Etape 22 - Quartier latin - Au coeur du jardin du Luxembourg
Mercredi 28 décembre 2016. Les jardins du Luxembourg***, voilà un de mes endroits préférés de Paris. Certains s'imaginent, par la modernité de quelques sculptures, que ces jardins datent tout au plus de deux siècles... Mais il n'en est rien ! Bien au contraire.

Pour s'en convaincre, il vous faudra jeter un petit coup d'oeil sur la discrète fontaine Médicis... pour comprendre que ces jardins datent en effet de l'époque de la grande Marie de Medicis. Car, c'est bien l'épouse et la veuve d'Henri IV, mère de Louis XIII, et régente de France de 1610 à 1614, qui ordonna la création de ces jardins. A coup sûr, les plus beaux de Paris.

Au début du XVIIe siècle, le quartier qui s'étend au pied de la montagne Sainte-Geneviève est composé de séminaires, couvents, collèges et hôtels particuliers, parmi lesquels celui du duc de Piney-Luxembourg. Lorsque Marie de Médicis décide de quitter le palais du Louvre, elle pense à cette propriété où le jeune Louis XIII s'initiait à la chasse. Les huit hectares de terrain qui entouraient la demeure permettaient à Marie de Médicis d'édifier le vaste jardin florentin dont elle rêvait.

Le corps de logis n'étant pas digne de son rang, elle fait appel à l'architecte Salomon de Brosse pour l'édification d'un palais inspiré du palais Pitti de Florence. Pour la décoration, la régente s'adresse à des artistes italiens, français et flamands. Ainsi, elle fait venir Pierre Paul Rubens à Paris en 1622 pour qu'il réalise vingt-quatre tableaux retraçant les principaux épisodes de sa vie ; treize seulement furent réalisés. C'est ainsi que fut édifié le palais du Luxembourg, qui abrite aujourd'hui le Sénat.

Le jardin s'ouvrait magnifiquement devant le nouveau palais, mais ne pouvait se prolonger dans la logique perspective de la façade puisque le couvent des Chartreux se dressait à peu de distance. Richelieu exerce des pressions qui permettent de repousser le mur d'une centaine de mètres, mais en dépit de son pouvoir, Marie de Médicis échoue à faire déplacer les religieux. C'est ainsi que le parc dut s'étendre sur un des flancs du palais.

Ainsi, sur le plan de Gomboust, réalisé en 1629, le jardin s'étend sur 300 mètres à peine devant l'édifice, tandis que, d'est en ouest, il occupe plus d'un kilomètre, depuis l'actuel boulevard Saint-Michel jusqu'à l'actuel boulevard Raspail. C'est donc dans ce sens transversal que courait la grande allée qui, deux siècles plus tard, après la suppression de la partie occidentale du jardin, est à l'origine de la rue de Fleurus.

Il faut imaginer aujourd'hui, à la place du grand parterre, les jardins à litalienne commandées par Marie de Médicis. Les plantations commencent en 1612, dès le lendemain de l'achat des terrains. Au pied du palais, autour d'une fontaine centrale, Boyceau dessine une série de parterres symétriques. Pour faciliter l'admiration de ce travail, le jardin est entouré d'un double déambulatoire surélevé, qui adopte la forme d'une terrasse à l'italienne.

Après la mort de Marie de Médicis, en 1642, le palais du Luxembourg et son jardin changent de mains à de nombreuses reprises. En 1778, le comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII, reçoit le Luxembourg. Pour financer les travaux de restauration du palais, endommagé par ses occupants successifs, il aliène le tiers ouest du jardin, qui incluait l'allée des Philosophes, fréquentée par Rousseau en 1741, et la promenade des Soupirs, refuge des amoureux. C'est ainsi que l'on ouvre la rue du Luxembourg, aujourd'hui rue Guynemer, qui fixe la limite occidentale définitive du jardin.

À la Révolution, le palais transformé en prison (Danton, Desmoulins, Fabre d'Églantine, David, y sont détenus), le jardin est à l'abandon, seulement fréquenté par les familles des prisonniers qui cherchent à communiquer avec les leurs. Le couvent des Chartreux est réquisitionné, le mur qui obstruait la perspective vers l'Observatoire est abattu et les 26 hectares que possédaient les religieux sont annexés. En 1795, c'est le Directoire qui prend place dans le palais. Les directeurs s'installent au Petit Luxembourg, sauf Barras qui occupa l'ancien appartement royal dans l'aile ouest.

Durant les premières années du XIXe siècle, Jean-François-Thérèse Chalgrin trace l'avenue de l'Observatoire sur les anciennes terres des Chartreux. Il remodèle aussi le jardinet et fait les décorations florales que nous connaissons aujourd'hui. Les terrasses intermédiaires de Francine sont couvertes par un talus, des perrons donnent accès à l'unique terrasse restante, la grotte de Médicis est remodelée et le bassin encadré de pelouses en demi-cercle. Au sud, il compense une dénivellation par la création d'un perron décoré de statues.

Après le coup d'État du 18 brumaire, le palais est affecté au Sénat de l'Empire. Napoléon Ier souhaite que le jardin soit destiné aux enfants ; le Luxembourg est alors aménagé en conséquence avec des kiosques, des jeux, et bientôt les premières voitures à chèvres. À partir de 1836, des travaux d'agrandissement de l'hémicycle contraignent à déplacer les parterres d'une trentaine de mètres. Les statues des reines remplacent les anciennes, trop dégradées.


Le jardin abrite 106 statues, parmi lesquelles : L'Acteur grec, Le Cri, l'Écrit, Le Faune dansant, Harde de cerfs écoutant le rapproché, Monument à Antoine Watteau et la série de vingt statues Reines de France et Femmes illustres***.


Les deux fontaines du jardin sont la fontaine Médicis, le long de la rue de Médicis et le Monument à Eugène Delacroix, contre le Petit Luxembourg.






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