Etape
31 - Cité franque de Mystra - Une histoire hors du commun
Mercredi 7 juillet 2021. Mystra
fut fondée en 1249 par Guillaume II de Villehardouin,
alors prince d'Achaïe, qui cherchait à construire une
forteresse sur les hauteurs du Taygète dans le but de protéger
Sparte, alors lieu de résidence favori des Villehardouin.

Fondée par les Francs, Mistra
ne reste pas longtemps en leur possession. Fait prisonnier
en 1259 à la Bataille de Pélagonia, Guillaume doit
céder Mystra en même temps que d'autres forteresses
à Michel VIII Paléologue, en guise de rançon.

L'empereur fait alors de Mystra
la capitale du Despotat de Morée, statut qu'elle conserve
jusqu'à la chute de l'Empire byzantin.

En 1348, l'empereur Jean VI
Cantacuzène nomme son fils Manuel à la tête
du despotat, marquant le début d'une période de prospérité,
à la fois économique, mais surtout culturelle, pour
la ville.

Désormais, Mystra est gouvernée
par les fils ou les frères des empereurs byzantins. Sous
le despote Théodore, Mystra est la deuxième plus grande
ville de l'Empire après Constantinople, et l'ancien palais
de Guillaume II devient la deuxième résidence des
empereurs.

Mystra est également le dernier
grand centre d'étude byzantine : Gémiste Pléthon,
le philosophe néoplatonicien, y vit jusqu'à sa mort
en 1452, et sa présence attire à Mystra de nombreux
intellectuels byzantins.

Lui et d'autres disciples basés
à Mystra influencent l'Italie de la Renaissance,
particulièrement après avoir accompagné l'empereur
Jean VIII Paléologue à Florence en 1439.

Le dernier empereur romain d'Orient,
Constantin XI, est despote à Mystra avant de monter
sur le trône. Démétrios Paléologue, le
dernier despote de Morée, rend la ville au sultan ottoman
Mehmed II le 31 mai 1460.

Mystra demeure une ville importante,
accueille la résidence du Pacha de Morée et
compte alors 40 000 habitants. Le commerce y est florissant, entre
autres grâce au développement de la production de soie.

Les Vénitiens occupent provisoirement
la ville de 1687 à 1715. En 1770, Mystra est brièvement
aux mains des Russes qui, soutenus par les Grecs, tentent de libérer
la Grèce de la présence ottomane lors de la révolution
d'Orloff.

La reconquête de la ville par
les Ottomans est suivie d'une terrible répression contre
la population qui diminue pour ne plus compter que 8.000 habitants.

Mystra reste ottomane jusqu'en 1822
et la guerre d'indépendance grecque. Reprise par
les Ottomans une dernière fois en 1825, elle est rasée
par Ibrahim Pacha et connaît alors un déclin irrémédiable.

À l'issue de la guerre d'indépendance,
le roi Othon Ier de Grèce fait de Sparte la nouvelle
capitale administrative des environs, où les derniers habitants
s'établissent à leur tour.

L'ancienne cité byzantine
fut totalement abandonnée dans les années 1950 pour
devenir un site archéologique.

En 1989, les ruines, y compris
la forteresse, le palais, les églises et les monastères,
ont été inscrites sur la liste du patrimoine mondial
de l'UNESCO.

Aujourd'hui, la cité n'est plus
habitée que par quelques religieuses orthodoxes qui
occupent le monastère de la Pantanassa.

Mystra se situe au cœur du Péloponnèse,
en Laconie, à environ 8 km au nord-ouest de la ville de Sparte,
et domine la vallée de l'Eurotas. Le site occupe
le flanc nord d'une colline, de forme conique, appartenant à
un massif montagneux plus large, le Taygète, et se trouve
à une altitude comprise entre 330 mètres environ (ville
basse) et 621 mètres (au sommet).

Le site, escarpé, est quasi
inaccessible depuis le sud et le sud-ouest, où les
falaises rocheuses dominent un ravin. Les autres faces de la colline
sont également suffisamment escarpées pour faire de
ce site un lieu facile à défendre.

Du sommet, la vue s'étend d'un
côté sur toute la vallée de l'Eurotas et, de
l'autre, sur deux gorges s'enfonçant dans le massif du Taygète.

Le site de Mystra permet également
le contrôle de la route vers Kalamata, la seule route à
travers le massif où puisse passer une cavalerie. Elle passe
dans la plaine au nord, venant presque jusqu'au pied de Mystra.

La colline sur laquelle repose Mystra
contrôle l'entrée des gorges de la Mélingi,
une rivière qui s'enfonce dans le massif du Taygète
et qui tire son nom de la tribu slave des Mélinges, habitant
la région au Moyen Âge.

Le site de Mystra s'inscrit
à l'intérieur de deux enceintes fortifiées,
le tout dominé par une forteresse.

Le rempart extérieur part
de la zone la plus septentrionale de la ville, contourne la ville
basse par l'est en descendant jusqu'au pied de la colline et se
termine au sud du site.

Le second rempart part de la
porte de Nauplie et contourne par l'est la ville haute dans laquelle
se situe le palais. Seules deux portes permettent l'accès
à la ville haute : la porte de Monemvassia et la porte de
Nauplie.

Le site de Mystra est dominé
par une citadelle qui servait de poste d'observation en temps de
paix et de dernier refuge en temps de siège.



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