Etape
38 - Cité de Mystra - Les autres églises autour de
la Métropole
Mercredi 7 juillet 2021. L'Évangélistria
est la seule église de Mistra pour laquelle on ne
possède aucune information concernant son fondateur ou son
restaurateur.

Il semble cependant que les
Turcs ne l'aient jamais transformée en mosquée, d'après
des graffitis que l'on peut voir sur ses murs.

On peut ainsi lire, «
Nikiephoros, prêtre-moine d'Athènes, 1633 »,
ou encore, datant de 1711, « Grigorios, prêtre-moine,
prit l'Ach... ».

Sur le mur nord, une inscription
du XVe siècle comporte le nom Sphrantzès, mais rien
n'indique qu'il s'agisse de l'historien Georges Sphrantzès.

L'Évangélistria est une
église construite avec un plan en croix comparable
à ceux de la Péribleptos ou de Sainte-Sophie, bien
que de taille inférieure.

Les sculptures intérieures y
sont remarquables par leur unité de style, ce qui fait penser
qu'elles ont été spécialement dessinées
pour cette église.

Seul le style des sculptures permet
une éventuelle datation de l'édifice : probablement
de la fin du xive siècle ou début du XVe siècle.

Mais revenons à l'époque
des paléologues et au règne de Theodore II. Cette
époque est celle de Gémiste Pléthon, qui rêve
d'une résurrection de l'hellénisme dans la Grèce
méridionale. C'est à Mistra que l'hellénisme
exprime sa volonté de rénover l'État byzantin.

Pléthon développe des
avis pratiques sur la simplification du système fiscal et
la constitution d'une force armée indigène, afin de
remplacer les mercenaires. Le despotat apparaît comme
l'asile de l'hellénisme.

À la mort de Mehmed Ier,
les raids ottomans reprennent en Grèce. En 1423, une armée
dirigée par Turakhan Bey franchit l'isthme. Cette fois la
vallée de Sparte n'est pas épargnée. Les Turcs
s'introduisent dans Mistra, la pillent avant de se retirer.

À cette époque, Théodore
se désintéresse de sa femme et fait part de
son ressentiment à son frère Jean, lors de son second
passage dans la ville en 1423. Théodore souhaite toujours
rentrer dans les ordres.

De retour à Constantinople,
Jean prévoit d'installer son autre frère, Constantin,
à la tête de Mistra. Celui-ci n'y arrive qu'en
1427 et Théodore est désormais heureux à
la fois avec sa femme et en tant que despote de Morée.
Il accepte cependant de diviser la province en deux, offrant
à Constantin la Messénie, le Magne, Vostitsa et Glarentza.

En 1430, un troisième
despotat est créé, dirigé par Thomas Paléologue,
dont le siège est à Kalávryta. En 1432, la
péninsule tout entière est aux mains des Grecs et
partagée entre les trois frères, à
l'exception des quatre villes vénitiennes de Coron, Modon,
Nauplie et Argos.

Par des échanges de terres,
Thomas installe sa capitale à Clarenza et occupe
tout le Sud-Ouest, Constantin possède tout le Nord, et Théodore
reste dans le Sud-Est. Bien qu'il n'ait pas d'autorité
supérieure à celle de ses frères, la
capitale suprême du Péloponnèse reste Mistra.

En 1443, Théodore propose à
l'empereur d'échanger à Constantin Mistra contre Sélymbria,
ce qu'il accepte. Les trente-six années de règne
de Théodore sont marquées par une noblesse turbulente
et une menace turque grandissante, mais aussi par la fin de la présence
latine dans le Péloponnèse.

Lorsqu'il quitte Mistra, l'agriculture
et le commerce y sont florissants. Théodore avait
l'admiration des intellectuels de son époque et c'est sous
son patronage que philosophie et littérature prospèrent
pour la dernière fois dans l'empire byzantin.

Contrairement à son prédécesseur,
Constantin rêve de gloire militaire. Sa première
tâche est de faire reconstruire l'Hexamilion, ce qu'il réussit
en faisant payer aux nobles des droits et des privilèges
que ses prédécesseurs leur avaient enlevés.
Puis, il traverse l'isthme de Corinthe en 1444 dans l'espoir
de mener une croisade aux côtés de Vladislav de Hongrie.

Son triomphe est de courte durée
et, dès la fin de l'été 1446, Mourad
II reprend les territoires capturés par Constantin en Grèce.
Murad entre dans le Péloponnèse après un siège
de quinze jours de l'Hexamilion, qu'il fait détruire. Il
s'avance ensuite jusqu'à Clarenza.

Une autre armée, menée
par Turakhan Bey, est censée prendre Mistra, mais
il semble que les conditions météorologiques les empêchent
de traverser les montagnes et d'atteindre la vallée de Sparte.

À la mort de Jean VIII Paléologue
en 1448, l'impératrice envoie Alexius Lascaris Philanthropenus
et Manuel Paléologue à Mistra porter la couronne impériale
à Constantin. Constantin y est couronné empereur par
le métropolite de Lacédémone le 6 janvier 1449.

On ne sait pas si la cérémonie
s'est déroulée dans la Métropole, probablement
trop exiguë pour accueillir la délégation présente,
ou bien dans l'église du palais, Sainte-Sophie, encore plus
petite. Constantin quitte Mistra pour Constantinople le 12 mars
1449.

La péninsule est une nouvelle
fois divisée entre Thomas Paléologue et Démétrios
Paléologue. Thomas reçoit Sicyone, Patras,
Kalávryta, l'Achaïe, Glarentza, la Messénie et
Kalamata. Démétrios reçoit Mistra,
Corinthe, le nord de la Morée, Karýtena et le Magne.
Ce dernier avait à plusieurs reprises brigué la couronne
impériale avec l'aide des Turcs et il ne tarde pas, en Morée
aussi, à entrer en conflit avec son frère Thomas.

La chute de Constantinople et
la mort de l'ancien despote et dernier empereur Constantin XI, affectent
Mistra. Des événements internes au Péloponnèse
assombrissent un peu plus l'avenir des Grecs. Déjà,
l'année précédente, en 1452, la péninsule
est ravagée par un nouveau raid des Turcs qui pillent les
campagnes et épargnent bien souvent les villes.

En 1453, on assiste à un soulèvement
des Albanais présents dans le Péloponnèse.
Pendant plus d'un siècle, Manuel Cantacuzène
et Théodore Paléologue avaient accueilli de nombreux
Albanais chrétiens, à la fois pour leurs qualités
de travailleurs agricoles mais aussi comme soldats. Ils
forment d'ailleurs la majeure partie des armées des différents
despotes.

Mais, malgré le temps passé,
ces Albanais continuent à vivre séparés
du reste de la population et ne ressentent pas, de la part de Thomas
et Démétrios, le même soutien qu'avec leurs
prédécesseurs. Ils se révoltent en ayant pour
chefs Asan Centurione (fils illégitime du dernier
prince d'Achaïe et beau-frère de Thomas par sa sœur
Catherine) dans les provinces de Thomas, et Manuel Cantacuzène
(petit-fils du despote Mathieu), appelé Ghin par les Albanais,
dans les provinces contrôlées par Démétrios.
L'armée de Manuel assiège rapidement Mistra...



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