Etape
50 - Messène - Les murailles et la porte d'Arcadie
Jeudi 8 juillet 2021. Quel beau
moment passé à Messène, où, une fois
encore, j'étais bien seul au monde, profitant d'une
parenthèse dans le tourisme de masse, du fait de la pandémie
de Covid 19.

Et c'est tout à fait par hasard,
en quittant Messène pour rejoindre la route d'Olympie (quelle
chance j'aie !), que je tombe sur la fameuse porte d'Arcadie et
les vestiges monumentaux des anciennes murailles de la ville antique.

L'enceinte de Messène, d'une
longueur de 9 km, date de la fondation de la ville, ou peut-être
seulement du IIIe siècle av. J.-C.

Elle compte parmi les murailles
les mieux conservées de toute la Grèce.

Le mur est renforcé
de nombreuses tours carrées ou semi-circulaires.

Au nord-ouest se trouve la
monumentale porte d'Arcadie, pourvue d'une cour intérieure
ovale.

À l'extérieur de la porte
ont été trouvés les restes de plusieurs grands
monuments funéraires.

La ville de Messène
était protégée par une enceinte circulaire
d'une longueur de 9 km et d'une largeur de 3 mètres.

Daté du IIIe siècle
av. J.-C., c’est un des accomplissements les plus
importants de l'architecture militaire antique.

Il en reste surtout le tronçon
nord de part et d'autre de la porte d'Arcadie.

Le rempart était percé
de portes renforcées de tours semi-circulaires à
deux étages, avec meurtrières et créneaux,
portant le nom de la route qui y passait.

Il subsiste quatre de ces portes
dont la principale est la porte d'Arcadie, au Nord, toujours très
impressionnante, par où passe la route menant au village
de Zervissia.

Sur le dallage on distingue
encore des traces de roues de chars.

Le mur d'enceinte descendait
des deux côtés de la montagne en direction sud.

Le mur d'enceinte encerclait
ainsi la ville dont le centre se trouvait à l'emplacement
du village actuel de Mavromati.

Pour en dire plus, la Messénie
est une terre placée au cœur de l’histoire
grecque, que l’on considère l’époque mycénienne,
l’époque hellénistique, l’époque
médiévale ou la Révolution de 1821.

L’histoire événementielle
se lit à chaque pas, presque à chaque détour
de la route, et tout itinéraire messénien conduit
au travers de plusieurs siècles, voire de plusieurs millénaires.

L’histoire est donc partout,
derrière chaque muraille, dans chaque sépulture, sur
un monument commémoratif.

Le paysage et les vestiges s’offrent
à nous pour raconter le passé et illustrer par des
exemples pertinents les traits de chaque grand moment de l’histoire.

On croirait que c’est la nature
qui impose à la Messénie ces limites montagneuses
qui l’isolent et la tiennent à l’écart
du reste du Péloponnèse, loin d’Athènes
et même de Sparte, et que pour cette raison, elle est oubliée
et laissée pour compte par les visiteurs et les chercheurs.

L’altitude des montagnes (plus
de 2 400 mètres pour le Taygète) ferait vite croire
qu’elles furent de tout temps infranchissables et qu’elles
protégèrent la Messénie sur deux de ses côtés.

En réalité, de part et
d’autre des quelques sommets qui dépassent 2 000 mètres,
il existe des passages moins élevés et plus accessibles,
cols, ravins ou gorges, qui permettent de traverser le massif de
part en part.

Ces zones ou ces itinéraires
ont été empruntés très tôt
par les bergers, par le jeune Télémaque parti pour
Sparte, par les troupes laconiennes, et, presque deux mille ans
plus tard, par l’armée du Despote de Morée et
par les Ottomans.

Autant dans les contreforts
du Lycée que dans ceux du Taygète, des défilés
sauvages ou des vallées profondes ont fait avancer et ont
expliqué l’histoire.

Ces sentiers qui n’ont pas été
empruntés par les voyageurs de l’Antiquité ou
par ceux du XIXe siècle parce qu’ils étaient
raides, longs, pénibles et dangereux, ne nous sont pas connus
par des récits et des comptes rendus mais par les repérages
des archéologues et la découverte d’ornières.

Ils complètent un réseau
de voies qui empruntait les bandes littorales et les plaines
intérieures pour les activités commerciales en relation
avec la mer.

Est-il même nécessaire
de mentionner que le tracé des chemins antiques correspond
fréquemment à celui des routes modernes ?

Cela trouve confirmation dans d’autres
encore repérables de nos jours, ceux des chemins
muletiers de la période ottomane (aujourd’hui fréquemment
remis en état pour la randonnée pédestre) et
dans la connaissance de l’emplacement des chans, chanis, kans
ou kanis (auberges) dans les siècles derniers.

Les chemins muletiers, utilisés
jusqu’au milieu du xxe siècle pour la plupart, apprennent
également qu’ils empruntaient les ravins, les gorges
malgré le relief inhospitalier, dans la mesure où
ils permettaient le franchissement transversal de la montagne et
où le parcours, même rendu difficile, était
plus court.

Au temps des conflits, les
défilés de la montagne constituent l’unique
moyen de lancer des incursions de l’extérieur contre
les voisins messéniens ou latins ou de Messénie contre
les voisins laconiens ou grecs, et justifient l’édification
de forteresses pour surveiller, contrôler et défendre
ces passages.

Le massif, loin d’être
compact, présente des particularités géologiques
appropriées au franchissement rapide de la montagne, et il
est entaillé de cours d’eau profonds dont la gorge
ou le lit facilite considérablement la communication d’une
région à l’autre.

Les sentiers d’altitude, qui
ont toujours existé et ont toujours été
fréquentés, ont fourni une solution supplémentaire
au franchissement des zones d’altitude.

En opposition à la montagne,
la plaine de Messénie occupe presque la moitié du
territoire du nome. Orientée Nord-Sud, elle est délimitée
soit par des montagnes d’altitude moyenne comme le Mont Ithômè
et par des collines, soit par le Taygète.

Elle a facilité de tout temps
l’accès depuis la mer (le golfe de Messénie)
en direction de l’intérieur des terres et a
offert assez de place au passage de la route principale citée
par Pausanias au IIe siècle p.C., ainsi qu’à
celui de la route nationale moderne, sur les trente kilomètres
qui terminent le tronçon Megalopolis-Kalamata.

Si le paysage messénien n’oppose
pas à proprement parler mer et terre, il oppose donc
plutôt plaine et montagne. Ces deux éléments
antithétiques servent de fondements à la présence
humaine en Messénie, à la répartition entre
zones d’habitation et voies de passage.



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