Etape
30 - Padoue - Au hasard des rues du centre historique
Vendredi 27 octobre 2023. Padoue
est une ville unique en Vénitie avec son magnifique
centre historique au riche patrimoine architectural d'époque
médiévale et Renaissance, dans lequel se fond une
animation constante d'une ville moderne.

L'importante présence estudiantine
donne un cachet particulier à Padoue, beaucoup plus
"jeune" que les autres cités de Vénétie.

Une petite parenthèse historique
pour mieux connaître cette ville. Fondée selon
la légende par le prince troyen Antenor, la ville était
habitée depuis le XIIIe siècle avant J.-C.

Les Padouans défendirent la
République romaine à la bataille de Cannes et la ville
devint l'alliée fidèle de Rome.

Padoue devint si importante qu'on
prétendait qu'elle pouvait lever deux cent mille hommes.
En 89 av. J.-C., Gnaeus Pompeius Strabo octroya à la communauté
de Patavium le droit d'élire ses propres magistrats, d'intégrer
les légions romaines, d'occuper des fonctions donnant des
droits et plus tard d'obtenir la citoyenneté romaine de plein
droit.

En 49 av. J.-C., Jules César
donna à Padoue, en reconnaissance pour sa fidélité
à sa cause, la pleine citoyenneté romaine
octroyant à ses habitants les mêmes droits qu'aux citoyens
de Rome. Padoue est la ville natale de Tite-Live, Valerius
Flaccus, Asconius Pedianus et Thrasea Paetus.

Dans l'Antiquité tardive, Padoue,
comme le reste de l'Italie, eut à souffrir des Huns
qui attaquèrent la ville en 452.

La ville passa ensuite au pouvoir d'Odoacre
puis fut conquise par les Ostrogoths sous Totila et Théodoric
le Grand, avant de revenir en 540 à l'Empire romain
d'Orient lors des campagnes de Bélisaire et Narsès.
Padoue fit ensuite partie de la Venise maritime, avant d'échoir
aux Lombards à partir de 598.

Durant la période lombarde,
Padoue se révolte contre le roi Agilulf en 601 et
est réprimée dans le sang. La cité
ne s'était pas encore remise lorsque Charlemagne prit la
couronne des Lombards.

Pendant la domination franque la
ville dépendait du duché ou marquisat de Frioul, jusqu'en
828 lorsque la diète d'Aix-la-Chapelle scinda le marquisat
en quatre comtés dont l'un prit le nom de la ville.

Padoue devint ensuite une principauté
ecclésiastique gouvernée par ses évêques-comtes,
de Pietro Ier en 897 à Sinibaldo (1106-1124).

Pendant la querelle des Investitures
sa politique pencha pour le Saint-Empire romain germanique,
ses évêques étant pour la plupart d'origine
allemande.

Au début du XIe siècle
les citoyens Padouans s'opposèrent à leurs évêques-comtes,
établirent une constitution et instituèrent un conseil
général (assemblée législative) et une
credenza (assemblée exécutive). Et pendant
le siècle suivant, la ville fut en conflit avec Venise et
Vicence pour des droits d'eaux sur les fleuves Bacchiglione et Brenta.

Alors que la ville croissait en puissance
et en indépendance, de grandes familles, les Camposampiero,
D'Este et Da Romano, commencèrent à émerger
et à se partager les quartiers de la ville.

Afin de protéger leurs libertés,
les citoyens élurent un podestat. Leur premier choix
se porta sur un membre de la maison d'Este (vers 1175).

Les premiers succès de la Ligue
lombarde semblèrent renforcer la ville mais des rivalités
internes l'affaiblirent et en 1236 Frédéric
II de Hohenstaufen n'eut aucun mal à établir Ezzelino
III da Romano comme son vicaire à Padoue.

À sa mort en 1259 la ville connut
une courte période de prospérité, l'université
se développa, la construction de la basilique commença
et la ville exerça un contrôle sur sa rivale Vicence.
L'université fut fondée le 29 septembre 1222 à
la suite d'une installation à Padoue d'étudiants et
professeurs en provenance de l'université de Bologne.

