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Paris - Ville de lumière

Etape 41 - Paris - Au pied des fontaines de la Concorde

Mercredi 5 décembre 2018. Retour sur la place de la Concorde***. Et cette fois, j'ai un peu plus de temps, il fait beau, pour raconter l'histoire de cette place située à l'extrémité orientale des Champs Elysées. Une place dominée, outre par son obélisque (j'y reviendrai), mais surtout par ses fontaines absolument magnifiques.

Place à l'histoire donc. Au XVIIIe siècle, la place de la Concorde n'était qu'une esplanade entourée, à moitié d'un fossé qui servait de magasin pour les marbres et communiquait par une barrière, un poste de gabelle et le port aux marbres. Deux grands égouts découverts traversaient les deux extrémités de ce terrain, l'un coulant dans le fossé des Tuileries, l'autre le long des Champs-Élysées... Rien de bien flamboyant à l'époque.

Tout change quand la Ville de Paris, en la personne de ses échevins et de son prévôt des marchands, décide, en 1748, d'ériger une statue équestre de Louis XV pour fêter le rétablissement du roi après la maladie dont il a été atteint à Metz. Un concours est lancé pour trouver le meilleur emplacement, concours auquel participent dix-neuf architectes...

L'un d'eux, Ange-Jacques Gabriel, propose de retenir une simple esplanade de terre battue, sans fonction, sans dessin, qui se situe au bout du jardin des Tuileries, et qu'on appelle « esplanade du Pont-Tournant », en référence à un pont de bois qui enjambe alors le fossé bordant la terrasse des Tuileries. Bien qu'excentré, l'endroit peut servir à l'urbanisation des nouveaux quartiers qui tendent à se construire vers l'ouest de la capitale, dans le faubourg Saint-Honoré.

Le Roi est propriétaire de l'essentiel de ces terrains, ce qui permet de limiter les expropriations nécessaires. Avant même que la décision ait été officiellement prise, des négociations ont été engagées avec les héritiers de John Law, propriétaires de terrains qui empiètent sur l'emplacement nécessaire à la création, à cet endroit, d'une place royale, inscrite dans le vaste réseau de places royales qui fleurissent partout en France. Espaces de parade pour la statue, ces places se développent selon un principe qui va rester, à Paris, très ouvert, parce qu'il s'inscrit dans une zone encore vierge d'urbanisation. Valorisée par les façades dessinées par Gabriel, la place Louis XV devient un intermède architectural entre les frondaisons des Tuileries et les Champs-Élysées.

En 1753, un concours est ouvert pour l'aménagement de l'esplanade. Gabriel, en sa qualité de Premier architecte du Roi, est chargé d'établir un projet empruntant les meilleures idées émises par les concurrents. Bénéficiant du soutien de Madame de Pompadour, qui supervisera l'ensemble des travaux, son projet est accepté en 1755. L'accord entre la Ville de Paris, les représentants du Roi et les héritiers de Law est signé en 1758. En échange des terrains qu'ils cèdent, les héritiers recevront le bâtiment situé au nord-ouest de la place ainsi que les terrains à construire de part et d'autre de la future rue Royale.

Commencée par Edme Bouchardon et achevée par Jean-Baptiste Pigalle, la statue équestre de Louis XV est inaugurée le 20 juin 1763. Elle est placée au centre de l'esplanade, face à l'est, à l'intersection de l'axe de la nouvelle rue Royale, qui relie la Madeleine à la Seine, et de l'axe du jardin des Tuileries et de l'avenue des Champs-Élysées. Le roi est vêtu à la romaine, coiffé d'un catogan et couronné de lauriers. Le piédestal est orné de bas-reliefs et, à chaque angle, d'une statue de bronze évoquant les vertus du Roi : la Force, la Justice, la Prudence et la Paix.

Ce n'est qu'en 1772 que la place est achevée. Une enceinte octogonale, pourvue d'une balustrade, bordée de fossés de 20 mètres de large et cantonnée de guérites, est créée pour ceindre ce vaste espace. Seul le côté nord de la place est bâti, ce qui dégage la vue sur la Seine. Une partie du programme ne sera toutefois jamais réalisée : ainsi, Gabriel avait prévu de surmonter les guérites de groupes sculptés représentant des trophées, et de créer deux fontaines de part et d'autre de la statue ; en outre, les deux grands bâtiments au nord de la place devaient être encadrés, légèrement en retrait, par deux hôtels plus petits et identiques. La place est baptisée « place Louis XV ». En 1776, l'espace intérieur est divisé en quatre compartiments de gazon entourés de barrières peintes en vert.

Arrive 1789. L'architecte Bernard Poyet propose au roi un aménagement de la place Louis XV avec l'édification de bâtiments aux quatre angles de la place. L'opéra eût été installé dans le bâtiment du nord-est, mais ce projet n'a pas de suite...

Au temps de la Révolution française, la place est le lieu de passage obligé pour des convois, qu'ils soient improvisés ou ritualisés par le protocole des fêtes. Elle sera l'un des grands lieux de rassemblement de la période révolutionnaire, surtout lorsque la guillotine y sera installée. C'est aussi là que Louis XVI et Marie-Antoinette ont été exécutés.

Dès le 12 juillet 1789, les bustes de Jacques Necker et de Philippe d'Orléans y sont exhibés ; le prince de Lambesc et ses dragons chargent les manifestants. Le lendemain, la foule pille les armes du Garde-meuble (situé dans le bâtiment nord-est) pour « aller à la Bastille ». Le 6 octobre, Louis XVI, Marie-Antoinette et le dauphin (futur Louis XVII), ramenés de Versailles à Paris par le peuple, font leur entrée au palais des Tuileries en traversant la place Louis-XV.

