Etape 18 - En
route pour Mestia - Un voyage en bus rocambolesque
Vendredi 8 juillet 2022.
Aujourd'hui commence la grande avanture... avec un grand A ! Et
pour cause, après la belle visite tranquille de Tbilissi,
la veille, nous décidons de nous le ver de bonne
heure pour prendre le premier bus à destination de Mestia,
dans le nord du pays, dans la région du grand Caucase, où
se nichent quelques uns des plus beaux paysages de Géorgie...

Mais pour ça, il faut le mériter...
et se lever dès 5 heures du matin ! D'où ma drôle
de tête ce matin, à l'arrière du bus !

Le bus... Parlons en justement ! Se
rendre à Mestia est toute une aventure... Il faut
d'abord pour cela se rendre à la gare routière qui
se trouve légèrement excentrée par rapport
au centre-ville. Mais en un coup de taxi, on s'y rend finalement
assez vite.

Après quoi, il faut attendre...
Attendre... Attendre... Jusqu'à ce que deux bus,
un vert et un rouge fassent leur apparition. Enfin, bus, c'est vit
dit. On aurait tout aussi très bien pu dire "antiquité"...

Après il ne nous reste plus
qu'à choisir... Et entre le vert et le rouge, mon
coeur balance. Au final, je choisis le rouge... au grand dam de
ma fille qui tire une tronche pas possible. "Je suis certaine
qu'il valait mieux prendre le vert.." Ouais, ouais, on verra
bien...

En attendant, on grimpe à bord
et on prend la direction du Caucase. A bord, ça tangue
et ça saute. Mon voisin qui a fait la fête une bonne
partie de la nuit, s'endort sur mon épaule... ça commence
bien.

Enfin, après un peu plus d'une
heure de route, notre minbus s'arrête sur le bas-côté
de la route... Une fumée blanche sort du capot. Ce n'est
pas la nomination du nouveau pape, mais le radiateur qui vient de
rendre l'âme...

Mais à la guerre comme à
la guerre ! Le chauffeur s'arrête devant la première
boutique sur le bord de la route et achète ses premiers packs
d'eau, histoire de remplir le circuit de refroidissement du moteur
!

Autour de nous, les gens ahuri regardent
la scène en rigolant. Quelque chose me dit que ce
n'est pas la première fois que ce genre de mésaventure
arrive dans ce pays !

Après avoir rempli le circuit
d'eau minérale, on repart sur a route... Pas question
de s'arrêter ou de retourner en arrière affrêter
un nouveau camion... Quel camion ? Non, on continue, vaille que
vaille ! Et tandis que nous prions tous pour arriver à bon
port, on regarde le paysage dérouler ses merveilles derrière
la vitre.

Après une heure de route, nouvel
arrêt. Cette fois-ci, on fait un détour par la case
garage. ça tombe bien, Léa crève de
chaud, elle va pouvoir se changer... Sauf que... Sa valise est fourrée
à l'arrière du minibus coince entre un carburateur
et une aile de voiture !

Du coup, je profite de cet arrêt
pour faire un tour dans la ville chercher où acheter
un tee-shirt à ma fille... Peine perdue. A part des pots
de peintures et des rouleaux de tapisserie, rien d'autre à
acheter dans ce bled. Ok, je reviens sur mes pas.

Du coup, je prends le taureau par les
cornes et pendant que les hommes s'improvisent réparateur
autour du radiateur percé, je profite de la confusion pour
ouvrir les portes arrières du minibus. A force d'essayer,
je parviens à retirer la valise de ma fille... Ouf ! Elle
va enfin pouvoir se changer.

On reste encore là une bonne
vingtaine de minutes, on mange un bout, et au final on repart. Tant
pis pour le radiateur, on s'en passera. Pourvu qu'on ait de l'eau...

De l'eau justement, il y en a un paquet
au bord de la route. Les rivières chargées
d'alluvions et de neige fondue du Caucase dévalent à
grands fracas.

Dans le bus, ça saute dans tous
les sens. Pourvu que le canapé et le frigo qui sont
accrochés sur le toit ne tombent pas à la renverse
! Bienvenue en Géorgie ! L'aventure, c'est l'aventure !

Et tandis que le chauffeur
se grille tranquillement une cigarette la fenêtre ouverte
et en offre une à un des passagers (tranquille, la vie, en
Géorgie !), on continue notre bonhomme de chemin !

ça fait maintenant plu de sept
heures que nous sommes partis de Tbilissi. Normalement, on devrait
être arrivés depuis une bonne heure... Mais
en s'arrêtant toutes des demi-heures pour remplir d'eau le
circuit de refroidissement, forcément on prend un peu de
retard sur l'horaire prévu...

Un peu de retard ? Oh, à peine
quatre heures ! En même temps, c'est bien, on a largement
le temps de pofiter du paysage.

On va même en profiter pour faire
une pause à mi-chemin dans un café planté
au bord de la route. Cool, on peut prendre un café, manger
un bout et aller aux toilettes... Enfin, si on les trouve !

Pour moi, ce sera au bord de la route
en espérant que le bus ne reparte pas pendant que
je suis occupé ailleurs. N'empêche, on peut dire ce
qu'on veut, mais faire pipi avec un tel paysage devant soi, c'est
quand même pas mal !

Quelques heures plus tard, on
s'enfonce profondément dans les montagnes du Caucase. Face
à nous, les sommets recouverts de neiges éternelles
se dressent sur l'horizon.

C'est dingue. J'ai du mal à
y croire. Je suis dans le Caucase ! Il faut que je me pince
pour y croire. J'ai toujours rêvé d'être là.
C'est inouï. Jamais je n'aurais osé y croire quand j'ai
grandi de l'autre côté du mur de Berlin, côté
occidental...

Ces montagnes sont vraiment fabuleuses.
D'une beauté inouïe. Dressées à
près de 7.000 mètres d'altitude. Des géants
aux portes de l'Europe.

Allez, après ce moment de grâce,
on repart sur la route. Il reste encore une petite heure
avant d'arriver à Mestia.

Enfin, après neuf ou dix heures
de route, nous arrivons au but. Nicolaï, notre hôte
vient nous chercher directement à la gare. Il pleut des cordes.
Une pluie diluvienne comme j'en ai rarement vue.

Après quoi, on emmenage dans
notre chambre au rez-de-chaussée de sa maison, puis
on file manger dans un des meilleurs restaurants du village. Le
vin est divin. Merde, nous sommes en Géorgie ! Les croix
rouges du drapeau géorgien s'alignent sur le mur.

Une fois encore, la cuisine
géorgienne est hallucinante. Les gens sont d'une gentillesse
extrême. Quelque chose me dit que ce pays va me plaire...



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