Etape
56 - Musée du Louvre - Portraits de la peinture de genre
Mercredi 3 avril 2019. Comment
visiter les collections consacrées aux grands peintres hollandais
et maîtres de la peinture de genre sans évoquer Rembrandt
? Je commence donc par Vénus et amour, de Rembrandt
(vers 1640-1650).
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Cette oeuvre
de Rambrandt a été saisie chez
la duchesse de Noailles, née Catherine de Cossé-Brissac,
Paris, 1794. Rembrandt, né à Leyde le
15 juillet 1606 ou 1607 et mort à Amsterdam le 4 octobre
1669, est généralement considéré
comme l'un des plus grands peintres de l'histoire
de la peinture, notamment de la peinture baroque, et l'un
des plus importants peintres de l'École hollandaise
du XVIIe siècle. |
Rembrandt a également réalisé
des gravures et des dessins et est l'un des plus importants
aquafortistes de l'histoire. Il a vécu pendant ce
que les historiens appellent le siècle d'or néerlandais
(approximativement le XVIIe siècle), durant lequel culture,
sciences, commerce et influence politique des Pays-Bas ont atteint
leur apogée.

Puis voici, ce sublime Autoportrait
tête nue, de Rembandt (1633). Tableau déjà
présent au Louvre au début du XIXe siècle mais
sans origine précisée. Par sa pose, cet autoportrait
est un hommage aux peintres de la Renaissance. Rembrandt peignait
des autoportraits, non par introspection, mais afin d'étudier
le rendu des chairs, de la lumière, des expressions...
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Rembrandt a
réalisé près de 400 peintures
et 300 dessins. La centaine d'autoportraits qu'il a réalisés
tout au long de sa carrière permettent de suivre son
parcours personnel. Une des caractéristiques
majeures de son œuvre est l'utilisation de la
lumière et de l'obscurité (technique du clair-obscur
inspirée du Caravage) qui attire le regard par le jeu
de contrastes appuyés. |
Rembrandt est aussi connu pour la matérialité
de sa peinture et son style rugueux, en opposition avec le style
lisse et fini de ses contemporains.

Rembrandt, Autoportrait de
l'artiste à la toque et à la chaîne d'or (1633).
Format ovale d'origine. Belle affirmation d'un peintre se
posant en rival de Van Dyck !
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Les autoportraits
de Rembrandt sont un ensemble de tableaux, de gravures et
de dessins représentant l'artiste néerlandais
pendant une période couvrant quarante ans de
sa vie, de 16281 à sa mort (1669). |
Rembrandt, Saint Matthieu et l'ange (1661).
Austère et sombre, à première
vue « Saint Matthieu et l’ange » de Rembrant
n’attire pas mais il faut s’y arrêter pour goûter
le fameux clair –obscur de cet artiste. Rembrandt
est né en 1606 et meurt en 1669 à Amsterdam. En 1661,
date de ce tableau, il arrive en fin de carrière. Tout
son génie s’y concentre : un enfant souffle à
l’oreille de Matthieu un secret tandis qu’un trait de
lumière traverse tout le corps de l’évangéliste
: le front, les mains, pour aboutir au livre ouvert sur la table.
Arrêtons-nous
d’abord à cet ange, avec son bout de
nez dans la lumière et sa petite main posée
sur l’épaule de Matthieu qui, lui, occupe presque
tout le tableau. Un ange ? On dit aussi que ce pourrait être
son fils Titus, l’un et l’autre ne faisant qu’un.
Et puis, il y a ce parcours de lumière qui traverse
tout le tableau : le front plissé est illuminé.
Cette lumière arrive ensuite sur la main gauche et
se pose sur le cœur. Elle le pénètre. |
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Oeuvre forte et monumentale de la dernière
période. On a dit un peu facilement que l'ange avait
les traits de Titus, le fils de Rembrandt.

