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Paris - Ville de lumière

Etape 47 - Musée d'Orsay - De Camille Claudel à Paul Rodin

Mercredi 5 décembre 2018. Je pooursuis ma visite de la grande galerie du musée d'Orsay par L'Age mûr, de Camille Claudel (1864-1943).

Après la rupture entre Camille Claudel et Rodin, ce dernier essaya de l'aider par personne interposée et obtint du directeur des Beaux-Arts une commande de l'Etat. L'âge mûr fut commandé en 1895, exposé en 1899, mais le bronze ne fut jamais commandé et le plâtre ne fut jamais livré par Camille Claudel. C'est le capitaine Tissier qui finalement commanda le premier bronze en 1902.

Le groupe évoque l'hésitation de Rodin entre son ancienne maîtresse, qui devait l'emporter, et Claudel qui, pour le retenir, se penche en avant. Au-delà de son histoire personnelle, la sculpteuse réalise une oeuvre symbolique qui entraîne une méditation sur les rapports humains. Elle-même s'y incarne sous les traits d'un personnage qu'elle nomme l'Implorante, marquant ainsi le tragique attaché à sa destinée.

L'homme à la fin de sa maturité est vertigineusement entraîné par l'âge tandis qu'il tend une main inutile vers la jeunesse. Les figures nues sont entourées de draperies volantes qui accentuent la rapidité de la marche. Les grandes obliques fuient. Paul Claudel en parlait ainsi : "Ma soeur Camille, Implorante, humiliée à genoux, cette superbe, cette orgueilleuse, et savez-vous ce qui s'arrache à elle, en ce moment même, sous vos yeux, c'est son âme".

Jean d'Aire (1886), d'Auguste Rodin. Etude de nu pour le monument des Bourgeois de Calais.
Gérôme exécutant les Gladiateurs, Monument à Gérôme, par Jean-Léon Gérôme (1824-1904), Aimé Morot (1850-1913). Le goût du réel et de la vérité historique poussée à son extrême se retrouve dans l'étonnant groupe des Gladiateurs. Cette première sculpture du peintre Gérôme, que l'on avait longtemps cru perdue, fut utilisée par son gendre, Aimé Morot, lui aussi peintre et sculpteur, afin de rendre hommage à l'artiste : il l'a représenté, précisément, sculptant les Gladiateurs, incluant ainsi le groupe original dans sa propre composition. L'ensemble fut érigé en 1909 comme monument commémoratif dans les jardins du Louvre.

Le portrait de Gérôme évoque de manière réaliste les conditions de travail de l'artiste : la blouse, les outils qu'il tient, le regard surpris qu'il semble poser sur le spectateur, tout est là pour faire penser qu'il est interrompu et saisi dans l'instant, à la manière d'une photographie. Quant aux gladiateurs, un mirmillon casqué et un rétiaire avec son filet , réalisés par Gérôme en 1878, ils sont la mise en volume grandeur nature de deux protagonistes d'une scène qu'il avait peinte six ans plus tôt. Gérôme était célèbre pour ses goûts néo-grecs et orientalistes. Soucieux de précision archéologique, il avait fait venir de Naples le moulage de l'équipement des gladiateurs antiques et avait fait exécuter à grand prix de quoi vêtir son modèle parisien.

Chasseurs d'aigles (1900), par Jules Coutan. Commandé en 1893, terminé en 1900 et remis au fondeur. Le bronze fondu par Denonvilliers en 1900-1901 est conservé à Paris, au Muséum d'histoire naturelle, galerie d'anthropologie, façade sur la rue Buffon.

Souvenir, Alsace-Lorraine, par Paul Dubois (1905). Ensemble commandé par l'Etat en 1899 et fondu en 1905, d'après un modèle modifié par l'artiste à plusieurs reprises, et qui se rapproche davantage de la cire de 1899 que du bronze exposé en 1902. Le groupe des deux femmes représentant l'Alsace et la Lorraine est la seule partie réalisée du "Monument du Génie de la France", qui occupa les dernières années de la vie de Paul Dubois. Cette partie fut terminée en 1906.

Le premier modèle, réalisé en cire, figura au Salon des Artistes français de 1899 (N°3419), mais n'est pas localisé actuellement, un plâtre un peu différent se trouve au Musée de Nogent-sur-Seine, don de l'artiste avant 1902, le deuxième modèle en plâtre (H 145 cm - L 122 cm - P 168 cm) est conservé au Musée des Beaux-Arts de Troyes, don de Mme Paul Dubois en 1905, un bronze fut commandé par l'Etat en 1899, fondu par Bingen, exposé au Salon des Artistes français de 1902, mais non livré car le troisième modèle fut jugé meilleur, et fut érigé à Nancy, place Saint-Jean en 1910, par don de Mme Paul Dubois et ses enfants à la Ville de Nancy, le troisième modèle est un plâtre original non localisé. Il y a aussi de nombreuses esquisses et études pour les têtes, en plâtre et cire, conservées au Musée des Beaux-Arts de Troyes, don de Mme Paul Dubois en 1905, et une édition en bronze fondue par Barbedienne (H 66 cm).

