Etape
30 - Péloponèse - L'ancienne cité franque de
Mystra
Mercredi 7 juillet 2021. Après
Monemvassia, cap vers une autre région historique du Péloponèse,
une époque que l'on connaît moins en Europe... La
domination franque. Et symbole de cette époque : la cité
fortifiée de Mystra.

Oh ! La merveilleuse cité fantôme,
située dans un superbe cadre naturel. Avouons que
les Francs, eux aussi, avaient du goût pour choisir leurs
sites.

C'est comme à Monemvassia, Guillaume
de Villehardouin, qui, en 1249, a élu ce site pour y construire
un nouveau château chargé de contrôler la région.

S'il est une période bénie
des dieux, c'est avril-mai paraît-il, quand la nature
en fleurs baigne l'immense plaine de Sparte de la palette des tons
mauves des arbres de Judée épanouis. Un spectale enchanteur.

Avant d'évoquer la longue histoire
de Mystra, découvrons d'abord ces monuments. J'y reviendra
au fil de ma visite. Il existe deux entrées pour
visiter le site, la porte basse ou la porte haute. Pour ma part,
je vais choisir la porte haute... Il me faudra donc remonter à
la fin de ma visite. Tant pis. Commençons donc par l'église
Sainte-Sophie et ses magnifiques fresques.

L'église Sainte-Sophie (Aghia
Sophia, en grec) fut construite par Manuel Cantacuzène,
le premier despote de Morée, afin de lui rappeler la capitale
de l'empire et sa grande église Sainte-Sophie de Constantinople.

Sur le chapiteau d'un des piliers,
à l'intérieur de l'édifice, on peut voir un
monogramme identifiant Manuel, ainsi que l'aigle bicéphale
byzantin.

Elle est parfois identifiée
comme l'église du Christ zoodite (dispensateur de
vie), fondée par Manuel. Un décret patriarcal de 1365
permet sa transformation en catholicon d'un monastère. Ainsi,
on peut dater sa construction entre 1351 et 1365.

L'église Sainte-Sophie aurait
été le lieu de sépulture d'au moins
deux membres de la famille impériale : Théodora Tocco,
l'épouse de Constantin Paléologue, enterrée
en 1429 et Cléope Malatesta, l'épouse du despote Théodore,
vers 1433.

Leurs tombes, de petite taille, se
situaient sans doute à l'extérieur du bâtiment.
L'archéologue Anastássios Orlándos
restaura cet édifice, alors dans un état de délabrement
avancé, faisant reconstruire entre autres le dôme et
la colonnade nord.

Sur le plan architectural, Sainte-Sophie
possède, tout comme la Péribleptos, un plan
en croix grecque inscrite simple, un large narthex et un dôme
central relativement bas, de sorte qu'il domine l'ensemble du bâtiment.

Sainte-Sophie se distingue par
ses proportions, hautes et étroites, ce qui accentue l'impression
de hauteur, un élément peu commun dans l'architecture
byzantine.

La lumière ne parvient
à l'intérieur de l'édifice que par quelques
ouvertures étroites dans le dôme et au bout de chaque
bras de la croix formant le bâtiment.

Les façades nord et ouest ont
été dotées de colonnades. Celle du
nord, donnant sur la vallée de l'Eurotas, a été
reconstruite, alors que celle de la façade ouest est aujourd'hui
en ruine.

Sur la façade nord, on
trouve également une tour, qui comportait trois étages
à l'origine, mais dont deux seulement nous sont parvenus,
tout comme l'escalier qu'elle contient.

Cette tour fut convertie en
minaret pendant l'occupation ottomane, et l'église en mosquée.

Les éléments de
décoration sculptés qui nous sont parvenus sont assez
peu nombreux.

Seul le chapiteau d'une colonne est
décoré d'une rangée de motifs floraux
et, au centre, on trouve le monogramme de Manuel évoqué
plus haut. Pour Chatzidakis, l'exécution semble plutôt
sommaire et refléterait le travail d'artistes provinciaux.

Parmi les fresques significatives que
l'on peut admirer, il y a ce Christ en majesté peint
dans l'abside du Choeur.

Dans une tombe du portique nord ont
été retrouvés des restes de vêtements
et de la chevelure d'une princesse de Mystra, exposés au
musée de la Métropole.

Edifiée au XIVe siècle,
en forme de croix grecque simplifiée. Bel appareillage
de pierre et de brique.

Grand narthex, avec coupole
(les trois arcades de l'ancienne entrée sont désormais
murées). Nef à deux colonnes de marbre et transept
à coupole.

Voilà pour Sainte Sophie. Avant
de rejoindre un autre monument, parlons un peu d'histoire... Après
les avoir fait bâtir, Guillaume de Villehardouin, seigneur
franc de l'Archaie, dut céder Monemvassia et Mystra en guise
de rançon.

Son vainquer, Michel VIII,
Paléologue, empereur de Byzance, s'empressa d'enrichir la
ville de magnifiques églises byzantines.

Elle garda son nom de Mystra
(dérivé de "maîtresse" en patois français,
ou bien du fromage grec myzithra, ce qui est tout de suite moins
glamour...) et devint une véritable capitale régionale.

Ce "despotat de Morée"
compta jusqu'à 20.000 âmes et fut un haut lieu
des arts, des lettres et de la philosophie, avant de tomber dans
les mains des Turcs en 1460, suivis des Vénitiens, puis encore
des Turcs... avant d'être incendié par les Russes,
puis par les Albanais ! Il faut suivre...



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