Les pèlerins d'Emmaüs
(1648), de Rembrandt. Cette scène des pèlerins
d’Emmaüs, où Jésus ressuscité se
révèle à deux de ses disciples, suit
dans l’Evangile selon saint Luc le récit de la résurrection
du Christ : Rembrandt qui la peignit à plusieurs reprises
de manière différente, porte ici, dans cette représentation
épurée, à la fois plus humaine et plus intériorisée,
la peinture religieuse à son plus haut degré de dépouillement
et de spiritualité.

C’est le moment du repas à
l’auberge, à la fin de la journée, après
cette rencontre des trois pèlerins sur la route entre Jérusalem
et un village, Emmaüs, que Rembrandt a choisi de représenter
dans ce tableau. Un serviteur apporte un plat, mais l’essentiel
de la scène tient dans le geste que fait le Christ,
les yeux levés : il rompt le pain…une clarté
irréelle nimbe son visage, tandis que sur la gauche, une
lumière tombant d’une fenêtre invisible éclaire
sur la table la nappe blanche qui rappelle le suaire, le linceul
de Jésus crucifié, retrouvé posé au
troisième jour près du tombeau vide…
Et à cet instant les deux disciples, saisis, - l’un
recule avec une crainte sacrée, tandis que l’autre
joint les mains dans un geste de prière -, le reconnaissent.
Sa figure livide, douloureuse, d’un réalisme poignant,
rappelle qu’il vient de triompher de souffrances inexprimables
et de la mort, évoquée par certains détails
symboliques comme le verre vide retourné à sa droite,
et le crâne brisé d’un agneau, symbole de la
mort de « l’Agneau de Dieu », présenté
sur le plat à sa gauche. Le contraste entre l’évanescence
de l’auréole sur l’ombre verdâtre de la
niche du fond qui remplit l’espace à la manière
d’une église, et la lumière naturelle qui s’attarde
sur les visages, les objets, creusant un clair-obscur avec les tonalités
dominantes d’un brun sombre, crée cet instant
indéfinissable, et comme suspendu, où la scène
représentée va basculer de l’humain au divin.

L'archange Raphaël quittant
la famille de Tobie (1637), de Rembrandt. Une des plus
belles affirmations du style baroque dans l'oeuvre de Rembrandt.
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Le tableau
représente la scène où l'archange
Raphaël dit adieu à Tobie et à sa famille
après s'être identifié. Auparavant,
Raphaël avait accompagné Tobie dans sa
quête d'un remède pour la cécité
de son père qui l'avait envoyé recouvrer des
dettes. Avec le fiel d'un poisson, indiqué
par l'archange, Tobie guérit effectivement
son père. Toujours grâce à Raphaël,
Tobie fait la connaissance de Sara qu'il épousera après
l'avoir délivrée du démon. |
Dans cette scène, Rembrandt montre
l'archange qui prend son envol, sa mission étant terminée.
Tobie est agenouillé et lève les yeux au ciel, incrédule.
Tobit, le père, se prosterne en guise de reconnaissance,
tandis que Sara se jette dans les bras d'Anna, la mère de
Tobie.

Sur Tobit, Rembrandt a peint
un petit chien, symbole des sentiments des humains, oscillant entre
la peur et la curiosité. L'archange est peint de dos pour
souligner son éloignement. Il est mis en évidence
par un jeu de lumière typique de la manière du clair-obscur
qu'affectionnait Rembrandt.

Bethsabée au bain tenant
la lettre du roi David (1654), de Rembrandt. Le roi David,
voyant Bethsabée se baignant, la fait quérir
pour qu'elle vienne chez lui et trompe ainsi son propre mari, Urie,
général de l'armée de David. L'un des tableaux
majeurs de l'artiste qui a concentré la représentation
de l'épisode sur Bethsabée à sa toilette, infiniment
troublée par le message royal. David est absent
ici, alors qu'on le voit dans le tableau de Jan Massys.

