Etape 84 - Casa
de la Moneda - Les trésors de la pinacothèque
Mercredi 26 juin 2019.
Enfin, il est 15 heures. Nous avons rendez-vous avec le
plus grand et le plus important bâtiment civil colonial de
toute l'Amérique : la Casa Nacional de la Moneda***.
C'est dire l'importance de la ville de Potosi dans l'histoire de
l'empire colonial espagnol. Mais avant d'aborder ce thème,
je file tout droit à la pinacothèque qui renferme
quelques uns des plus beaux trésors de l'art pictural de
l'Amérique espagnole. Ces multiples représentations
de la vierge dont la robe représente le Cerro Rico, montagne
riche qui semble tout à la fois dominer et régner
sur le monde en épousant la stature de la Pacha Mama, la
terre-mère si chère à la communauté
indigène. En voici quelques unes des plus belles
représentations. Tout simplement inouï.

Croire que le christiannisme, au vu des églises
pleines et de la ferveur qui accompagne chacune des visites du pape
en Amérique du Sud, s'est imposé facilement à
la communauté indienne serait faire fausse route. Loins de
là. Et il faut bien le dire, les indigènes
ne se sont jamais vraiment faits au christinanisme. Car comment
croire en une religion enseignées par des Espagnols qui les
volaient et accumulaient les richesses tout en prônant la
charité ?

Le christianisme est par essence, contraire
aux religions précolombiennes, pour qui la nature et les
esprits prévalent sur tout, quand la religion catholique
vient expliquer l'hégémonie de l'homme sur la nature.
Les chrétiens placent Dieu au-dessus de tout
quand les indigènes adorent la lune, le soleil, la terre
et tous les éléments.

Pour remédier à ce rejet,
les missionnaires espagnols ont alors eu l'idée d'adapter
le dogme chrétien aux croyances de la population. Ainsi,
la Vierge est-elle souvent devenue la Pacha Mama. La terre nourricière.
La mère du monde. Un Christ solaire, une Vierge lunaire...
et alors ? Peu à peu, génération après
génération, paganisme originel et catholicisme se
sont étroitement mêlés, donnant jour à
une pleïade de syncrétismes.

Ces représentations de la
Vierge en terre-mère, en Pacha Mama dont la robe épouse
les contours du Cerro Rico en sont le plus incroyable exemple.
Il faut aller à Potosi, traverser les couloirs de
cette pinacothèque pour enfin comprendre les croyances de
l'Amérique latine d'aujourd'hui. A des années-lumières
de notre culture judéo-chrétienne européenne.

Il faut donc se pencher sur chaque
représentation, admirer tous ses détails, voir par
exemple comment les feuilles, les fleurs et la nature tropicale
entoure les liserés de la vierge Pacha Mama.

Il faut observer comment le visage
de la Vierge, si immaculé en occident, a ici bruni, épousant
la couleur des indigènes soumis par les Espagnols. Tout
ici rappelle l'exubérance des Amériques, de sa nature
indomptée, mais aussi de ses trésors, ces pierres
précieuses extraites des nombreuses mines du continent qui
viennent incruster la robe de la vierge....




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