Etape
2 - Grèce - Au grand théâtre antique d'Epidaure
Lundi 5 juillet 2021. Et bien voilà,
après deux bonnes heures de route depuis l'aéroport
d'Athènes et une vue à couper le souffle sur
les côtes du Péloponèse, me voici arrivé
au centre du grand théâtre antique d'Epidaure !

Alors autant le dire tout de suite,
et pour le reste de mon aventure en Grèce, je bénéficie
d'une chance inouïe. A cause du Covid, des premiers
pas du pass sanitaire européen et de l'hésitation
du tourisme de masse... Je suis quasiment seul pour visiter les
sites historiques de la Grèce antique.

Une véritable visite ministérielle
! Voire présidentielle ! Et sans doute mieux encore, car
il doit y avoir des centaines de personnes de la sécurité
pour encadrer le président... Ici, personne ! Si
nous sommes dix pour visiter le grand théâtre antique,
c'est bien le bout du monde. D'habitude, ce site attire des illiers
de touristes chaque jour. Aujourd'hui, personne. Tant mieux
pour moi et pour mes photos !

Pour accéder au site, il faut
remonter un large chemin qui conduit directement, sur la
droite, aux premières travées du théâtre.
Sur la gauche, se trouve le sanctuaire d'Asklépios.
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Me voici donc
devant le grand portique qui marquait l'entrée
du théâtre. Un lieu incontournable dans la Grèce
antique, puis sous la domination romaine. A la fois,
grandiose et magique. |
Magifique !
Rien d'autre à dire (superbe, grandiose, fantastique,
colossal, iraient tout aussi bien aussi !)

Pratiquement intact, le théâtre
antique d'Epidaure s'ouvre sur un paysage superbe.

En 1829, les membres français
de l'expédition scientifique de Morée, chargés
d'inventorier le patrimoine archéologique grec, ont retrouvé
le théâtre qui avait presque totalement disparu sous
une couverture de pins et d'oliviers.

C'est sans aucun doute cette
protection naturelle qui lui a permis de se conserver aussi bien
et d'avoir échappé au pillage de ses pierres.

Considéré comme le
plus parfait de l'antiquité, il présente
une harmonie architecturale sans pareille.

Le théâtre antique
d'Epidaure a pourtant été construit en deux temps,
à deux siècles d'intervalle.

Au premier acte, il fut élevé
ici par Polyclète le Jeune au IVe siècle avant J.C.,
puis au deuxième acte, les 21 rangées supérieures
ont été rajoutées à la période
héllenistique doublant ainsi sa capacité pour atteindre
12.000 places assises.

Acoustique extraordinaire... D'ordinaire,
les guides demandent généralement à leurs ouailles
de se disperser sur les gradins et font leur blabla sur le point
situé au centre même de la scène !

A n'importe quel endroit, jusqu'en
haut du théâtre, la voix parvient avec une clarté
stupéfiante.

D'ordinaire, il ne faut pas essayer
de tester cette acoustique en haussant la voix ou en poussant
la chansonnette sous peine de coup de sifflet de rappel de la part
des gardiens du site...

Mais aujourd'hui, la place est libre.
Et sous la grosse canicule qui tombe sur la Grèce, les gardiens
se sont réfugiés à l'ombre des gradins...

Du coup, un couple d'Anglais
en profite pour déclamer quelques vers de Shakespeare que
je suppose être Hamlet. Pas mal...

Et après quelques minutes d'hésitation,
je m'y mets à mon tour et déclame quelques vers d'Andromaque,
de Jean Racine... "Songe, songe Céphise
à cette nuit cruelle qui fut pour tout un peuple une nuit
éternelle... Et figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants
marchant sur les cendres de ce palais brûlant..."

Une petite prestation qui me vaut quelques
maigres applaudissements ! On ne s'improvise pas acteur aussi facilement
!

Phénomène acoustique
que celle des théâtres grecs ! Et pourtant
si simple...

Les gradins laissent le son
se propager en droite ligne, de la scène vers chaque spectateur,
sans asource de réverbération (d'où la limpidité
des voix, tout en atténuant les basses fréquences
audibles (le bruissement des arbres ou le brouhaha des spectateurs).

Des cavités (en l'occurrence
des amphores vides) placées sous les sièges réamplifient
un son forcéement atténué par la démesure
des lieux.

Le seul "écho"
audible est une sorte de "retour son" renvoyé par
les gradins vers la scène.






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