Etape
77 - Basilica San'Apollinare Nuovo - Un incroyable mélange
de mosaïques
Mardi 31 octobre 2023. Le bandeau
le plus haut est orné d'une série de panneaux
entrecoupés du motif allégorique d'un pavillon aux
deux colombes. Les panneaux présentent des
scènes de la vie du Christ et sont particulièrement
détaillés, même si dans l'Antiquité
ils étaient encore plus hauts (en raison de l'affaissement
) et donc leur lecture était somme toute difficile.

Certaines scènes permettent
de mettre en évidence quelques évolutions de l'art
de la mosaïque à l'époque de Théodoric.
La scène du Christ séparant les brebis des
chevreaux rappelle celle du Bon Pasteur du mausolée de Galla
Placidia , mais les différences sont notables :
les figures ne sont plus disposées dans un espace en profondeur,
mais apparaissent écrasés les uns sur les autres,
avec de nombreuses simplifications.

Cette scène représente
la séparation du bien et du mal, exprimée
symboliquement par deux groupes de moutons et de chèvres,
flanqués respectivement de l'Ange du Bien, vêtu de
rouge, et de l'Ange du Mal, vêtu de bleu.

Dans la scène de la Dernière
Cène, le Christ et les apôtres sont représentés
de la même manière que les représentations romaines
des premiers chrétiens, et les proportions hiérarchiques
(le Christ plus grand que les autres figures) s'inscrivent dans
la tendance de l'Antiquité tardive « provinciale »
et « plébéienne ».

Le Christ est toujours représenté
vêtu d'une robe violette, jeune et imberbe selon l'usage
occidental, sauf dans les épisodes de la Passion,
où il apparaît avec une barbe, selon l'usage oriental.

La bande centrale est constituée
de panneaux entre les fenêtres qui encadrent des figures
solides de saints et de prophètes avec des robes ombragées
et doucement drapées.

La bande inférieure, la plus
large, est aussi la plus trafiquée. Sur le mur de
droite (en regardant vers l'autel), est représenté
le célèbre palais de Théodoric, reconnaissable
à l'écriture latine PALATIUM (Palais) dans la partie
inférieure du tympan.

Des draperies blanches et dorées
sont tendues entre une colonne et l'autre, couvrant les
ombres d'anciennes figures humaines laissées après
qu'une partie de la mosaïque ait été condamnée
à la destruction : toutes les figures humaines (presque
certainement Théodoric lui-même et les membres de sa
cour) ont été effacés et l'on peut
encore voir les grandes parties de couleur légèrement
différente et les traces incontestables sur les
colonnes blanches, où surgissent ici et là des mains.

Les colonnes qui soutiennent les arcs
du palais sont blanches et élancées et se terminent
par des chapiteaux de style corinthien typique. Au-dessus des arcs,
qui présentent des motifs d'anges tenant des festons floraux,
se trouve une longue série d'arcs surbaissés
protégés par des parapets et surmontés d'un
toit de tuiles. Il s'agissait probablement d'une longue terrasse
couverte.

Au-delà du Palais, vous pouvez
voir des basiliques ou des bâtiments à plan
central qui ont pour fonction de représenter synthétiquement
et symboliquement la ville de Ravenne.

Sur le mur opposé est représenté
le port de Classe, qui était à l'époque
le plus grand de toute l'Adriatique, ainsi que l'un des
principaux quartiers généraux de la flotte impériale
romaine.

A gauche, les morceaux de la mosaïque
composent la figure de trois bateaux alignés verticalement,
qui reposent sur l'eau bleue et calme du port, dans une insolite
perspective "à vol d'oiseau", qui met en valeur
leur largeur. Des deux côtés, ils sont protégés
par une paire de hautes tours en pierre.

En continuant vers la droite, on observe
les hautes et puissantes murailles crénelées de la
ville, à l'intérieur desquelles on aperçoit
divers édifices remarquablement stylisés :
un amphithéâtre, un portique, une basilique, une construction
civile à plan central couvert par un toit conique. Au-dessus
de la porte d'entrée de la ville, à l'extrême
droite, on lit les mots latins : CIVI[TAS] CLASSIS (Cité
de Classe).

Les processions opposées des
Saints Martyrs et des Saintes Vierges, toujours dans le registre
inférieur, ont été réalisées
à l'époque de la domination byzantine (quand Ravenne
était un exarchat dépendant de Constantinople) et
mettent en valeur certaines des caractéristiques de l'art
de l'Empire d'Orient telles que : la répétitivité
des gestes, la préciosité des vêtements, le
manque de volume.

Et encore : la frontalité absolue,
la fixité des regards, le quasi monochrome des fonds (un
or éclatant), l'utilisation d'éléments
végétaux à des fins purement de remplissage
et ornementales, l'absence de surface d'appui pour les personnages
qui, donc, semblent suspendus comme s'ils flottaient dans l'espace.
Les processions des Martyrs se déplacent de Ravenne vers
Jésus trônant parmi les anges.

Les saints martyrs, identifiés
par leur nom inscrit en haut, sont auréolés et portent
des toges blanches. En cheminant dans une prairie fleurie
et plantée de grands palmiers, recouverts de leur manteau
en signe d'offrande sacrée, ils offrent une précieuse
couronne, symbole du martyre.

De même, la théorie des
Vierges se déplace de la ville portuaire de Classe vers une
prairie fleurie avec de grands palmiers en arrière-plan.
Chaque vierge est identifiée par son nom, possède
une auréole et est vêtue de robes royales, tandis qu'elle
procède et offre, recouverte d'un voile en signe d'offrande
sacrée, une couronne précieuse, symbole du martyre.

À la fin de la procession, il
y a la représentation de l'Épiphanie, c'est-à-dire
l'apparition de la Vierge sur le trône avec l'Enfant Jésus
parmi quatre anges (milieu du VIe siècle ) aux trois
mages (portant une culotte, un manteau et un bonnet phrygien), qui
offrent leurs cadeaux, guidés par l'étoile.

L' abside a été détruite
par un tremblement de terre puis reconstruite, et pour cette raison
elle est totalement dépourvue de mosaïques (qui
devaient certainement être similaires à celles de l'église
du même nom de Classe).





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