Etape 64 - Trek
du glacier Shkhara - Retour dans la vallée de l'Enguri
Lundi 11 juillet 2022.
Le Chkhara est situé à cheval entre la Géorgie
(versant sud) et la fédération de Russie (versant
nord).

Bien qu'aucun traité
bilatéral entre les deux pays n'ait été signé
depuis leur indépendance en 1991, le statut de la
montagne n'est pas contesté.

En effet, elle forme une partie
de la frontière naturelle entre la région géorgienne
de Svanétie et le Caucase du Nord depuis le développement
socio-politique de la Svanétie dans l'Antiquité.

La partie russe du mont entre dans
la réserve naturelle de haute montagne de Kabardino-Balkarie,
une zone protégée couvrant plus de 82 000 hectares,
et un permis spécial est délivré par les autorités
locales pour s'approcher de la frontière.

Du côté géorgien,
le Chkhara est libre d'accès, n'étant pas
situé dans une zone protégée.

En 2015, une étude de l'Université
technique de Géorgie propose de rendre l'accès
à la montagne payant afin de préserver l'environnement
local et d'augmenter les revenus de tourisme.

La plus proche commune au nord
de la montagne est le village de Bezengui, qui se trouve
à 27 km à vol d'oiseau du Chkhara.

La montagne est bien plus proche
de la communauté d'Ouchgouli, un groupe de quatre villages
de Svanétie (Jibiani, Tchajachi, Tcheïbiani et Mourkmeli).

De ces villages, Jibiani est
le plus proche, à juste 7 km du glacier de Chkhara.

Ces villages sont anciens :
l'église Lamaria d'Ouchgouli, l'édifice le plus proche
de la montagne, date du Xe siècle, tandis que certaines tours
du village datent du IXe siècle.

Ouchgouli a longtemps été
isolé du reste de la Géorgie et ce n'est qu'au
XXe siècle que des routes sont construites vers cette communauté.

Les habitants d'Ouchgouli continuent
d'utiliser les ressources de la montagne dans leur vie quotidienne
: le Lalkhorach et le Jimé Dich sont des alpages
à la base de la montagne, l'Iaarnyts Nesga est une forêt
de bouleaux aussi aux pieds de la montagne exploitée par
les villageois, tandis que le ruisseau Namqouama Sguim (connu pour
son eau minérale acide) est utilisé pour alimenter
de petits moulins.

Malgré sa taille impressionnante
et sa proximité avec la communauté d'Ouchgouli
(qui sert de lieu de villégiature aux rois géorgiens
au XIIIe siècle), les sources historiques mentionnant le
Chkhara sont presque inexistantes.

La montagne apparaît pour la
première fois dans la Description du royaume de Géorgie
de Vakhoucht Bagrationi en 1745, celui-ci parlant du « Caucase
de Ratcha » comme étant la frontière orientale
de la Svanétie, où naît la principale rivière
régionale.

En 1896, le géologue
français Eugène Fournier décrit la montagne
comme « universellement méconnue ».

Ce n'est en effet qu'à
la fin du XIXe siècle que le mont est inscrit sur les cartes
officielles de l'Empire russe.

En 1888, l'équipe de
l'alpiniste anglais John Garford Cockin et ses guides suisses Ulrich
Almer et Christian Roth devient la première à gravir
le Chkhara, grimpant via son arête nord-ouest, qui demeure
la voie la plus facile.

Aucune autre expédition n'est
enregistrée jusqu'en août 1930, quand les alpinistes
autrichiens Huga Tomaschek et Will Müller affrontent l'arête
nord.

Ce sont de nouveau des Autrichiens,
K. Poppinger, K. Moldan et S. Schintlmeister, qui entreprennent
en mars 1931 la première traversée intégrale
de la muraille de Bezengui.

Cette voie est tentée en 1932
par l'alpiniste soviétique Abalakov, qui réussit
à franchir huit sommets de la muraille avant d'échouer
devant le Chkhara.

Ce n'est qu'en 1933 que des
alpinistes soviétiques parviennent à en faire la traversée
intégrale.

En 1940, un groupe d'alpinistes svanes
composé d'Alexandre Djapharidzé, Godji Zourebiani
et Beknou Kherguiani fait une traversée de 20 sommets du
Grand Caucase, du mont Matchkhapara à l'Aïlama, y compris
le Chkhara.

Kherguiani, qui avait été
décoré de l'ordre de la Guerre patriotique
en 1943 pour avoir retiré le drapeau du Reich allemand de
l'Elbrouz, devient le premier à gravir la
face sud de la montagne en 1950 avec Ilia Gabliani, Maxime
Gvarliani et Tchitchiko Tchartolani, malgré la difficulté
de la voie.

Elle prend ensuite le nom de
« voie Beknou Kherguiani » en son honneur.

Gabliani, quant à lui, atteint
de nouveau le sommet en 1952, lui donnant le titre de Champion de
l'URSS.



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