Etape 11 - Louvre - Vermeer et les peintures flamandes
Mercredi 14 décembre 2016. Me voici dans la galerie des peintres flamands. Une fois encore, je ferais un choix, uniquement guidé par ma sensibilité, en dehors de tout critère de célébrité ou de reconnaissance. Mon choix émotionnel en quelque sorte. Voici donc Le Bouffon au luth de Frans HALS (Anvers, vers 1581 - 1585 - Haarlem, 1666). Cette oeuvre, qui peut être datée de 1624-1626, au début de la brillante période utrechto-caravagesque de l'artiste, est une allusion au monde du théâtre (costume à l'ancienne) et une possible allégorie de l'ouïe ou de la vanité (vanité de la musique et des plaisirs). Un jeune homme, représenté à mi-corps sur un fond neutre, est en train de jouer du luth. Hals utilise pour le représenter un cadrage très serré qui semble faire sortir la figure du cadre de l'oeuvre. Il accentue ainsi l'impression de mouvement du luthiste, soulignée par les torsions inverses de la tête et du buste.

Autre oeuvre de Pieter de HOOCH (Rotterdam, 1629 - Amsterdam, 1684), La Buveuse. Dans La Buveuse, peinte en 1658 à l’apogée de sa période delftoise, une femme vêtue d’une robe rouge et d’une veste argentée est assise au centre de la scène. Elle lève un verre que remplit un homme debout, auquel une femme plus âgée semble souffler quelques mots. Assis, dos à la fenêtre, un autre homme fume une pipe. Au premier plan, se trouve un petit chien endormi à côté d’une chaise vide. Une carte représentant une vue d’Amsterdam est accrochée sur le mur du fond, ainsi qu’un tableau représentant Le Christ et la femme adultère. Le peintre exprime son goût prononcé pour un éclairage latéral, mais aussi son recours quasi systématique à une perspective fuyante inscrite ici dans le parquet.

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Nul besoin de la cacher plus longtemps. Vermeer est mon peintre préféré. Celui qui m'a toujours ému. Et revoir aujourd'hui sa Dentellière me provoque encore une émotion forte. Une jeune femme, dont la figure se détache d'un fond neutre aux nuances de gris, est installée à une table, à côté d'un livre qui est très certainement une bible; un coussin à couture, d'où sortent des fils, est visible à gauche de l'image. Le fil blanc utilisé par la dentelière est peint avec une extrême précision par Vermeer, cette finesse contraste avec l'impression de flou qui se dégage du tableau. Vermeer a entrepris une étude minutieuse avant d'exécuter le travail, l'art de la dentelle étant dépeint ici avec une grande précision. |
Voici pour moi l'un des chefs-d'oeuvres du Louvre : L'Astronome (1668), de Vermeer. Cette peinture m'a toujours fasciné. Elle représente pour moi le summum de la peinture flamande du XVIIE siècle. Sans doute grâce à cet extraordinaire point de fuite situé légèrement au-dessus de la main gauche de l'astronome, quasiment au centre géométrique de la toile, concentre le regard du spectateur sur le geste suspendu. L'Astronome et Le Géographe sont les deux seuls tableaux de Vermeer parvenus jusqu'à nous qui prennent comme sujet un homme seul. |
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Dans l'encoignure d'une pièce percée d'une fenêtre double, qui figure le cabinet de travail d'un astronome, un homme aux cheveux longs attachés derrière les oreilles, en ample robe de chambre bleue de soie dite « japonaise », se détourne un instant du livre qu'il a ouvert devant lui et se lève de sa chaise pour consulter un globe céleste, qu'il fait tourner du bout des doigts en tendant vers lui sa main droite ouverte. Sa main gauche reste appuyée sur le rebord de la table, recouverte d'une lourde draperie bleue aux motifs essentiellement végétaux, jaunes, rouges et verts.

A voir également l'oeuvre de Pieter de HOOCH, Joueurs de cartes dans un riche intérieur. Ce tableau peint vers 1663-1665 se situe dans les premières années de la période amsteldamoise de l'artiste (à partir de 1660-1661). Le jeu de cartes, allant de pair avec des démarches galantes, est truqué : la femme, de moralité sans doute suspecte, a tous les as dans son jeu. Un homme et une femme jouent aux cartes, confortablement installés devant une grande cheminée de marbre. Un petit serviteur s'approche un peu timidement, apportant une carafe pour emplir le verre d'un autre personnage qui bavarde avec la jeune joueuse. A l'arrière-plan, un couple profite de la pénombre dorée pour s'enlacer. Nul doute qu'il s'agit d'une maison de rendez-vous galants, où se rencontrent jeunes hommes et complaisantes hôtesses. Dans ce lieu les relations amoureuses sont aussi fausses que les jeux de cartes, comme semble l'indiquer la belle courtisane qui tend avec un plaisir non dissimulé son carré d'as truqué.

Pavillon Sully, à voir Jésus guérissant le paralytique de Bethesda, de Giandomenico Tiepolo (Venise, 1727 - Venise, 1804). Mais que vient faire cette oeuvre italienne au milieu de ma peinture flamande ?

Cette Scène de patinage à Kampen, oeuvre de Barend Avercamp, m'a également touchée. Imitation un peu rustique des Patinages du plus célèbre Hendrick Avercamp, oncle de Barend et grand spécialiste d'alertes et pimpantes scènes d'hiver issues de la tradition flamande et introduisant à la scène de genre hollandaise.


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Vue d'intérieur, ou Les Pantoufles, de Samuel van HOOGSTRATEN. Oeuvre contemporaine des débuts de Hooch et de Vermeer (le tableau leur fut attribué un temps) mais bien indépendante des recherches de ce dernier. Multiples allusions - comme le tableau du fond dérivant de Ter Borch - aux vaines occupations galantes de la femme habitant cette maison et pourtant absente. Subtile leçon de morale et fascinant exercice de perspective, la grande spécialité de Hoogstraten, baignée d'un calme pictural infiniment poétique. |



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