Etape 36 - Musée du Louvre - La Renaissance italienne
Mercredi 28 décembre 2016. A travers quelques oeuvres emblématiques, je poursuis ma visite de la collection italienne du muse du Louvre***.
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Saint Jean-Baptiste - Bacchus (1515), de Léonard de Vinci. D'abord désigné dans les inventaires royaux comme Saint Jean au désert, puis à la fin du XVIIe siècle, peut-être à la suite d'une restauration, comme Bacchus dans un paysage, le tableau témoigne du même syncrétisme que le Saint Jean-Baptiste en demi-figure. Le doigt levé vers un signe divin et le cerf couché sont des symboles chrétiens ; le thyrse, la couronne de vigne ou de lierre, la grappe de raisin et la peau de panthère sont des attributs bachiques.
On suppose l'oeuvre élaborée par un des élèves de Léonard à partir d'une composition contenue dans un dessin attribué au maître (Varese, Museo del Sacramonte) et datable vers 1510 - 1515. |
Portrait d'homme, de Bellini ( 1495). Giovanni Bellini a peint, entre 1480 et 1500, une série de petits portraits d'homme de trois-quarts, coupés sous les épaules, non plus sur un fond sombre, mais sur fond de ciel. Les Bellini, la famille de peintres vénitiens, constituent un point de repère fondamental de la Renaissance italienne. Jacopo Bellini (1396-1470), père de Giovanni, était parmi les peintres les plus renommés au début de la Renaissance. Ses fils, Giovanni et Gentile (1429-1507) déploient
leur immense influence. Giovanni, condisciple et beau-frère de Andrea Mantegna (1431-1506), a joué un rôle très important dans la définition de l'école picturale vénitienne. |
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Portrait d'une jeune princesse, de Pisanello (1440). Pour l'identification de cette jeune princesse, ce sont les noms de Marguerite de Gonzague, Ginevra et Lucia d'Este qui, à l'heure actuelle, reviennent le plus souvent. Elle porte à la fois la devise de Leonello d'Este, seigneur de Ferrare (un vase enchaîné par une anse) et trois couleurs (rouge, vert et blanc), adoptées notamment par les Gonzague, marquis de Mantoue à cette date.
Il s'agit, avec celui de Leonello d'Este (1441), propriété de l'Accademia Carrara de Bergame, de l'un des deux portraits peints conservés de Pisanello, mieux connu aujourd'hui à travers ses dessins, fresques et médailles. |
Portrait de François 1er, par Le Titien (1539). Commandé pour François Ier par l'Arétin, poète et écrivain satirique italien qui était le correspondant du roi en matières artistiques, ce portrait aurait été réalisé d'après une médaille gravée en France par Benvenuto Cellini en 1537. Ceci expliquerait la présentation de profil, pose archaïque que Titien voulait précisément éviter. De même les mains, détails expressifs que le maître cherchait ordinairement à privilégier, sont peu visibles en l'absence du modèle vivant. L'habillement sobrement élégant donne au souverain une apparence familière et contemporaine, tandis que son attitude bienveillante reflète à la fois énergie et sérénité. |
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La Joconde bien sûr. Le portrait fut probablement commencé à Florence vers 1503. Il s'agirait du portrait de Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo, marchand d'étoffes florentin, dont le nom féminisé lui valut le « surnom » de Gioconda, francisé en « Joconde ». La Joconde ne fut sans doute pas livrée à son commanditaire car il semble que Léonard ait continué à y travailler longtemps jusqu’à l’emporter avec lui en France. À sa mort, elle serait entrée dans la collection de François Ier. L'histoire de La Joconde demeure obscure : ni l'identité du modèle, ni la commande du portrait, ni le temps pendant lequel Léonard y travailla, voire le conserva, ni encore les circonstances de son entrée dans la collection royale française ne sont des faits clairement établis. |
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Tout aussi célèbre et incontournable : Les Noces de Cana (1563), de Véronèse. Destiné au réfectoire du monastère San Giorgo Maggiore. Le contrat précise que Véronèse pourra peindre autant de figures qu’il sera possible d’en faire entrer dans le tableau. Véronèse doit avoir achevé le tableau pour le 8 septembre 1563. Il reçoit paiement de la somme de 300 ducats le 6 octobre 1563 « pour le grand tableau fait dans le réfectoire des révérends pères de San Giorgio Maggiore.

On dénombre 123 personnages, dont certains portraits de contemporains du peintre. Au centre de la tablée, à l'endroit que devraient occuper les mariés se trouvent Jésus et sa mère Marie. Tous deux sont nimbés d'une auréole, celle du Christ est la plus lumineuse. Les mariés, eux, sont à l'extrême gauche de la toile, relégués en bout de table.

Insistant sur la fête que constituent des noces plus que sur la lourde symbolique qu'impose l'illustration de textes issus de l'Évangile, Véronèse semble se complaire dans une ivresse toute vénitienne (on disait des Vénitiens qu'ils croyaient « énormément en saint Marc, assez en Dieu et peu ou pas du tout au pape »), ultra-moderne (certains éléments d'architecture sont empruntés à des bâtiments créés par Palladio l'année même) et cosmopolite (sont mêlés vêtements orientaux et occidentaux).

Le poète Marco Boschini est le premier, au milieu du XVIIe siècle, à interpréter le groupe de musiciens qui se trouve au centre du tableau comme des portraits de Véronèse, Bassano, Le Tintoret et le Titien : Véronèse, une viole à archet, ancêtre de la viole de gambe, à la main, Bassano, tenant un cornet droit, Tintoret avec une petite viole soprano et le Titien avec un violone. Cette séduisante interprétation se heurte au peu de ressemblance des musiciens des Noces de Cana avec les autoportraits de ces peintres.

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La femme au miroir (1515), du Titien. Dans ce chef-d'oeuvre du classicisme chromatique de la jeunesse de Titien, l'harmonie de la composition et des couleurs exalte la beauté de la femme. Titien donne ici un prototype de l'idéal féminin caractéristique de la peinture vénitienne. Les deux miroirs, dont l'un est tendu par l'homme, permettent à la jeune femme de se voir à la fois de face et de dos : ce thème du reflet multiple, introduit à Venise par Giorgione, permet à l'artiste de montrer son habileté technique et sert à illustrer la supériorité de la Peinture dans sa rivalité avec la Sculpture. |


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