Etape
41 - Péloponèse - Kardamyli, sur le golfe de Messénie
Mercredi 7 juillet 2021. Après
cette magnifique visite de l'ancienne cité de Mystra,
me voici sur la route du Magne, direction Kardamyli.

Le Magne est l'une des plus
belles régions du Péloponèse. Un de
mes gros coups de coeur dans cette région du Péloponèse.

Des paysages désolés,
sauvages... et magnifiques ! En beaucoup plus sec, la région
a un air de Connemara, en Irlande !

Rocailles, grandes montagnes
pelées battues par les vents violents, murets de pierres
sèches et villages abandonnés. Même
si certains commencent à être retapés.

La partie la plus jolie se
situe entre Kokkala (côte est) et Géroliménas
(côte ouest).

L'été, l'eau
manque souvent dans les villages, dont chaque maison, construite
en forme de tour carrée massive, prend des airs de forteresse.

Partout sur le chemin, vous
apercevrez autour de vous ces tours refuges... Il y en aurait plus
de 800 !

Plus nombreuses encore sont
les chapelles et les églises !

Les habitants du Magne (les
Maniotes) sont les descendants des Laconiens qui fuirent l'invasion
slave, plus au nord.

Ils se sont toujours caractérisés
par leur esprit d'indépendance, que les maîtres
de la Morée aient été francs, byzantins, turcs,
slaves ou vénitiens et même grecs puisque, en 1834,
Athènes provoqua une révolte lorsque la construction
de nouvelles tours fortifiées furent interdites.

Il est vrai que trois ans plus tôt,
le premier gouverneur du jeune Etat grec avait été
assassiné à Nauplie par deux Maniotes (vendetta...).

Jusqu'à peu, la population était
organisée en clans, sous la direction de chefs de
village.

Cette structure a quasiment disparu
sous l'effet de l'émigration qui a contraint la jeunesse
à quitter ces villages.

Beaucoup moins couru que la côte
ouest, mais aussi beau pourtant, est la côte est du
Magne...

Petites routes où l'on ne croise
presque que des troupeaux de chèvres en liberté,
paysages d'une certaine austérité (on est ici dans
la zone la plus aride du Péloponèse), mais sublimes
ici et là.

Depuis Skoutari, superbe route, qui,
sur une dizaine de kilomètres, suit la côte,
à flanc de montagne.

Peu d'accès à la mer
sur cette côte rocheuse et quasiment pas de plages...

Mais en cherchant bien, en contrebas
d'un village, on peut apercevoir de petites criques le plus
souvent désertes, comme celle de Marathos, juste après
Kokkala...

La côte ouest du Magne
est beaucoup plus fréquentée que la côte est
mais, hormis les mois d'été, on y reste loin des foules.

On y trouve encore quelques
superbes points de vue depuis l'agréable route entre Marmari
et Vathia.

On descend encore... Et on arrive forcément
à emprunter la route entre Aréopoli et Kardamyli
où je compte faire étape.

On est encore dans le Magne
historique (mais plus dans le Magne administratif), qui ne s'achève
qu'après Kardamyli.

Les demeures dans le style maniote
se raréfient... 45 km à ne pourtant louper
sous aucun prétexte !

C'est l'une des plus belles
routes côtière du Péloponèse. Donc forcément
un peu touristique... Mais en période Covid, je
suis encore seul au monde !

Enfin, me voici arrivé à
Kardamyli ! Un village en bord de mer, assez touristique,
mais pas du tout massacré par le tourisme de masse.

On le visite surtout pour son
ancienne enceinte médiévale qui renferme le vieux
Kardamyli, un peu l'écart dans les terres (dix minutes de
marche)...

C'est ici que se dresse l'église
Agios Spyridon, surmontée d'un curieux clocher agrémenté
de reliefs.

Avis aux amateurs de l'errance : les
cendres de l'écrivain-voyageur britannique Bruce Chatwin
(1940-1989) ont été dispersées ici.

Concerti à l'orthodoxie, Chatwin
voulait reposer dans ce village qu'il aimait pour y avoir vécu
chez son ami écrivain Patrick Leight Fermor (1915-2011),
fin connaisseur du Magne.

Dans l’Iliade (Livre 9 1), Homère
mentionne Kardamýli comme l'une des sept cités offertes
par Agamemnon à Achille, pour qu'il participe au combat pendant
la Guerre de Troie.

Le village a conservé sa
dénomination antique (sous la forme Skardamoula, jusqu'au
XIXe siècle).

La région comprend un
grand nombre de plages : celles de Kalamitsi, de Ritsa, de Chalikia,
de Salios et de Neo Proastio.

La ville ancienne conserve un
château médiéval et des fortifications, ainsi
que l'imposante église de Saint Spyridon. Kardamýli
est le point de départ de nombreuses pistes de montagne,
dont certaines mènent au sommet du Taygète.

À proximité se
trouvent les gorges de Viros, qui s'étendent sur une vingtaine
de kilomètres.



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