Etape 6 - Erevan
- Un petit crochet par les ruines de la cathédrale Zvarnots
Dimanche 30 octobre 2022.
Bon, autant le dire tout de suite... Erevan, qui a été
victime de nombreuses invasions et de multiples tremblements de
terre, est loin d'être la plus belle ville du monde. Du coup,
nous entamons dès aujourd'hui, notre vaste plan de visites
du pays, qui, lui, est bien plus intéressant, et nous le
verrons, de toute beauté.

Du coup, après notre petit tour
dans la capitale, nous revenons à la case départ et,
depuis notre hôtel, nous commandons un Yandex (il
faut que je trouve un moment pour vous parler du Uber russophone...),
et nous filons directement, à l'ouest de la ville, pour aller
visiter les ruines de l'ancienne cathédrale Zvarnots.

Tout un poème, Yandex ! Les
voitures que nous commandons successivement ne nous trouvent pas
à l'adresse indiquée et nous allons devoir nous y
reprendre à cinq ou six reprises pour enfin trouver un chauffeur.
Mais ce n'est qu'une péripétie... Nous voici
arrivé à Zvarnots, qu'il ne faut surtout pas confondre
avec Vagharchapat, le saint-siège de l'église orthodoxe
arménienne qui se trouve à quelques encablures de
là.

Enfin, nous y voilà, vous dis-je
! Nous voilà surtout devant les grilles du site historique
classé à l'Unesco qui s'apprête à refermer
ses grilles. Sauf qu'il n'est pas encore l'heure officielle,
mais que les responsables du site ont pris la fâcheuse habitude
de fermer les portes une demi-heure avant aux derniers visiteurs.
Et pour ce qui est des derniers visiteurs, nous sommes bien les
derniers...

Ok, très bien, il va falloir
la jouer très serrée, cette partie de bluff. Du coup,
je n'hésite pas une seconde, et dans mon russe que je pâtine
exprès de français, j'explique à la
gardienne du temple que j'ai toujours rêvé de voir
ces ruines et qu'il s'agit de mon dernier jour de voyage..."Demain,
je retourne à Paris !" La femme reste ferme, mais je
continue mon cinéma en mettant mon pied dans la porte. "Juste
cinq minutes, s'il vous plaît !", je lui lance. Du coup,
un homme intervient derrière elle et je recommance mon cinéma
en lui promettant que je n'en ai que pour quelques minutes...

Finalement, mon stratagème finit
par payer. Et à force d'insister, l'homme me fait signe d'avancer.
Je me retourne vers Nataliia : "Païdiom !"
En russe : "On y va !". Le temps de payer le prix de l'entrée
à la petite guitoune de l'entrée et on file directement
vers la cathédrale qui se trouve à une centaine de
mètres de là, au bout d'une longue promenade entourée
d'un joli parc agrémenté de pins parasols. "Quelle
chance, Nataliia ! On va pouvoir visiter les ruines à la
meilleure heure de la journée !"

Et pour cause, l'heure dorée
repeint en blond les colonnes et les murs de l'ancienne cathédrale.
Derrière elle, les neiges éternelles du mont Ararat
blanchissent dans le soleil couchant. Le paysage est d'une beauté
irréelle. Quand je vous dis qu'il faudrait pour bien faire
visiter tous les sites touristiques au lever ou au coucher du soleil...

Nous voilà donc au milieu de
cette forêt de colonnes et de blocs de pierres qui supportaient
autrefois la plus imposante église de tout le Moyen Orient.
Un édifice aussi important pour la région que l'était
Sainte Sophie pour les Chrétiens d'Orient.

Dans ces trois pages qui suivent, je
vais vous raconter l'histoire fabuleuse de cette cathédrale
qui fut pourtant détruite au tournant du XIe siècle,
mais dont la renommée hanta pendant longtemps toute l'histoire
de l'Arménie.

Construit au VIIe siècle et
maintenant en ruines, Zvartnots était connue pour
sa structure extérieure circulaire, unique dans l'architecture
arménienne médiévale, et un ensemble de piliers
intérieurs qui soutenaient une structure à plusieurs
étages couronnée d'un dôme.

Zvartnots a été construit
lors des premiers raids arabes musulmans pour capturer et
conquérir les territoires de l'Arménie byzantine et
sassanide.

La construction de la cathédrale
a commencé en 643, sous la direction du Catholicos
Nerses III le Bâtisseur.

Dédiée à saint
Grégoire, la cathédrale a été construite
à l'endroit où aurait eu lieu une rencontre
entre le roi Trdat III et Grégoire l'Illuminateur.

Cette cathédrale a été
construite sous le pouvoir du Catholicos Nerses III, originaire
de Taïk, de 643 à 652, soit sur dix longues années.

Selon l'historien arménien
médiéval Movses Kaghankatvatsi , la cathédrale
a été consacrée en 652.

Il est écrit que l'empereur
de Byzance, Constas II (629-668) a assisté à
cette cérémonie et il a tant aimé la construction
qu'il a décidé d'emmener son architecte avec lui à
Byzance, pour la reproduire chez lui.

Dans des conditions mystérieuses,
l'architecte tomba malade et la construction ne put se concrétiser...

Des chercheurs supposent qu'il
fut empoisonné sur le chemin de Byzance pour que la cathédrale
de Zvarnots n'apparaisse pas à Byzance comme une simple copie
de l'originale...

De 653 à 659, Nerses était
à Tayket. La construction de la cathédrale
s'est poursuivie sous Anastas Akoratsi.

Suite à l'occupation arabe
de Dvin et aux guerres d'intensité croissante entre
les armées byzantines et arabes sur les frontières
orientales de la première, Nerses transféra le palais
patriarcal des catholicos de Dvin à Zvartnots.

Zvartnots a duré 320
ans avant de s'effondrer au Xe siècle; au moment où
l'historien du XIe siècle Stepanos Taronetsi mentionna l'église
dans son Histoire universelle, la cathédrale était
déjà en ruine.

La façon dont il s'est
effondré est encore débattue, bien que la plupart
défendent deux théories...

Un tremblement de terre ou
des attaques résultant de raids arabes répétés.




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