Victor Hugo (1897), par Auguste Rodin. Dès sa jeunesse, Rodin éprouve une grande admiration pour Victor Hugo (1802-1885), à travers Notre-Dame de ParisLes Contemplations et surtout Les Orientales. Il partagera plus tard la même passion pour Dante, en particulier pour L’Enfer. Hugo a, en effet, composé, en 1836, un poème intitulé "Après une lecture de Dante" (Les Voix intérieures, XXVII), et Rodin, à partir de 1880, travaille à sa Porte de l’Enfer, largement inspirée par le poète florentin.

Homme du temps passé (1921, d'après un modèle de 1915) par Adolfo Wildt (1868-1931). Adolfo Wildt est un artiste rare, qui a peu produit et dont les œuvres sont très recherchées en Italie. Cette tête en bronze est une réduction d’une œuvre disparue, qui était beaucoup plus grande. Cela signifie qu’il travaillait par soustraction : il commence par un personnage coupé aux bras et aux jambes, puis découpe et réduit progressivement sa pièce, jusqu’au torse, et, dans ce cas, jusqu’à la base du cou. Wildt est connu pour avoir fait le buste de Mussolini, ce qui n’a pas entaché son œuvre. C’était avant le fascisme, il meurt en 1931. Le sujet de cet Homme du temps passé est énigmatique. Trés croyant, très torturé, Wildt crée un personnage qui pourrait ressembler à un légionnaire romain, mais qui peut aussi incarner l’opposé de l’homme de son époque, c'est à dire lui, pour exprimer combien il souffre et n’est pas en conformité avec son époque. Avant notre exposition de 2015, Wildt avait été très peu montré en France, et cette œuvre est la première à intégrer les collections publiques françaises.

Jules Dalou (1883), par Auguste Rodin. Portrait d’un sculpteur par un sculpteur, cette effigie d’Aimé Jules Dalou par Auguste Rodin fut exécutée dans un climat fragile d’amitié et de respect mutuels entre les deux artistes. En 1884, Rodin est enfin reconnu pour les libérations audacieuses qu’il offre à la sculpture, par ses jeux de reprise, de multiplication et de fragmentation et va s’imposer comme l’initiateur de la sculpture moderne et contemporaine. Dalou, quant à lui, vient de rentrer en France après dix ans d’exil pour sa participation à la Commune en 1870, et triomphe au Salon de 1883 avec son grand relief de Mirabeau répondant à Dreux-Brézé ; il s’affirmera comme le rénovateur du monument public. Rodin donne de son ami une image héroïque et signe là, parmi la foule de bustes réalisés, l’un de ses meilleurs portraits. L’association de la poitrine nue et héroïque et du visage réaliste prouve la place élevée qu’attribue Rodin à son modèle dans l’art du temps. Au Salon de 1884, Rodin présente ce buste avec celui de Victor Hugo. Véritables clous de l’exposition, ces deux portraits connaissent un vaste succès critique.

Mozart enfant (1897), par Ernest Barrias. Statue en bronze ; la partie supérieure de l'archet, cassée, a disparu.

Les Nubiens,  dit aussi Les chasseurs d'alligators, par Ernest Barrias (1841-1905). Tout comme la Chasse à l'aigle de Jules Coutan située au revers, ce haut-relief était destiné à la façade de la galerie d'anthropologie du Museum d'histoire naturelle à Paris. Le décor définitif en bronze est toujours en place rue Buffon. Il s'agit de représenter "les races humaines" et Barrias a choisi des personnages de "type africain". Ce genre d'oeuvre est un écho aux sculptures ethnographiques que Charles Cordier réalise plus de trente ans auparavant.

Les détails animaliers et botaniques, comme les écailles du reptile ou les piquants des cactus, sont rendus avec une précision naturaliste. Pour le sujet en revanche, Barrias a mis en scène ses personnages tout comme on le faisait alors dans de véritables "zoos humains". Le sculpteur s'est souvenu d'une attraction qui connut un grand succès en 1878, au Jardin d'acclimatation : des Nubiens en pagne devaient y mimer des scènes de chasse. Le suspense est insoutenable : l'homme à la sagaie va-t-il sauver la femme des dents de l'alligator ? Les enfants seront-ils épargnés ? Cette représentation qui mêle l'imaginaire des temps primitifs aux modes de vie des peuples découverts au cours des expéditions coloniales, n'échappe pas aux stéréotypes, fréquents à l'époque, dans ce type de représentation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 
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