Etape
83 - Delphes - L'oracle d'Apollon Pythien et la divination
Samedi 10 juillet 2021. Apollon
lui-même aurait fondé le sanctuaire de Delphes
après avoir construit le temple de Délos.

Le temple était alors gardé
par un serpent nommé « Python », fils de Gaïa
(la Terre) et gardien d'un oracle consacré à Gaïa.

Apollon, désireux d'établir
un oracle pour guider les hommes, tua Python (il le laissa pourrir
au soleil par la suite) avec son arc et s'appropria l'oracle.

Dans certaines versions du mythe, il
est dit que Python avait été envoyé par Héra,
exaspérée des adultères de son époux
Zeus, afin de chasser Léto enceinte d'Apollon et Artemis.

Ce mythe justifie alors en partie,
la raison pour laquelle Apollon tua Python. Pour faire venir
ses prêtres, il détourna un bateau crétois.

Ce mythe, qui fait d'Apollon Pythien
un conquérant fondateur, explique son patronage de
la fondation de colonies grecques et l'expansion de son culte dans
l'ensemble des colonies. Il place aussi l'oracle au cœur du
sanctuaire.

Selon une autre tradition, que suit
Eschyle et dont la musique a été gravée
sur un mur du Trésor des Athéniens à Delphes,
l'oracle a d'abord été celui de la Terre, puis celui
de divinités féminines successives pour être
enfin transmis à Apollon.

Le sanctuaire de Delphes, en effet,
est « oraculaire » : la parole du dieu y est
transmise aux hommes par l'intermédiaire de la Pythie, dont
la tradition antique fait une jeune vierge inculte, installée
sur un trépied sacrificiel placé dans une fosse oraculaire,
l'adyton, juste au-dessus d'une fissure d'où les Anciens
pensaient qu'émanaient des vapeurs toxiques...

La Pythie tient une branche
de laurier, l'arbre du dieu Apollon, et une phiale, récipient
plat dépourvu d'anses, servant aux libations.

La consultation de l'oracle était
au départ annuelle : elle avait lieu le sept du mois
Byzios (février-mars), jour de la fête d'Apollon.

Elle se fit ensuite le sept
de chaque mois durant la période de neuf mois où Apollon
était censé occuper le site : ce jour fut
nommé polyphthoos « jour où l'on offre
de multiples gâteaux sacrés »).

Des rites précédaient
la consultation : ils étaient accomplis en fonction
de la prophétesse et requéraient la présence
de deux prêtres.

Ces derniers exerçaient
leur charge à vie et étaient secondés par cinq
hosioi qui maintenaient le culte, et deux prophètes.

L'un de ces derniers assistait
la Pythie, notamment en traduisant ses paroles afin que l’oracle
rendu soit compréhensible. Les réponses du
dieu étaient transmises en prose, et en vers sous
forme d’hexamètres.

Dans le détail, on ignore
si la Pythie était visible, aucun témoignage digne
de confiance n'étant explicite sur la question.

La tradition la plus courante rapporte
cependant que la Pythie aurait été cachée par
un voile et que le consultant ne pouvait la voir.

L'historiographie moderne a cherché,
à la suite de la tradition antique probablement d'origine
delphique, à expliquer les transes et les paroles incompréhensibles
prêtées à la Pythie lors des séances
de l'oracle.

L'explication qui en a longtemps été
donnée était l'inhalation par la prophétesse
de vapeurs s'échappant des entrailles de la terre (cause
physique) ; au XXe siècle, les spécialistes
étaient nombreux à considérer une telle
explication comme fausse, en se basant sur les
fouilles des soubassements du temple d'Apollon menées par
l'École française d'Athènes, car aucune fissure
n'a été trouvée et la nature du sol est de
schiste.

Or, en 2001, des fouilles menées
par Jelle de Boer de la Wesleyan University ont montré
que le marbre travertin formant les murs de l'adyton contient des
résidus de méthane et d'éthane, deux composés
gazeux qui proviennent probablement du calcaire bitumineux contenu
dans les fondements du site.

Cela indique que l'adyton était
rempli de gaz dans le passé. En outre, dans les sources voisines,
on a trouvé de l'éthylène, un gaz de la même
famille.

Il est certain que le déroulement
même de l'oracle dut subir des changements notables au fil
du temps.

Parmi les témoins les plus proches,
Plutarque, qui a été prêtre d'Apollon
à Delphes, a transmis de nombreuses considérations
sur le culte : il relate qu'à son époque (au
Ier siècle) une unique Pythie ne recevait plus qu'une fois
par mois alors que trois prophétesses devaient se relayer
dans le passé.

Dans un autre sanctuaire d’Apollon,
l'oracle se passait mentalement : celui qui venait consulter l'oracle
conversait seul avec le dieu et recevait les réponses à
ses questions directement dans son esprit (ce qui autorisait une
plus libre interprétation).

Il n’y avait pas d’oracle
en l'absence d'Apollon, et de nombreux fidèles attendaient
son retour. Dès lors, la « promantie »
(ordre de passage déterminé par les prêtres)
fut instaurée.

Des cadeaux étaient faits à
la divinité, puis les prêtres jetaient des
gouttes d’eau sur une chèvre qui, si elle ne tremblait
pas, faisait perdre son tour au pèlerin. Ce dernier, en cas
d'acceptation, entrait dans l'adyton où il pouvait poser
sa question : celle-ci entraînait une réponse de la
Pythie ou non, selon la volonté du dieu.



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