Etape
80 - Hosios Loukas - La crypte et les peintures murales du Catholicon
Samedi 10 juillet 2021. Avant de
quitter le monastère d'Hosios Loukas, je ne veux
pas manquer de visiter la crypte du Catholicon.

En raison de la déclivité
du terrain vers le sud, une crypte souterraine a été
aménagée au moment de la construction du catholicon
de saint Luc, de manière à avoir le plancher au même
niveau que celui de l’église de la Vierge.

Cet espace cruciforme et voûté
a servi de chapelle funéraire pour les tombes
de saint Luc et de diverses personnalités locales
; on y célébrait les commémoraisons des moines
défunts.

C’est aussi dans la crypte que
les pèlerins attendaient du saint thaumaturge la guérison
de leurs maux : la Vie de saint Luc le Steirite atteste
l’usage dans cette crypte de pratiques telles que l’incubation.
Cette crypte fut consacrée à sainte Barbe.

Le très dense et très
riche décor de peintures murales, qui couvre les arcs, voûtes
et voûtes d’arêtes, comporte plusieurs
dizaines de médaillons représentant les douze apôtres,
des saints et des moines.

On peut y voir aussi onze scènes
peintes sur les parois verticales, parmi lesquelles neuf ont été
conservées bien qu’endommagées.

Elles figurent, entre autres,
l’Incrédulité de Thomas, la Crucifixion, l’Assomption,
la Descente de croix et la Mise au tombeau.

Ces peintures peuvent être datées
du premier quart du XIe siècle.

Sur la paroi nord, la scène
de l’entrée de Jésus à Jérusalem
est traitée avec toute la sobriété qui caractérise
le style iconographique et la composition de l’art byzantin
des Xe et XIe siècles.

Au centre, Jésus monté
sur un âne, est suivi d’un jeune disciple, probablement
Philippe, vêtu d'un himation sous lequel on aperçoit
le balancement des plis de son chiton.

À l’arrière-plan,
un décor stylisé de montagne avec des rameaux
éparpillés apporte une humble note végétale.

À droite, devant la
porte de Jérusalem, quatre dignitaires officiels accueillent
le Christ, le plus âgé tendant une palme en sa direction.

Un enfant étend au sol un
vêtement rouge sur le passage de l’âne, tandis
qu’un autre a grimpé sur le tronc d’un palmier
pour mieux observer la scène.

Les couleurs sobres et harmonieuses,
le petit nombre de personnages, le mouvement lent et cérémonieux
de la scène traitée dans la tonalité grave
que soulignent l’intensité des regards concourent à
suggérer la joie vibrante des âmes.

Deux autres peintures murales complètent
le cycle iconographique de la Passion du Christ
: sur la paroi Est, la Descente de croix est l’une
des représentations les plus belles de la crypte.

La grande croix sombre se détache,
au centre, sur un ciel de nuit bleu foncé qui ajoute
au caractère dramatique de la scène.

A droite, saint Jean demeure
éploré, tandis que Nicodème se penche pour
retirer les clous des pieds du Christ.

À gauche, Joseph d'Arimathie
est encore sur l’échelle qui lui a permis de descendre
le corps de Jésus, qu’il tient dans ses bras.

À ses côtés,
la Vierge retient la main de son fils.

Comme dans la représentation
de la Mise au tombeau, sur la paroi sud, une riche palette de nuances
chromatiques accompagne la narration tout en retenue des événements.

Retour au Catholicon. Parmi les peintures
murales les plus remarquables, on notera la décoration
très dense de la chapelle du rez-de-chaussée,
dans l’angle sud-ouest, où figurent dans des
médaillons des martyrs et des saints entre de beaux motifs
géométriques et floraux couvrant toute la surface
des arcades et des voûtes d’arêtes.

Les saints Serge et Bacchus
de Rasafa, et saint Nicétas le Patrice, représentés
de face et en pied, se détachent sur un fond ocre
chaud qui imite le fond or des mosaïques ; un encadrement sombre
les met en valeur.

Revêtus de riches habits de cour
avec des bandes d’or — les paragaudes du costume byzantin
—, cousues sur la tunique blanche, ils portent une
ceinture de pierres précieuses à la taille, et une
agrafe de grande valeur retient leur chasuble sur l’épaule
droite ; ils se présentent en martyrs, tenant de la main
droite une croix sur la poitrine et de l’autre faisant un
geste d’imploration.

La dignité des personnages est
illuminée d’une lumière surnaturelle par l’auréole,
peinte dans des tons dégradés de bleu, qui entoure
leur visage.

Dans cette même chapelle, on
trouve une Vierge à l’Enfant dite « hodigitria
» ainsi que la scène dramatique du
Christ qui s’avance vers saint Jean Baptiste, avant son baptême.



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