Etape 21 - Grand
Caucase - Les premières pentes vers les lacs de Koruldi
Samedi 9 juillet 2022.
C'est après avoir dépassé le belvédère
et, juste au-dessus, la petite auberge tenue par une très
gentille dame que commence vraiment le trek des lacs de Koruldi.

La montée à travers
les alpages accuse un bon petit pourcentage et, après
quelques mètres seulement d'ascension, j'entends déjà
Léa râler derrière moi.

Il faut pourtant monter et la vue,
au loin, de la chaîne du Grand Caucase, qui forme
comme une barre blanche et immaculée sur l'horizon, a de
quoi nous redonner le moral et une bonne dose de courage.

Rarement il m'aura été
donné de voir une telle chaîne de montagne
qui forme comme un mur blanc sur l'horizon. C'est véritablement
impressionnant !

Dans mon dos, Léa râle
encore. Je suis obligé de multiplier les stops pour
l'attendre, ce qui me permet d'apercevoir en contrebas tout le chemi
déjà parcouru.

Le belvédère où
nous étions tout à l'heure ne forme plus déjà
qu'un petit point gris sur le sommet de la colline où il
se dresse.

Nous poursuivons encore sur
plusieurs kilomètres par une interminable route en lacets
qui permet déjà de tutoyer les sommets du Caucase
et de profiter de toute leur majesté.

Le chemin est vraiment de toute beauté,
bordé de chaque côté par les alpages
fleuris, recouverts de myriades de peites fleurs jaunes, bleues
ou mauves.

Je me retourne encore. Maintenant
la petite auberge qui surplombe la colline au belvédère
n'est plus qu'un lointain souvenir perdu dans toute l'immensité
du Caucase.

Après une première partie
plutôt rude, le chemin s'apaise enfin. Mais ce n'est
quede courte durée. Nous en profitons Léa et moi pour
admirer le paysage.

Allez zou, pendant que Léa peste
encore contre cette fichue montée vers les sommets,
je profite de ce moment pour vous faire un brin de causette sur
cette Svanétie qui fut longtemps une terre asses ihonspitalière
avant de devenir aujourd'hui un paradis pour le tourisme vert alternatif,
loin des chemins du tourisme de masse...

Province historique de 5.700
kilomètres carrés (l’équivalent du Cantal)
à la frontière avec la Russie, la Svanétie
est un territoire à part.

Intégrée au royaume de
Géorgie au XIe siècle, elle a longtemps vécu
en quasi-autarcie, y compris à l’époque soviétique,
ne reconnaissant que l’autorité des siens, regroupés
en clans qui faisaient encore la loi jusque dans les années
2000.

Les Svanes, montagnards rudes
et taiseux, ont fait leur ce décor de crêtes acérées,
de rocs et de forêts, de gorges accidentées où
coulent des torrents furieux.

La chaîne du Caucase –
dont quatre des dix plus hauts sommets se trouvent ici,
en Svanétie – fait de cette province la plus haute
terre habitée d’Europe.

Il y a quinze ans à peine,
les visiteurs qui s’y risquaient se comptaient sur
les doigts d’une main. Aujourd’hui, la région
compte 150 000 visiteurs par an.

La Svanétie revient de loin.
Après la chute de l’URSS et l’indépendance
de la Géorgie [en 1991], les gens étaient pauvres,
il n’y avait pas de travail. Beaucoup d’armes circulaient,
la zone était devenue dangereuse.

Pour reprendre la main, en 2006, le
président Saakachvili lança une opération militaire
en Svanétie et démantela le principal groupe mafieux.
Son objectif : désenclaver ce territoire pour en faire une
destination touristique de premier plan, une petite Suisse du Caucase.

En 2009, la route qui relie
Mestia à Zougdidi, «grande» ville la plus proche,
à 130 kilomètres au sud-ouest, était enfin
goudronnée.

Voilà pour les grandes lignes...
On continue de grimper. Léa traîne les pieds.
Du coup, je prends le parti de lui parler de ses études d'architecture.
Au bout de quelques minutes, elle oublie sa fatigue et sa mauvaise
humeur pour monter d'un bon train.

La chaîne du Grand Caucase
dévoile alors toute sa splendeur. Quel bonheur de
monter à bon trai en compagnie de sa fille.

Après deux heures de montée
assez rude, le chemin s'apaise enfin. Nous approchons de
l'immense cirque où se nichent les lacs de montagne que nous
avons hâte de découvrir.

Les alpages sont d'un vert
sidérant, troués ici et là de petits étangs
où viennent s'abreuver les troupeaux des bergers qui hantent
les montagnes.







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