Etape
70 - Paris - L'incroyable splendeur de la Sainte-Chapelle
Jeudi 14 mars 2019. Après
cette petite excursion dans les allées du Louvre, je veux
profiter de cette petite journée à Paris pour
me rendre dans un lieu que peu de touristes prennent la peine de
visiter, et pourtant sans doute l'un des plus beaux monuments
à visiter quand on se rend à la capitale : la
Sainte-Chapelle***, à deux pas de Notre-Dame, sur l'île
de la Cité.

La Sainte-Chapelle, dite aussi Sainte-Chapelle
du Palais, est une chapelle palatine édifiée
sur l’île de la Cité, à Paris, à
la demande de saint Louis afin d’abriter la Sainte Couronne
d’épines, un morceau de la Vraie Croix, ainsi
que diverses autres reliques de la Passion qu’il avait acquises
à partir de 1239.

Elle est la première
construite des Saintes chapelles, conçue comme une vaste
châsse presque entièrement vitrée, et se distingue
par l'élégance et la hardiesse de son architecture,
qui se manifeste dans une élévation importante et
la suppression quasi totale des murs au niveau des fenêtres
de la chapelle haute.

Bien qu'édifiée dans
un bref délai ne dépassant pas sept ans,
l'on n'a pas relevé de défauts de construction, et
la décoration n'a pas été négligée.

Elle fait notamment appel à
la sculpture, la peinture et l'art du vitrail : ce sont
ses immenses vitraux historiés d'origine qui font
aujourd'hui la richesse de la Sainte-Chapelle, car elle a été
privée de ses reliques à la Révolution française,
et perdu ainsi sa principale raison d'être.

Desservie par un collège
de chanoines jusqu'en 1787, la Sainte-Chapelle a été
fermée au culte vers 1790, puis vidée de tout son
contenu et détournée en siège du Club de la
Sainte-Chapelle.

En 1797, elle est transformée
en dépôt d'archives du palais de justice,
et l'expansion de celui-ci menace son existence même. Son
sauvetage est décidé en 1836 sous la pression de l'opinion
publique, et sa restauration est lancée un an plus
tard et dure vingt-six ans.

En tant qu'édifice emblématique
du style gothique rayonnant, la Sainte-Chapelle est classée
monument historique par liste de 1862, un an avant l'achèvement
de sa restauration, qui est l'une des plus réussies de son
temps.

Avec la Conciergerie, la Sainte-Chapelle
constitue l'un des vestiges du palais de la Cité, qui s’étendait
sur le site couvrant l’actuel palais de justice.

Il ne faut surtout pas perdre à
l'esprit que cette Sainte Chapelle a été élevée
pour accueillir d'importantes reliques du Christ ramenée
par Saint-Louis au cours d'une de ses croisades.

Il faut donc faire un rapide historique
de ces reliques. Lors du siège de Constantinople
en 1204, Baudouin VI de Hainaut accapare tout ce qu'il peut trouver
dans le palais de Boucoléon, dont la Vraie Croix et la Sainte
Couronne. Ces insignes reliques ne sont pas vendues dans
un premier temps, mais demeurent au domicile de l'empereur
latin et se transmettent à ses successeurs.

En 1237, le dernier empereur
latin de Constantinople Baudouin II de Courtenay arrive en France
dans le cadre d'un voyage européen ayant pour but de trouver
des alliés pour l'aider à affronter les Bulgares qui
assiègent Constantinople.

Afin de financer la défense
de son empire, Baudouin remet en gage la Sainte Couronne
en septembre 1238, à Nicolo Quirino, un marchand vénitien
proche du doge de Venise. Il est prévu que le marchand
ne devienne propriétaire de la relique que si Baudouin
ne parvenait pas à le rembourser dans les quatre mois.

Peu enclin à une aide militaire,
Saint Louis se montre en revanche intéressé
par l'achat de la Sainte Couronne. Après une série
de pourparlers afin de vérifier l'authenticité de
la relique, il acquiert la Sainte Couronne pour 135 000
livres tournois, plus de la moitié du revenu annuel du domaine
royal, qui, selon de Wailly, pour les seuls revenus ordinaires,
s'élevait en 1238 à 235.85 livres parisis.

Sous la conduite des prêcheurs
dominicains Jacques et André de Longjumeau, la relique
prend la route de la France en 1239. Le 10 août 1239, elle
fait une entrée solennelle à Villeneuve-l'Archevêque
(Champagne), puis le cortège s'arrête à Sens
le jour suivant.

Le roi, son frère Robert
Ier d'Artois, évêque du Puy, leur mère Blanche
de Castille et l'archevêque de Sens, Guillaume Cornut, vont
à la rencontre du cortège et vérifient les
sceaux, qui garantissent l'authenticité de la relique.
Le roi dépose le sien. Ensuite le voyage se poursuit
par voie fluviale.

Le 18 août, la Sainte-Couronne
entre à Paris, en la présence d'une grande foule de
spectateurs et l'ensemble du clergé de la capitale.

Lors d'une grande cérémonie
qui se tient le lendemain, la relique est déposée
en la chapelle Saint-Nicolas du palais de la Cité.

Deux ans plus tard, en 1241,
le roi poursuit son ambition en se portant acquéreur d'un
large morceau de la Sainte Croix et de sept autres reliques de la
Passion du Christ, notamment le Saint Sang et la Pierre
du Sépulcre.

L'année suivante, ce sont des
morceaux de la Sainte Lance et de la Sainte Éponge qui sont
ajoutés à la Sainte Collection.

Fort de l'acquisition de cette collection
de reliques, saint Louis décide de l'édification
d'une chapelle conçue comme une véritable châsse
pour la vénération des reliques.

Il n'a toutefois pas l'intention d'en
faire un sanctuaire national ou un lieu de pèlerinage
de premier ordre, ce qui est exprimé par l'absence d'accès
extérieur à la chapelle haute, lieu d'exposition
de la grande châsse.

Le nouvel édifice prend place
dans le Palais de la Cité, principal lieu de résidence
de saint Louis avec Vincennes, et remplace l'ancienne chapelle Saint-Nicolas
qui est alors détruite.

Le choix d'une implantation au sein
du Palais n'est pas anodin : il affirme le lien sacré
entre les reliques et la couronne royale, comme le faisaient les
empereurs byzantins et germaniques, avec respectivement
les chapelles des palais de Boucoléon et d'Aix-la-Chapelle.



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