Etape 44 - Paris - Au coeur du musée d'Orsay
Mercredi 5 décembre 2018.
Je commence ma visite du musée d'Orsay***
naturellement par la grande galerie qui abrite quelques
unes des plus belles sculptures du XIXe siècle, de Rodin
à Carpeaux, en passant par Camille Claudel. Commençons
donc par l'oeuvre magitrale de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875),
Ugolin.

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Carpeaux s'inspire du chant XXXIII de la Divine Comédie de Dante, qui relate la rencontre aux Enfers de l'écrivain, conduit par Virgile, avec Ugolino della Gherardesca. Le comte interrogé, raconte le châtiment qu'il a subi. Au XIIIe siècle à Pise, après avoir trahi le parti des Gibelins, favorables à l'Empereur dans sa lutte contre le Pape, quant à lui soutenu par les Guelfes, Ugolin est enfermé dans une tour. Son rival, l'archevêque Ubaldini, le condamne à mourir de faim en prison. Selon la légende, Ugolin aurait succombé après avoir mangé ses fils et ses petits fils enfermés avec lui. |
Carpeaux réalise ce groupe sculpté de 1857 à 1861 en dépassant les limites fixées à son séjour à la villa Médicis. L'artiste n'a pas respecté les normes académiques imposant une ou deux figures seulement et un sujet tiré de l'Antiquité ou de l'Histoire Sainte. Négligeant les reproches, il a préféré "exprimer les passions les plus violentes et y attacher la tendresse la plus délicate", comme il le précise dans une lettre à un ami. |
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Chaque enfant représente une étape vers la mort. L'expression de douleur et d'angoisse du père : le visage, les mains et les pieds crispés, le modelé nerveux du corps et en particulier du dos, attestent de l'étude attentive par Carpeaux du Laocoon antique, de Michel-Ange et du Radeau de la Méduse de Géricault.

A voir également cette magnifique série qui commence par l'oeuvre de Charles Cordier (1827-1905), Nègre du Soudan, dit aussi Nègre en costume algérien. En 1847, Charles Cordier rencontre un modèle africain, ancien esclave, qui le frappe par sa beauté, et en fait le portrait. Il décide alors de consacrer sa carrière de sculpteur à représenter la diversité des physionomies humaines. De son voyage en Algérie en 1856, il rapporte de nombreux bustes. C'est sous ce titre, Nègre du Soudan, que Cordier montre ce portrait au Salon de 1857. C'est une des premières réalisations polychromes du sculpteur. Le visage est en bronze, le manteau et le turban sont en marbre-onyx d'Algérie, matériau utilisé pendant l' Antiquité dont les carrières venaient d'être redécouvertes. Il se caractérise par ses couleurs allant du rouge au blanc et par les veines qui en traversent les blocs. Cordier en tire parti pour rendre le chatoiement des étoffes orientales. Il utilise aussi les possibilités de couleur qu'offre le bronze. Ainsi, la surface métallique du Nègre du Soudan a d'abord été argentée, puis oxydée, ce qui a eu pour effet de la noircir. Ces jeux colorés sont tout à fait nouveaux pour le goût de l'époque, habitué, comme dans cette nef du musée d'Orsay, à voir des sculptures en marbre blanc ou en bronze.

De Cordier encore, cette magnifique Capresse des colonies. Buste en onyx et bronze patiné et doré sur piédouche en marbre cervelas rose. Réalisé en 1861.

Et toujours de Cordier, ce sublime Arabe d'El Aghouat en burnous. Buste en bronze et onyx sur piédouche en porphyre des Vosges. Réalisé autour de 1856.


Les quatre parties du monde soutenant la sphère céleste, de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875). Le baron Haussmann, le préfet de Paris qui a donné à la ville le visage qu'on lui voit aujourd'hui, commande à Carpeaux en 1867 une fontaine pour le jardin de l'Observatoire. Le sculpteur choisit de représenter les quatre parties du monde tournant autour de la sphère céleste. Non seulement les quatre allégories dansent une ronde, mais en outre elles tournoient sur elles-mêmes. L'Europe pose à peine les pieds par terre, l'Asie, avec sa longue natte, est presque de dos, l'Afrique est de trois-quarts, l'Amérique, coiffée de plumes, a le corps de profil et le visage de face. Ce goût pour le mouvement est l'une des caractéristiques de l'art de Carpeaux. Sa nature passionnée était tout le contraire du calme néo-classique. Ce n'est qu'en 1874, un an avant la mort de Carpeaux, que la fontaine est mise en place après avoir été coulée en bronze.

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Le prince impérial et son chien Néro, toujours de de Jean-Baptiste Carpeaux. Le fils unique de l'empereur Napoléon III et de l'impératrice Eugénie de Montijo est représenté en compagnie du chien de l'Empereur.
Le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux connaît bien le jeune prince, âgé de huit ans, à qui il donne des cours de dessin. Il le fait poser en alternance avec un autre garçon sur lequel le sculpteur étudie le costume. Il donne de l'héritier de l'Empire l'image naturelle d'un enfant de la bonne société de son époque, mais sans attribut impérial ni costume officiel. Il illustre ainsi l'importance nouvelle accordée à l'enfant au sein de la famille. Le prince impérial conut une fin tragique. Il fut tué par les Zoulous en 1879 en Afrique du Sud. |



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