Etape
96 - Arbanassi - Sous les voûtes colorées de l'église
des archanges
Dimanche 4 juillet 2021. Je poursuis
ma publication de mes photos des fresques de l'église
des Archanges et je continue mon histoire de cet incroyable village
d'Arbanassi.

Pendant le Moyen Age, Arbanassi
fut un village riche grâce à ses activités artisanales
et commerciales qui allèrent bien au-delà de sa région.

Le village exportait du bétail,
de peaux animales, de la graisse animale, des produits en cuivre,
des produits de l'orfèvrerie, du savon, de la production
de soie.

Les commerçants d'Arbanassi
transportaient leur marchandise dans tout l'empire ottoman
et certains seraient parvenus à aller même jusqu'aux
Indes.

Les XVIIe et XVIIIe siècles
marquèrent le pic de cet essor économique.

Une partie des habitants était
riche et les maisons des commerçants furent somptueuses de
façon qu'elles devinrent une référence en matière
architecturale.

Équipées d'une vaste
cour cachée par une haute enceinte en pierres, telle
une fortification, l'intérieur en fut richement décoré.

Certains planchers étaient
couverts de carrelage en terre-cuite, des plafonds suspendus en
bois sculpté agrémentaient les pièces mais
aussi des placards encastrés, des toilettes et salle de bain
à l'intérieur.

Le meilleur exemple qui nous est
parvenu est la maison Kostantzaliéva, la plus grande et la
mieux conservée, transformée en musée. Une
autre est la maison Hadji-Iliéva.

A cette époque le village
comptait plus de 1 000 maisons.

La prospérité d'Arbanassi
se remarquait aussi par ses cinq églises, richement
décorées en fresques de grande qualité. Deux
monastères bordaient le village.

L'opulence d'Arbanassi et les
murs épais de ses maisons ne le mirent pas à l'abri
des assauts des bandes des Kardjalii entre la fin du XVIIIe et le
début du XIXe siècle.

Le village en fut totalement
dévasté lors de trois attaques en 1792, 1798 et 1810.

Pillé et incendié, les
habitants pourchassées et assassinés.

Les épidémies de
la peste noire et du choléra se sont rajoutées peu
après pour anéantir complètement le village.

Arbanassi retourna à
la vie au fur et à mesure après 1810 avec l'arrivée
de migrants de la région d'Eléna et de Tryavna.

En revanche il ne regagna plus
ni sa notoriété ni sa richesse.

Ses habitants nantis l'avaient
quitté en fuyant vers la Roumanie ou vers la Russie.

En 1839, Arbanassi se vit retirer
les privilèges dont il bénéficiait auparavant.

Fait curieux, Arbanassi ne
disposait pas de noms de rues jusqu'en... 2010.

Seulement quelques bâtiments
étaient numérotés. Et il n'en avait jamais
eu.

L'administration de Véliko Tarnovo
décida de nommer les 6 places et les 38 rues à
des personnages historiques (essentiellement locaux) et à
des références de la période du Renouveau du
XIXe siècle.

Ainsi la place centrale se
nomme depuis Ilarion Dragostinov, en honneur d'un habitant d'Arbanassi
devenu figure nationale grâce à sa participation dans
le comité révolutionnaire central bulgare qui a conduit
à l'insurrection d'avril 1876.

Une rue est nommée Velda Babekova
- une Lituanienne qui avait épousé un Bulgare et fut
la première à étudier les fresques des églises
d'Arbanassi.

Une autre est nommée à
Marco Marioti - Italien, tailleur de pierres qui a contribué
à la popularité d'Arbanassi.

Notons aussi la rue Zagorié,
nommée ainsi à la plus ancienne appellation connue
d'Arbanassi.

Le fait d'attribuer des noms
aux rues a obligé les 350 habitants à changer de carte
d'identité et de permis de conduire.



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