Jusqu'en 1399 les disciplines enseignées
à l'Université de Padoue étaient le droit civil,
le droit canonique et la théologie (Universitas Iuristarum).
Après 1399 émerge l'Université des
artistes (Universitas Artistarum) qui enseigne l'astronomie, la
dialectique, la philosophie, la grammaire, la médecine et
la rhétorique. André Vésale, Albertino Mussato,
Le Tasse, Pic de la Mirandole, Nicolas Copernic et Galilée
fréquentèrent cet établissement. Galilée
y enseigne de 1592 à 1610.

La ville tombe en 1311 sous la domination
de Cangrande della Scala, seigneur de Vérone. Pour avoir
libéré la ville des Della Scala, Jacopo de Carrara
fut élu seigneur de Padoue en 1318. De cette date à
1408, à part les deux années (1388-1390) alors que
Jean Galéas Visconti dirige la ville, neuf membres de la
famille de Carrara se succédèrent comme seigneurs
de Padoue. Continuellement en guerre, ces seigneurs voient
leur pouvoir s'effacer devant les puissances montantes de la république
de Venise et des Visconti.

À partir de 1405 Padoue,
intégrée dans les Domaines vénitiens de la
Terre ferme, est gouvernée par un podestat civil et un capitaine
militaire, élus pour seize mois et adoubés par le
doge vénitien. La ville conservait ses lois datant de 1276
et 1362. Elle avait deux chambellans responsables du trésor
et déléguait tous les cinq ans un représentant
noble à Venise pour y représenter ses intérêts.

Durant une brève période,
pendant la guerre de la Ligue de Cambrai en 1509, la ville changea
de mains. Le 10 décembre 1508, les représentants
de la papauté, de la France, du Saint-Empire romain germanique
et de Ferdinand II d'Aragon conclurent une alliance, la Ligue de
Cambrai, contre la République vénitienne. L'accord
prévoyait de confisquer à Venise ses domaines de la
Terre ferme et de les partager entre les signataires : l'empereur
Maximilien Ier de Habsbourg devait recevoir, entre autres, Padoue
et Vérone.

Ainsi, en 1509, Padoue passe quelques
semaines sous le contrôle des partisans de l'Empire. Mais
les troupes vénitiennes récupèrent rapidement
la ville, et, entre 1507 et 1544, Venise construisit à Padoue
de nouveaux remparts, munis de tours et de portes monumentales.

Entre le xvie siècle et le xviie
siècle, la ville de Padoue était peuplée
en grande partie par des Juifs qui habitaient un ghetto édifié
en 1516. Il fut le théâtre de violences dirigées
contre ses citoyens juifs, dont une partie faillit se faire lyncher.

En 1797, la république de Venise
disparaît au traité de Campo-Formio et Padoue est cédée
à l'Empire autrichien. Napoléon Bonaparte
conclut la paix avec l'Autriche qui cède la Belgique et les
Îles Ioniennes à la France qui obtient la mainmise
sur l'Italie et sur la rive gauche du Rhin. Mais il rompt ces accords
et institue un royaume d'Italie (1805-1814) dont Padoue fait partie.

Après la chute de Napoléon,
au congrès de Vienne, en 1815, la ville fait partie
du royaume de Lombardie-Vénétie, lui-même composante
de l'empire d'Autriche. Sous la domination autrichienne
commence le développement industriel de Padoue : l'une des
premières lignes ferroviaires d'Italie, Padoue-Venise, est
construite en 1845.

Les Habsbourg sont impopulaires auprès
des milieux progressistes et nationalistes italiens. À
Padoue, l'année des révolutions voit une révolte
étudiante qui se déroule le 8 février 1848
au cours de laquelle les étudiants et les Padouans ordinaires
combattent côte à côte. En 1866, le royaume d'Italie
(1861-1946) profite de la défaite autrichienne de Sadowa
pour se faire céder le royaume de Lombardie-Vénétie
: Padoue devient italienne.

La ville prospère au cours des
décennies suivantes à la fois économiquement
et socialement, en développant son industrie, un
important marché agricole et en ayant le très important
centre culturel et technologique de l'Université.
C'est aussi une ville de garnison, avec un grand commandement militaire
et de nombreux régiments.



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