Etape 63 - Pétra
- La nécropole de Gaia et Bab es-Siq
Lundi 20 février 2023.
Pour revenir à Pétra, après avoir dépassé
le Siq, c'est encore une longue marche de plus de deux kilomètes
qu'il me faut affronter. Et très honnêtement,
je ne me rappelais plus que ce matin, ce chemin fut si long. Mais
avec la fatigue accumulée par toutes les marches de cette
journée, je suis totalement cuit ! Et comment vous dire,
ce vilain faux plat auquel nous n'avions pas fait attention, ce
matin, quand nous avions hâte de rejoindre le Siq, prend au
retour tout son sens... et son dénivelé ! Bref, un
calvaire !

Voilà, au sortir du Siq, on
débouche directement par Bab es-Siq, littéralement
"la porte des Gorges", le même que nous avions pu
admirer quand nous sommes arrivés ce matin.

Puis plus loin, voici les blocs
des Djinns, trois blocs monumentaux taillés dans
le roc qui semblent monter la garde le long du chemin.

Les bédouins pensaient que ces
tours de pierre servaient de lieu de résidence aux
esprits malins. Les blocs sont taillés sur leurs quatre côtés
et percés de chambres funéraires.

Il pourrait s'agir tout simplement
des plus anciens tombeaux de Pétra, remontant au IIIe siècle
ou au IIe siècle av. J.-C.

Il existe trois autres blocs du
même type sur le chemin, dont le dernier se trouve sur la
droite, au-dessus du lit asséché de la rivière
avant de pénétrer dans le Siq.

Les blocs s'élèvent entre
6 et 8 m au-dessus du sol et leur apparence a été
modifiée à des époques ultérieures.

En plus des blocs des Djinns, on passe
devant la nécropole de Gaïa, constiutée
principalement du Tombeau aux serpents, du Tombeau aux obélisques
et du tricliniums d'Aslah.

Le tombeau aux serpents se cache
à l'intérieur d'un gros rocher que vous distinguerez
à l'escalier récent aménagé pour accéder
au tombeau.

Sur la paroi de la galerie
menant à l'entrée, vous remarquerez deux nephashot
gravés dans la pierre. Ils symbolisent l'esprit des morts.

Le tombeau est remarquable pour ses
deux bas-reliefs. Le premier représente deux serpents
attaquant un quadrupède. Ils sont les gardiens des tombes,
chargés de repousser les esprits malins. Le second bas-relief,
au bout du mur, représente un cheval portant un bétyle
sur son dos.

Plus loin, le tombeau aux obélisques
comprend un triclinium au rez-de-chaussée, et un tombeau
au niveau supérieur.

Construit sous le règne de Malichos
II (40 - 70), par un certain Abdmanku. Comme mentionné
sur inscription gravée sur le rocher d'en face, le tombeau
était prévu pour accueillir les sépultures
d'Abdmanku et de ses descendants jusqu'à la fin des temps.

Le triclinium était une salle
de banquet, très usitée dans l'Antiquité,
comprenant trois banquettes où s'asseyaient les participants.
On y préparait des festins afin d'honorer les morts.

A l'intérieur, la salle
comprend les trois bancs surélevés auxquels on accédait
par des marches taillées dans les coins. Le mur du fond a
été aménagé de deux loculi destinés
à recevoir les corps des défunts.

Le tombeau principal, situé
au-dessus du triclinium, est coiffé de 4 nephashot,
ces obélisques représentant l'esprit des morts. Un
cartouche glissé entre deux nephashot semble représenter
Abdmanku.

L'intérieur du tombeau comprend
4 tombes, dont la principale est installée sous une
vaste arche taillée dans le mur du fond. Un banc circulaire
a été taillé sur l'esplanade, à droite
du tombeau, permettant aux visiteurs de procéder aux rituels
en l'honneur du défunt.

Enfin, les tricliniums d'Aslah
sont peu visibles depuis le sentier principal. C'est pourtant
l’œuvre nabatéenne la plus ancienne de Pétra,
datée de 96 av. J.-C.

Le triclinium d'Aslah, situé
au centre du petit plateau, se distingue des autres par
sa série de 18 niches votives creusées dans sa façade.

Mais revenons aux blocs des
Djinns, qui, eux, sont beaucoup plus accessibles et merveilleusement
éclairés à la lumière du soleil couchant.

L'entrée du premier monolithe
est partiellement obstruée par un dépôt
de sable et de graviers déposés lors d'inondations.
Le pied du bloc et sa cavité se trouvaient deux mètres
plus bas à l'origine. On peut toujours admirer l'encorbellement
en triangles qui fait le tour du bloc sur sa partie haute.

Le deuxième bloc est positionné
sur une triple plateforme qui a elle aussi été taillée.
L'accès à la chambre se fait par une entrée
percée à l'est. Elle contient deux tombeaux.

Le troisième bloc est beaucoup
plus travaillé. Ses côtés sont ornés
de pilastres qui étaient autrefois décorés
de chapiteaux. Le bandeau au-dessus porte des marques de ciseaux
à pierre, qui laissent penser que l'encorbellement traditionnel
a été effacé à une époque postérieure.

Lors des fouilles menées dans
les années 1970, les archéologues furent surpris
de trouver des débris de tuyaux en lieu et place d'ossements
et d'effets personnels. Il est fort possible que ce tombeau ait
servi de citerne à l'époque byzantine.

Voilà pour ce premier jour de
visite. Je suis épuisé. Et je vais mettre
une heure entière pour rentrer à l'hôtel où
m'attendent mon frère et sa fille pour partager une super
soirée en famille devant de bons petits plats. Bref,
de quoi réparer le bonhomme avant une deuxième journée
de visite qui s'avèrera beaucoup plus light.



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