Le 11 août 1792, lendemain de l'abolition de la monarchie, la statue équestre de Louis XV est renversée de son piédestal puis envoyée à la fonte. À cette occasion, la place Louis XV est rebaptisée « place de la Révolution ». Le 10 août 1793, sur le piédestal de l'ancienne statue de Louis XV, resté vide pendant un an, est érigée une Statue de la Liberté de François-Frédéric Lemot, effigie de plâtre représentant la Liberté coiffée d'un bonnet rouge et tenant une pique dans la main droite. Elle fut retirée en juin 1800.

La guillotine y est provisoirement déplacée depuis la place du Carrousel en octobre 1792, pour y décapiter, sur le lieu même de leur forfait, certains des voleurs du diamant bleu de la Couronne. Elle réapparaît ponctuellement le 21 janvier 1793 pour l'exécution de Louis XVI ; unique cas où elle est dressée à l'ouest de la place, à mi-distance du piédestal central et de l'entrée des Champs-Élysées. C'est enfin le 11 mai 1793 qu'elle s'y fixe à demeure, pour y rester jusqu'au 9 juin 1794, veille de l'instauration de la loi du 22 prairial an II instaurant la grande Terreur, et cette fois à l'est de la place, entre le centre et l'entrée du jardin des Tuileries.

Sur les 2.498 personnes guillotinées à Paris pendant la Révolution, 1.119 le sont place de la Révolution. Parmi elles, outre Louis XVI, on retiendra les noms de Marie-Antoinette, Charlotte Corday, madame Roland, les Girondins, Philippe d'Orléans, madame Du Barry, Danton, Malesherbes et Lavoisier…

Après être restée quatre jours place Antoine (actuelle place de la Bastille), la guillotine est transférée le 13 juin 1794 place du Trône-renversé (actuelle place de la Nation) et ne revient place de la Révolution que pour l'exécution de Maximilien de Robespierre et ses amis (10 thermidor an II – 28 juillet 1794). Le 30 juillet 1794, la guillotine est ramenée place de Grève qui était son emplacement initial entre le 25 avril et le 21 août 1792. Le 25 octobre 1795, dernier jour de la Convention et veille de l'instauration du Directoire, le gouvernement décide de rebaptiser la place de la Révolution « place de la Concorde »

Marquée par le souvenir sanglant de la Terreur et de l'exécution de la famille royale, la place de la Concorde pose un problème politique aux gouvernements du XIXe siècle. La statue de la Liberté ayant été retirée sous le Consulat, et les projets consistant à édifier une statue de Charlemagne, puis une fontaine, ayant été abandonnés, c'est finalement Louis XVIII qui envisage de bâtir au centre de la place un monument à la mémoire de son frère Louis XVI : la statue du roi martyr, encadrée d'une chapelle et d'un saule pleureur. Charles X pose la première pierre le 3 mai 1826. La même année, la place de la Concorde est rebaptisée « place Louis XVI ». Mais la statue projetée ne sera jamais élevée, interrompue par la révolution de juillet 1830, qui redonne à la place son nom définitif de « place de la Concorde ».

En 1831, le vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali, offre à la France les deux obélisques qui marquent alors l'entrée du temple de Louxor à Thèbes. Seul le premier d'entre eux sera transporté vers la France et arrivera à Paris le 21 décembre 1833. C'est Louis-Philippe qui décide de l'ériger sur la place de la Concorde où « il ne rappellera aucun événement politique ».

L'opération, véritable prouesse technique, est réalisée le 25 octobre 1836 sous la direction de l'ingénieur de la marine Apollinaire Lebas, en présence de plus de 200.000 personnes. Le roi et la famille royale, incertains du succès de l'opération, ont préféré y assister depuis les salons de l'hôtel du Garde-meuble, ne paraissant sur le balcon que pour recueillir les applaudissements de la foule au moment précis où le monolithe se dresse à la verticale.

Entre 1836 et 1846, la place est transformée par l'architecte Jacques-Ignace Hittorff qui conserve le principe imaginé par Gabriel. Il ajoute deux fontaines (qui ont l'audace d'être en fonte de fer) monumentales de part et d'autre de l'obélisque et ceinture la place de lampadaires et de colonnes rostrales. La place se veut ainsi une célébration du génie naval de la France, en référence à la présence, dans l'un des deux hôtels édifiés par Gabriel, du ministère de la Marine.

Les deux fontaines — inaugurées le 1er mai 1840 par le préfet Rambuteau — célèbrent la navigation fluviale (fontaine nord, avec des figures assises représentant le Rhin et le Rhône et les récoltes de raisins et de blé) et la navigation maritime (fontaine sud, avec la Méditerranée, l'océan et la pêche). 

Pour la réalisation des statues ornant ces fontaines, l'architecte fera appel à de nombreux artistes. Les colonnes rostrales portent des proues de navire, qui évoquent également l'emblème de la Ville de Paris. Les statues allégoriques de huit villes françaises dessinent le contour de l'octogone imaginé par Gabriel. Celle évoquant Strasbourg, par James Pradier est drapée de noir à partir de 1871, date du rattachement de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne.

La place de la Concorde***, avec son sol, ses fontaines, ses statues, ses guérites, ses balustrades, ses colonnes et ses lampadaires fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 23 mars 1937.

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 
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