Etape 17 - Paris - Depuis la place du Trocadéro
Mercredi 28 décembre 2016. Il suffit de laisser la tour Eiffel dans son dos et de suivre le champ de Mars pour accéder aux Jardins du Trocadero***. D'une superficie de 93.930 m2, ce jardin fut créé pour l'Exposition spécialisée de 1937 sur l'emplacement du précédent jardin du palais du Trocadéro.

Les jardins sont situés sur l'ancien domaine du couvent des Visitandines de Chaillot, antérieurement parc et château de Chaillot et, au sud-ouest, sur une petite partie de celui du couvent des Minimes de Chaillot. Ces couvents ont été fermés en 1790, les bâtiments de celui des Visitandines détruits en 1794 par une explosion et les terrains vendus comme biens nationaux à différents propriétaires privés.

Les terrains de l'ancien domaine des Visitandines sont acquis par l'État en 1811-1813 pour le projet abandonné du palais du Roi de Rome. En 1824, la monarchie de la Restauration commande un ensemble d’habitations d’influence romaine en demi-cercle autour d’une grande fontaine surmontée d'un obélisque commérant la bataille du Trocadéro du 31 août 1823 où un corps expéditionnaire français enleva le fort du Trocadéro. Cet ensemble ne fut pas réalisé.

Plusieurs projets sans suite sont encore proposés pour couronner la colline, un mausolée sur le tombeau de Napoléon en 1841, une statue monumentale de Napoléon en 1841, un palais du peuple en 1848, un arc de triomphe en 1854. Le site reste une friche parcourue par plusieurs voies. En 1867, le sommet de la colline est arasé de 3 mètres pour aménager la place circulaire du Roi de Rome, place du Trocadéro depuis 1877, et un escalier est créé au sud-est de cette place dans l’axe du pont d’Iéna.

Ce sont finalement les acquisitions de terrains par l'État en 1811-1813 puis les terrassements effectués dans les années 1860 qui ont permis la construction du palais du Trocadéro sur la colline de Chaillot et l'aménagement des jardins en 1878 en contrebas.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Autour de 1860, les jardins sont organisés autour d'une cascade. Ils comptent plusieurs statues, dont le Bœuf d'Auguste Caïn et le Cheval à la herse de Pierre Louis Rouillard qui font face à la Seine et au palais du Champ-de-Mars. Lors de l'exposition universelle de 1878, un immense aquarium d'eau douce avait été créé sous les jardins, en partie dans d'anciennes carrières de pierre.

C'est en 1937 que les Jardins prennent la forme qu'on leur connaît aujoud'hui. Les jardins du Trocadéro conservent le triptyque « fontaines/plantations/aquarium », gardant dans l'agencement des zones végétales un style Second Empire (sentes sinueuses, petites cascades, rochers, ponts…). En revanche, les zones « pierreuses » des jardins doivent beaucoup à l'architecture monumentale de l'entre-deux-guerres, par exemple la fontaine du Trocadéro (ou « fontaine de Varsovie ») : une série de bassins en cascade domine un grand bassin dont les canons à eaux forment cinquante-six gerbes qui finissent leur course dans huit escaliers d'eau.
Les jardins sont ponctués d'une multitude de sculptures, dont la plupart datent des années 1930. On compte un chien et des têtes de chevaux (de Pierre Guyot) et un daim et une tête de taureau (de Paul Jouve) en bronze doré en haut des fontaines alors que dans les escaliers sont installées quatre allégories de pierre (Flore et Pomone de Louis-Aimé Lejeune et Robert Wlérick, couchées, et L'Homme et La Femme de Pierre Traverse et Daniel Bacqué, debout). Près de la Seine se trouvent La Joie de vivre de Léon Drivier et La Jeunesse de Pierre-Marie Poisson. En revenant vers le palais, sur la terrasse supérieure, se trouvent deux statues colossales en bronze, plus souveraines que viriles : Hercule domptant le taureau de Crète d'Albert Pommier sur l'aile Passy et Apollon musagète d'Henri Bouchard sur l'aile Paris.

En grimpant un large escalier, on accède directement à l'esplanade du Trocadero qui permet d'avoir une vue exceptionnelle sur la Tour Eiffel, les jardins et le Champ de Mars. C'est par cette terrasse que l'on accède au palais de Chaillot et à ses musées.

L'esplanade était autrefois occupée par le palais du Trocadéro. Celui-ci était une construction de la seconde moitié du XIXe siècle, d'inspirations mauresque et néo-byzantine et situé sur la colline de Chaillot, entre la place du Trocadéro et les jardins du même nom.

Le palais sera finalement détruit, remplacé par le palais de Chaillot bâti pour l'exposition spécialisée de 1937, qui reprend l'essentiel de l'ossature de l'ancien édifice (seule la partie centrale du palais du Trocadéro laisse la place à une esplanade).

Sont également conservées les « fermes métalliques curvilignes en tôle découpée de la charpente », visibles dans la galerie des moulages du musée. On choisit d'« enchemiser » les ailes de l'ancien palais en les « doublant par une nouvelle galerie du côté Seine », mais de détruire la salle de spectacle et les deux tours pour les remplacer par une simple esplanade, dans l'« axe tour Eiffel-École militaire » alors qu'une « nouvelle salle de théâtre est aménagée sous le parvis ».


Le style du nouveau palais est « monumentaliste néo-classique ». La superficie du nouveau palais est portée à 41.000 m2, contre 17.000 auparavant.




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