Etape 72 - Ravenne - Sous les ors et les mosaïques de la basilique San Vitale

Mardi 31 octobre 2023. Commençons donc la visite de Ravenne par son joyau absolu, la basilique San Vitale. Un peur chef-d'oeuvre.

La construction a commencé en 532 et s'est terminée en 547, un chef-d'œuvre exemplaire de l'art paléochrétien et impérial romain oriental, connu sous le nom de byzantin.

L'édifice, chef-d'œuvre de l'architecture de Ravenne, combine des éléments architecturaux romains (le dôme de l'intrados, la forme des portails, les tours) avec des éléments byzantins (l'abside polygonale, les chapiteaux, la construction en brique).

Construite au VIe siècle, sous le règne de Justinien, la basilique présente la forme octogonale d'origine, avec de larges volumes et une grande harmonie des lignes.

On accède à l'intérieur par deux portes : l'une alignée, l'autre oblique par rapport à l'abside. Par conséquent, l'ardica (ou narthex ou esonarthex), au lieu d'être tangentiel à la face avant de l'octogone, est disposée obliquement touchant un coin du périmètre.

A l'intérieur, superbes chapiteaux de colonnes de style byzantin, en forme de paniers et décorés de feuillages.

Au-dessus, la galerie du premier étage était réservée aux femmes. Et tout en haut, la voûte de la coupole centrale présente une fresque baroque (XVIIIe) peinte par Barozzi, Candolfi et le Vénitien Guarava.

Les chapiteaux, sculptés à Byzance, qui, ayant perdu leur forme gréco-romaine classique, prennent sur celui des paniers, perforés comme s’ils étaient de fragiles dentelles de marbre

Outre les célèbres mosaïques, la décoration intérieure est complétée par le marbre polychrome, les stucs et les balustrades finement ajourées de la galerie des femmes.

Des silhouettes zoomorphes et la Croix sont représentées . C'est une expérience mystique que l'on vit en observant le jeu de lumière qui se crée, un effet qui devait être plus grand lorsque la basilique était encore entièrement recouverte de mosaïques.

La splendeur de l'ensemble crée un effet scintillant qui semble annuler le poids de la construction dans une dimension presque surnaturelle.

Ceci est typique de la cour impériale byzantine, tandis que d'autres éléments, comme le dôme, une merveilleuse mosaïque de peintures extraordinaires, éclairées par des tubes d'argile, sont le résultat d'expériences italiennes tardives.

L'arc de l'abside a une signification impériale. Les deux aigles impériales soutiennent le monogramme stylisé (impérial constantinien) du Christ.

Au sol est représenté un labyrinthe, symbolisant le labyrinthe de l'âme, le chemin difficile de l'âme vers la purification.

La décoration de San Vitale montre toute la synthèse typique de la période justinienne dans le désir de certifier le fondement apostolique de l'église de Ravenne.

Elle montre aussi le pouvoir théocratique de l'Empire et la ligne de l'orthodoxie contre les hérésies, notamment nestoriennes, à travers la réaffirmation trinitaire et la préfiguration du Salut dans l'Écriture.

On ne peut s'empêcher de remarquer combien l'apparition des trois anges dans la scène d'Isaac doit être interprétée théologiquement comme une préfiguration des trois personnes de la Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit, et des scènes de sacrifice (Isaac, Abraham, Melchisédek) sont des préfigurations du sacrifice du Christ.

L'agneau mystique, au centre de la voûte du presbytère, entouré dans le ciel de l'Apocalypse de Jean, de vingt-sept étoiles, élevées en offrande par les quatre archanges (Michel, Gabriel, Raphaël, Uriel) est le point de départ de l'interprétation symbolique des cycles mosaïques, étant donné que, pour le sacrifice, Justinien offre le pain, Théodora le vin, Ecclesius l'église, Maximien la croix et l'encens.

Les vingt-sept étoiles, nombre trinitaire, sont des clés théologiques qui font référence à la lutte contre les hérésies. Les sources bibliques pour la Pâque chrétienne sont représentées pour l'Ancien Testament par les prophètes Isaïe (à droite) et Jérémie (à gauche), pour le Nouveau Testament par les quatre évangélistes : Matthieu , Marc, Luc, Jean.