Etape
23 - Monemvassia - Au coeur de la vieille ville fortifiée
Mardi 6 juillet 2021. Me voici
donc aux portes de la muraille de Monemvassia. Pas la peine
de chercher par où rentrer, il n'y a qu'une porte ! On peut
imaginer ainsi la difficulté pour un éventuel assaillant
de pénétrer dans la cité !

Le nom de Monemvassia vient de
deux termes grecs, moni et emvasia, signifiant "unique chenal"
ou "unique embarcadère".

Cité de l'Empire romain d'Orient,
Monemvasia fut fondée au VIe siècle par des
habitants de la Laconie qui fuyaient l'invasion du pays par les
Ézérites et les Mélinges, des peuples slaves
venus d'Europe du Nord.
Au VIIIe siècle,
un hôpital y est construit : c'est un centre de lutte
contre la propagation de la peste, qui promeut les principes de
l'hygiène hippocratique.

Au XIIe siècle, la petite
ville est un actif centre commercial et maritime du thème
péloponnésiaque et un important centre d'exportation
du vin de Malvoisie.

Le vin de Malvoisie était célèbre
au Moyen Âge, dont le cépage porte le nom et qui était
exporté jusqu'en Angleterre.

Selon une légende populaire,
George Plantagenêt, duc de Clarence, condamné
à mort en 1478 pour avoir comploté contre son frère
le roi Édouard IV, aurait choisi de mourir noyé dans
un tonneau de ce vin.

Lors de l'invasion de l'Empire
byzantin par les croisés, en 1204, Monemvasia est assiégée
vainement par les Vénitiens.

Elle reste grecque tandis que
la majeure partie du Péloponnèse est prise par les
Latins.

Toutefois en 1245, le prince
franc de l'Achaïe, Guillaume II de Villehardouin entreprend
le siège de la ville par terre et par mer, avec l'aide de
4 bateaux vénitiens et de chevaliers « francs ».

Après 3 années
de blocus, il réduit la place par la famine. Les survivants
sont dispersés dans la campagne.

En 1262, pour payer sa rançon
au basileus byzantin Michel VIII Paléologue, le prince latin
d'Achaïe doit rendre la place.

Le gouverneur impérial et commandant
militaire grec Michel Cantacuzène y regroupe à
nouveau les habitants et utilise dès lors Monemvasia comme
point d'appui pour la reconquête du Péloponnèse
sur les barons « francs ».

Et pour la constitution du
despotat grec de Morée ; elle sert aussi de port-abri pour
la flotte génoise alliée aux Grecs (tandis que les
vénitiens sont les alliés des barons francs) et pour
les corsaires crétois qui attaquent les navires de la principauté
franque.

En rétorsion, les Almogavres
de l'amiral catalan Roger de Lluria pillent la cité en 1292.

En 1333, les pirates turcs
d'Umur pacha pillent à leur tour la ville : c'est la première
fois que les Turcs se présentent dans la région.

Paul Mamonas, archonte de
la ville, s'oppose (1384), à la remise de la place par le
despote de Morée Théodore Ier Paléologue aux
Vénitiens, puis doit, dix ans plus tard (1394) payer tribut
au sultan ottoman, Bajazet.

En 1464, Monemvasia se place
sous protectorat vénitien ; les doges en font un de leurs
comptoirs.

Puis l'Empire ottoman la conquiert
en 1540. Elle est alors quasiment vidée de ses habitants,
qu'une garnison turque remplace.

Plusieurs tentatives de Venise
pour récupérer Monemvasia se soldent par des échecs,
et c'est seulement au terme d'un siège de quatorze mois qu'elle
est reprise, en 1690, en même temps que tout le Péloponnèse,
au cours de la guerre de Morée.

Les Turcs reprennent la ville
en 1715 lors de leur reconquête du Péloponnèse.

Assiégée par les Grecs
pendant plusieurs mois au début de la Guerre d'indépendance
grecque, elle capitule début août 1821, et une population
grecque s'y installe à nouveau.

Depuis 1920, le château n'est
plus habité. Pendant la Première Guerre mondiale,
elle subit des canonnades de navires allemands, austro-hongrois
et turcs.

Port stratégique bien que modeste,
pendant la Seconde Guerre mondiale elle est occupée
par les Italiens de juin 1941 à octobre 1943, par les Allemands
d'octobre 1943 à octobre 1944, puis par les Britanniques
d'octobre 1944 à octobre 1949.

Après avoir été
assez isolée dans les années 1950, Monemvasia
a vu récemment un accroissement de son activité touristique.

Nombre de bâtiments médiévaux
ont été restaurés, dont certains reconvertis
en hôtels.

La majeure partie de ses rues
n'étant pas adaptée à la circulation automobile,
la ville a gardé son cachet original et sa tranquillité.

Yánnis Rítsos (1909-1990),
poète engagé, militant communiste plusieurs
fois emprisonné, a produit une des œuvres poétiques
les plus marquantes du xxe siècle, qui lui a valu une reconnaissance
internationale.

Ses poèmes ont souvent
été mis en musique par les plus grands musiciens grecs,
Théodorakis et Leondis entre autres.

La maison où il a passé
l'essentiel de sa jeunesse est juste au-dessus de la porte d'entrée
de la vieille ville de Monemvassia. Un buste du poète a été
installé sur la terrasse.




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