs floraux, alors que les deux autres
colonnes ne sont que des imitations plus tardives.

Sur le mur externe sud, une
frise comporte des éléments de périodes et
de styles différents semblant provenir, au moins en partie,
de l'ancienne église de Sparte.

Les peintures datant des dernières
décennies du XIIIe siècle à la première
moitié du XIVe siècle sont, quant à elles,
riches en techniques et styles artistiques.

Il semble qu'il n'y ait pas
eu de programme établi par avance concernant les différentes
fresques.

La métropole étant dédiée
à Saint Démétrios, la plus grande partie de
l'aile nord dépeint la vie et le martyre du saint, transpercé
de lances.

Ces fresques montrent l'influence
de l'école byzantine, alors que les fresques de l'aile droite
utilisent plutôt les techniques du xive siècle de l'école
macédonienne.



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