Etape
33 - Cité de Mystra - Les croisades et la conquête
franque
Mercredi 7 juillet 2021. Je poursuis
ma longue visite des ruines de la cité de Mystra
et j'aborde maintenant la conquête franque de la région
au moment de la IVe croisade.

En 1204, la quatrième croisade
se détourne de son objectif initial et entraîne
la capture et le pillage de Constantinople par les croisés.
S'ensuit alors le partage de l'Empire byzantin entre le nouvel empereur,
les Vénitiens et les croisés.

La principauté d'Achaïe,
ou principauté de Morée, est confiée
à Geoffroi de Villehardouin et est partagée en douze
baronnies. Les premières années du règne
de Geoffroi en Morée sont consacrées à l'établissement
de son pouvoir et à la conquête des régions
non occupées de la péninsule.

En 1210, Sparte se soumet aux croisés
après cinq jours de résistance. La plaine
de Sparte semble avoir été du goût de Geoffroi
et il y aurait construit un palais au bord de l'Eurotas, à
l'extérieur de la ville, mais aucune trace n'en a encore
été relevée.

Andravida est la capitale administrative
de la principauté tandis que Nikli devient, grâce
à sa situation centrale, le lieu des assemblées de
la baronnerie. Mais c'est à Lacédémone (Sparte),
ou La Crémonie comme ils l'appellent, que les Villehardouin
s'établissent.

La Crémonie est la résidence
préférée des héritiers de Geoffroi,
Geoffroi II puis Guillaume de Villehardouin.

Une des premières tâches
de Guillaume en tant que prince d'Achaïe est de sécuriser
cette région du Péloponnèse. Il lutte contre
Monemvasia, haut lieu de la piraterie, qui ne se rend qu'après
un siège de trois années.

En même temps que ce siège,
Guillaume soumet les tribus qui entourent la plaine de Sparte,
mais a besoin de nouvelles forteresses pour maintenir l'ordre.

Les Tsakones sont contrôlés
par les garnisons ayant servi au siège de Monemvasie. La
forteresse de Passava contrôle les Maniotes, mais Guillaume
fait construire une seconde forteresse près du cap Matapan
pour renforcer leur contrôle.

La tribu la plus dangereuse est celle
des Mélinges, résidant dans les vallées
du Taygète et très proche de Lacédémone.

Afin de s'assurer la sécurité
de son palais, Guillaume fait construire un château
sur une des collines au pied du Taygète : c'est la naissance
de Mystra.

La forteresse et ses remparts sont
achevés en 1249. Elle est alors la clé du
système défensif de tout le sud-est du Péloponnèse
et est, en quelque sorte, le pendant de la forteresse de Chlemoutsi
pour la partie sud-est du Péloponnèse.

Les pentes de la colline sont, à
cette époque, encore vierges de bâtiments ou
d'habitations, à l'exception d'une résidence, construite
à mi-hauteur de la colline, sur une partie relativement plane.
C'est probablement dans cette résidence que le châtelain
loge lorsque sa présence au château n'est pas requise.

En 1259, alors que le Royaume
de Thessalonique est revenu aux mains des Byzantins, une triple
alliance s'unit contre l'Empire.

Cette alliance se compose de
Manfred de Sicile, de Michel II d'Épire et de Guillaume de
Villehardouin.

Elle subit une défaite
à l'automne 1259 dans la plaine de Pélagonie, et Guillaume
est fait prisonnier.

Il est libéré en 1261
et conserve sa principauté d'Achaïe en échange
des places fortes de Monemvasia, du Magne et du « troisième
et le plus beau, le château de Mystra».

Les Byzantins prennent possession
de Mystra au printemps 1262. Dans le territoire récupéré,
Mystra n'est pas, dans un premier temps, la priorité des
Grecs.

Leur attention se porte davantage
sur Monemvasia, qui est un port important, et sur la forteresse
du Magne, qui contrôle toute la région du même
nom jusqu'au cap Matapan.

Située en Laconie, comme Mystra,
la forteresse de Geráki est aussi plus importante aux yeux
des Grecs.

Mystra est très proche de
Lacédémone, où les Villehardouin n'ont pas
l'intention d'abandonner leur palais de La Crémonie.

Ainsi, c'est Monemvasie qui est choisie
pour être le siège du gouverneur byzantin de
Morée.





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