Etape 53 - Pétra
- A dos d'âne vers le Monastère, quelle aventure !
Lundi 20 février 2023.
Après notre petite visite à l'église byzantine,
et plus généralement après notre trek et toute
la marche que nous déjà effectuée,
il faut bien l'avouer, nous subissons un coup de mou. C'est là
où notre aventure va prendre une tournure assez amusante...
qui aurait pu d'ailleurs s'avérer dramatique !

C'est donc le moment que je choisis
pour vous parler des ânes. Vous le constaterez, ces gentils
animaux un peu têtus sont nombreux sur le site, voire
très nombreux. Ils appartiennent pour la plupart aux bédouins
qui les utilisent afin de proposer aux touristes de les emmener
sur divers points du site de Pétra, et notamment au sommet
du monastère.

En hiver, comme ils ne sont pas tous
montés, une bonne partie d'entre eux prennent leur
quartier autour de l'église byzantine et du temples aux lions
ailés (quelque chose me dit que ça ne doit pas beaucoup
amuser les responsables de l'Unesco, mais bon).

Tout ça pour vous dire que c'est
donc à cet instant que nous décidons de faire une
pause déjeuner pour dévorer le petit encas
que nous avions demandé à notre hôtel ce matin.
Juqu'ici tout va bien. Nous nous installons tranquillement à
l'ombre d'un arbuste, quand brusquement un des ânes du coin,
le mâle dominant, commence à braire sérieusement...
Quelque chose me dit que monsieur n'apprécie pas vraiment
que nous empiétons sur son territoire.

Du coup, nous continuons de machouiller
notre sandwich quand brusquement l'âne se met à charger
en notre direction. Je donne un coup de coude à Fanny
et je l'attrappe par la manche : " Groupe jaune, on détale
!" Mon rère, quant à lui, visiblement absorbé
par la quantité de beurre dans son sandwich, n'en a que faire...
"Domi !"

C'est à ce moment-là
que je vois l'âne fondre sur nous... et sur un de ses confrères
qui tournait autour du sandwich de mon frère. En
un éclair, je saisis mon frère par la mancheet je
vois l'âne dominant se dresser sur ses pattes arrières
et asséner un violent coup de sabot à son rival. Très
honnêtement, le coup a dû passer à moins de 50
cm de la tête de mon frère... qui lui n'a rien vu du
tout !

Plus de peut que de mal, ouf ! Mais
nous sommes passés à deux doigts (c'est vraiment le
cas de le dire !) de la catastrophe. Mais comme nous sommes
un peu fous dans la famille, nous allons tranquillement remettre
ça.

On se réfugie donc quelques
mètres plus loin, et après avoir fini d'engloutir
nos encas, un des bédouins du coin s'avance vers
nous et nous propose de nous emmener tout là-haut, vers le
monastère, dont j'avais maintenant prévu l'ascension.

Une heure de marche à prévoir
pour grimper jusqu'au monastère. Quand j'annonce la couleur
à mon frère qui est déjà bien
exténué par le précédent trek vers le
Haut lieu du Sacrifice, je vois bien que j'aurais du mal à
le convaincre. C'est là que je sors la phrase que je n'aurais
pas dû sortir : "Sinon, il y a la possibilité
de monter à dos d'âne ?"

"Oui, mais c'est combien",
me répond mon frère. Ok, j'ai compris le message.
Je m'avance vers le bédouin et je commence à sérieusement
négocier avec lui. Il me propose 20 dollars par personne
quand je lui en propose 7. L'homme est du en affaires, et après
de multiples parlementations, on finit par toper à 10 dollars
par personne. "Ok, ça marche pour 10". On sort
les billets, et dix secondes plus tard, trois ânes bien en
jambes se présentent devant nous.

Du coup, on grimpe tant bien que mal
sur nos montures (pour moi, c'est plutôt mal !), quand brusquement
mon frère m'annonce qu'il n'est jamais monté
sur un cheval ou quelque autre animal sur cette terre... Ah oui,
quelque chose me dit que ce n'est pas encore gagné avant
que nous puissions grimper tout là-haut... "Tu es sûr
que tu veux le faire, Domi ?"

Ok, trois minutes plus tard, nous voilà
lancés à dos d'âne sur la piste du monastère.
Très amusante au début, notre équipée
va s'avérer au final très éprouvante. Je pars
derrière mon frère et ma petite nièce et j'essaye
tant bien que mal de maîtriser ma monture.

Il faut vous le dire tout de suite
: vous avez la possibilité de vous pargner la montée
très pénible du monastère (une heure sous une
chaleur torride dès la fin de l'hiver), mais cela se fera
à vos risques et péril. Car la montée à
dos d'âne est véritablement dangereuse !

Pendant toute la montée, qui
doit durer au grand mot une vingtaine de minutes, nos deux
guides (qui, eux, effectue la montée à pied en tirant
nos trois ânes !) vont sans cesse être aux aguêts
pour nous éviter de tomber dans le précipice !

Car oui, oui, vous avez bien compté
: deux guides pour trois ânes. Ce qui veut dire que
le troisième (le plus souvent ce sera moi qui maîtrise
un peu mieux la monte que le reste de la famille) doit se débrouiller
un peu par lui-même pour escalader la montagne !

Du coup, je ne vais pas essayer de
me rémémorer combien de fois nous avons failli tomber
tous les trois dans le ravin, mais je vous avoue que j'ai
eu là l'une des plus belles peurs de ma vie. Très
sincèrement, je ne sais pas comment nous n'avons pas fini
au fond du précipice.

Notre chance (je ne sais pas s'il faut
appeler ça de la chance !), c'est que l'âne
est un peu bébête, et du coup, il suit comme son ombre
l'âne qui le précède. Du coup, le premier des
deux guides a une importace vitale (c'est le cas de le dire) en
conduisant le capitaine de cordée (mon frère) à
bon port.

D'autant que la montée est vraiment
des plus sportives, il faut non seulement faire attention
à ce que son âne garde bien le cap du chemin, veiller
à ce qu'il ne trébuche par sur une des milliers de
marches de l'ascension, et en plus essayer tant bien que mal de
ne pas balancer en passant un touriste par dessus bord !

Voilà, tout ça pour vous
dire que vous comprendrez bien que dans ce moment-là,
je n'ai pas vraiment eu le temps de photographier les hauts lieux
de notre montée (je le ferai au moment de la descente...
à pied !).

Et c'est donc avec un grand soulagement
(je ne sais pas si le mot est assez fort !) que nous arrivons à
bon port sain et sauf. On se regarde tous les trois un instant,
et enfin, on éclate de rires ! Non, mais franchement, on
est complètement dingues d'avoir fait une chose pareille
! Ce n'est pas dangereux de monter à dos d'âne, c'est
ultra dangereux ! Et donc, le premier mot qui me vient à
l'esprit en constatant que mon frère et ma nièce sont
encore de ce monde, c'est : "plus jamais ça ! Plus jamais
de ma vie !"

Heureusement, une fos là-haut,
on a juste à tourner la tête de côté
pour constater que le paysage est sublime. Il y a des moments
comme ça...



|