Etape
86 - San Stefano de Bologne - Dans et autour de San Vitale e Agricola
Mercredi 1er novembre 2023. A deux
pas de là, l'église San Vitale e Agricola
est sans doute la plus mystérieuse des quatre avec
son architecture austère et dépouillée.

C'est la plus ancienne de l'ensemble
et, depuis sa construction, elle abrite les reliques des
deux saints.

Une première chapelle fut probablement
construite au Ve siècle, après la découverte
des tombeaux des saints protomartyrs Vitale et Agricola
par Ambroise, évêque de Milan, en 393 (respectivement
serviteur et maître, victimes de la persécution au
temps de Dioclétien en 304 après JC).

Le bâtiment actuel remonte, dans
sa forme, sa disposition et ses dimensions, à la
construction de la basilique commandée par l'évêque
Pétrone en 431-450, bien qu'elle ait été
en grande partie reconstruite par les moines bénédictins
au XIe siècle après la destruction effectuée
par les Hongrois.

La façade saillante avec un
portail unique, une fenêtre centrale à meneaux,
deux fenêtres latérales à lancette unique et
des rangées d'arcs suspendus a été
intensivement rénovée au XIXe siècle.

L'intérieur présente
un plan basilical à trois nefs et cinq travées, sans
transept ni abside triconque. Des colonnes simples alternent
avec des colonnes quadrilobées. Le plafond en croix plâtré
date d'après 1400.

A la fin du XIVe siècle, une
tombe paléochrétienne portant l'inscription «
Symon » fut découverte et la rumeur se répandit
selon laquelle il s'agissait du tombeau de Simon Pierre, ou Saint
Pierre.

Cette nouvelle, sans aucun fondement
historique, avait attiré de nombreux pèlerins,
les détournant de Rome, destination classique du pèlerinage.

Le pape Boniface IX réagit alors
avec véhémence et vers 1400, il fait fermer
l'église, déplace le tombeau dans un endroit secret,
le fait remplir de terre et le laisse dans cet état pendant
environ soixante-dix ans.

Par la suite, grâce à
l'intercession de l'archevêque Giuliano Della Rovere, l'église
fut restaurée et rouverte au culte. Une inscription
sur la porte latérale commémore l'événement
: "JUL. CARD. SP AD VINC. RESTITUT".

À l'intérieur de l'église
se trouvent les restes d'un sol en mosaïque romaine,
visible à travers le verre.

Les chapiteaux d'ordre ionique
(du temple païen d'Isis), dérivation byzantine
et franque, sont intéressants.

Dans les deux absides latérales,
on trouve deux sarcophages du début du Moyen Âge attribués
à Vitale et Agricola, représentant respectivement
deux paons au milieu d'une croix et un ange entre un cerf et un
lion, tous des animaux en relief aplati représentant des
symboles christologiques.

Dans la nef droite, sur le mur, une
croix est identifiée comme celle du supplice de Saint Agricola
(en réalité elle remonte à une époque
ultérieure).

Sur le mur de la contre-façade
se trouvent les pierres tombales de la famille De'Bianchi.

Le maître-autel, constitué
d'un autel païen au couvercle tourné, est placé
contre le mur du fond, selon la liturgie traditionnelle, où
le célébrant accomplit les rites sacrés dans
la même position que les fidèles, donc face à
l'est (ou vers l'abside).

Un petit mot encore sur la
cour de Pilate, ainsi appelée en souvenir du lithostrotos,
le lieu où Jésus fut condamné, qui est accessible
en sortant de l'église du Sépulcre.

La cour est bordée au nord
et au sud par deux portiques de style roman aux colonnes
cruciformes caractéristiques en brique et présente
au centre un bassin en pierre calcaire reposant sur un piédestal
(d'époque plus récente, XVIe siècle),
dit « Bassin de Pilate ».

Ce bassin est un ouvrage lombard
datant de 737-744 et porte une inscription sous le bord de laquelle
est rapportée une transcription en latin.

Sous le portique, au centre d'une fenêtre,
sur une colonne, se trouve un coq en pierre datant du XIVe
siècle, appelé "Coq de Saint-Pierre"
en souvenir de l'épisode évangélique du reniement
de Jésus.

Il est possible d'observer
quelques pierres tombales, dont une, avec au centre une véritable
paire de ciseaux, appartenant à un tailleur.









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