Une jeune femme nue, assise
sur d'éclatants drapés blancs, tient pensivement une
lettre, pendant que sa vieille servante, à la coiffe orientalisante,
s'occupe de sa toilette. Il s'agit de la belle Bethsabée,
dont le roi David était tombé éperdument amoureux
après l'avoir aperçue prenant son bain, depuis la
terrasse de son palais. Il la convoque alors par une missive,
et envoie son mari, le général Urie, à une
mort certaine. Dieu punira cette union illégitime
en faisant périr le premier fils du couple adultère.
Contrairement à de nombreux peintres, comme Jan Massys, Rembrandt
choisit de concentrer son regard sur la réaction de Bethsabée
à la convocation royale, sans nous montrer le désir
de David ou tout autre détail anecdotique. Il en
résulte une grande force psychologique, et une émotion
bien plus profonde.

Halte de chasseurs et de cavaliers
(1645), par Philips Wouwerman. Oeuvre de la première
période de production de l'artiste, dans les années
1645/1655. D'un joli sentiment pré-rococo. Philips
Wouwerman est l’un des artistes les plus polyvalents et les
plus prolifiques du Siècle d’or néerlandais.
Intégré dans le milieu artistique et la tradition
de sa ville natale de Haarlem, Wouwerman a influencé
de façon très importante en contribuant au canon de
la peinture hollandaise du XVIIe siècle.

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Portrait
d'une femme âgée de 34 ans (1634), attribué
à Nicolaes Elias, dit Pickenoy. Pendant non
certain du Portrait d'homme. Nicolaes Eliasz. Pickenoy ou
Nicolaes Eliaszoon Pickenoy (1588, Amsterdam - 1650/1656,
Amsterdam)1 est un peintre néerlandais d'origine
flamande du siècle d'or. Il est connu pour ses peintures
de portraits et de scènes religieuses. |
La
Joyeuse compagnie (1630), de Judith Leyster. Tableau
fortement influencé par Frans Hals - il lui
fut attribué jusqu'en 1893 - et lointainement allusif
au thème de la parabole évangélique du
Fils prodigue chez les courtisanes mais avec la significative
association du vin, de la musique et de l'amour illégitime. |
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Judith Jans Leyster ou Leijster, née
le 28 juillet 1609 à Haarlem et morte le 10 février
1660 à Heemstede, est une peintre néerlandaise.
Judith Leyster s’est exprimée dans une variété
de sujets tels que les sujets de genre, les portraits et
les natures mortes. Elle a particulièrement
innové dans le domaine des scènes domestiques avec
ses scènes paisibles de femmes à la maison, dont le
thème ne deviendra populaire en Hollande que dans les années
1650. Beaucoup de ses autres réalisations sont de
nature semblable à celles de plusieurs de ses contemporains
comme Hals, ter Brugghen, van Honthorst, Steen et les caravagistes
d’Utrecht. De telles peintures de genre,
généralement de tavernes et d’autres scènes
de divertissement, ont satisfait le goût et les intérêts
d’une partie croissante de la bourgeoisie néerlandaise.

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Portrait
de femme (1648), attribué à Frans Hals.
À dater vers 1648 et d'une facture un peu molle et
comme beurrée, trop sage pour être de
Frans lui-même, bien sûr, quoique fort proche
du grand Hals. On a suggéré le nom de Jan Hals,
l'un des fils de Frans. |
Frans
Hals (Anvers ?, entre 1580 et 15831 – Haarlem, 26
août 1666) est un peintre baroque néerlandais
(Provinces-Unies), considéré, avec Rembrandt et Johannes
Vermeer, comme l'un des plus importants du siècle d’or.
Artiste majeur, considéré comme l'un des grands
maîtres du portrait, il a également réalisé,
surtout au début de sa carrière, plusieurs scènes
de genre. Ses tableaux
se distinguent par leur expressivité. Les coups de
pinceau détachés sont caractéristiques de sa
manière, et il participa à l'introduction de cette
vivacité de style dans l'art néerlandais.
Hals contribua aussi, avec ses portraits de garde civile et de régents,
à l’évolution du portrait de groupe
au XVIIe siècle.



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