Etape 43 - A travers le Siq - Au fond du canyon de Pétra

Lundi 20 février 2023. On s'engage donc dans le Siq. Juste après Bab es-Siq, on distingue, côté gauche, un aqueduc, et un peu plus loin, côté droit, une longue canalisation courant à flanc de falaise.

On voit donc là un double système, d'abord une rigole qui vient récupérer les eaux de ruissellement, et des canalisations de terre cuite alimentée par une source.

L'eau qui coulait dans les tuyaux en terre cuite (encore visibles par endroits) provenait majoritairement de sources jaillissant à l'extérieur du site.

Les habitants de Pétra en étaient largement dépendant. Pour acheminer cette eau, il fallait une pente constante de 11 %, ni trop pour faire éclater les conduite, ni pas assez pour assécher les citernes.

Les parois sont creusées de nombreuses niches, dont beaucoup sont vides : on pouvait y placer des idôles portées en procession.

D'autres abritent encore des idôles, tantôt figurées, tantôt en forme de stèles (on les appelle souvent "bétyles") : ainsi, vers le début du parcours, sur la gauche, on voit dans une grande stèle cylindrique, un peu plus loin sur la droite, une divinité assise, très érodée dans une niche à décor architectural.

Vers le milieu du Siq, à gauche, un rocher en bordure de la voie, présente sous une forme dorique deux bétyles rectangulaires côte à côte : le plus grand, à gauche, a un visage schématisé par deux carrés pour les yeux et une barre pour le nez, l'autre est plus petit et sans traits figurés.

Ces pierres pourraient représenter ou évoquer un couple de divinités nabatéennes, comme la déesse Al-Uzza et le deu Dushara, mais aucune inscription ne le confirme.

Offrandes ou sacrifices pouvaient être offertes en haut des marches, ce qui, selon certains archéologues, montrerait qu'il s'agissait d'un petit sanctuaire.

Le cercle creusé au-dessus de la falaise recueillait l'eau de pluie qui se déversait plus bas à gauche dans une petite citerne : tous les moyens étaient bons pour ne pas perdre une seule goutte d'eau.

Plus loin, sur le côté droit, la canalisation redevient bien visible. Il faut dire qu'au fil du temps, sable et graviers avaient fini par recouvrir le fond du Siq.

En le dégageant jusqu'aux dalles, les archéologues ont mis au jour l'aqueduc, mais aussi une série de niches et de bétyles accompagnés d'inscriptions en grec, ex-voto de notables d'Adraa en l'honneur du dieu Dushara : le grand bétyle ovoïde représente le Dusarès d'Adraa (aujourd'hui Dera'a, en Syrie du sud).

Immédiatement après sur la gauche, dans un coude de la gorge, on voit une grande sculpture d'un homme conduisant le premier de deux ou trois chameaux, puis après le tournant encore, deux autres chameaux.

Les deux groupes convergent vers la salle où coulait l'eau.

On pense que ces deux groupes représentent une procession ou une scène de sacrifice, plutôt qu'une caravane évoquant le rôle commercial joué par la cité de Pétra.

Un peu plus loin, sur la droite, la conduite d'eau, avec son tuyau en terre cuite, est particulièrement bien conservée.

Plus on avance dans cette gorge sombre, plus les parois rocheuses se rapprochent, avant de laisser entrevoir le fameux Khazneh.

Mais avant, on ne cesse de lever la tête vers le sommet des falaises où le soleil vient parfois rougir les grés.

Mais avant d'aborder le Trésor, je veux rembobiner le fil en arrière et vous parler de la porte des Gorges, le Bab es-Siq où les Nabatéens avaient construit un barrage, précédé d'un pont, pour éviter les inondations dans le Siq et créer aini des réserves d'eau suffisantes.

En 1963, une vingtaine de visiteurs français furent surpris par la montée des eaux dans le Siq et périrent noyés...

A la suite de cet accident tragique, un nouveau barrage fut érigé par-dessus celui des Nabatéens.

Ceux-ci avaient creusé un tunnel, long de 88 mètres, pour détourner les eaux autour de la montagne : il s'ouvre près du barrage, vers la droite, et sert toujours en cas de crue.

Y accéder nécessite une autorisation spéciale, car cette voie permet aussi de rejoindre le centre de Pétra.