Etape 55 - Moscou - Aux abords de la place Rouge

Lundi 29 avril 2019. Retour aux abords de la place Rouge, mais cette fois-ci, de l'autre côté, face au grand musée de la guerre patriotique de 1812, qui a vu la débâcle des armées napoléoniennes après l'incendie de Moscou... Etrangement, une imposante statue équestre du maréchal Joukov domine la place... Maréchal à l'origine de la victoire soviétique sur les armées nazies.

Du coup, j'en profite pour faire un grand bond en avant sur mon histoire de la Russie et de Moscou. Je passe six siècles pour atterrir en pleine période de domination française de l'Europe bonapartiste ! C'est l'occasion où jamais de le faire devant ce musée qui retrace le grand affrontement de l'année 1812.

Pour bien comprendre cet important épisode de l'historie russe, il faut en fait remonter à l'année 1796, date de la mort de Catherine la Grande. Cette année, son fils, Paul 1er, lui succède. Ce dernier serait le fruit d'une liaison avec le comte Saltykov (si l'on en croit la correspondance de la tsarine !). Toujours est-il qu'il fort probable que la lignée des Romanov, de Paul 1er à Nicolas II, soit surtout celle des Saltykov !

Le règne de Paul 1er est surtout marqué par la campagne visant à libérer les républiques italiennes de la tutelle napoléonienne... qui se solde par un spectaculaire échec et une cuisante retraite à travers les Alpes. En fait, Paul 1er s'était surtout mis en tête de faire main basse sur l'île de Malte, en pleine Méditerranée. Un cuisant échec encore une fois.

Au final, Paul 1er et ses excentricités finissent par lasser la cour du tsar... Lequel, flairant un complot contre lui, se réfugie en 1801 entre les murs de sa forteresse, le palais Michel, à Saint-Petersbourg. Peine perdue... Il y est assassiné à peine 40 jours après y avoir élu domicile.

C'est donc Alexandre 1er, son fils, qui lui succède sur le trône. Celui-ci ouvre un vaste chantier de réforme, mais reste hésitant sur la question du servage et de l'absolutisme. Il se trouve en fait beaucoup plus volontaire sur les questions internationales, et finit par fâcher tout rouge Napoléon en refusant d'appuyer son blocus continental de l'Angleterre.

Du coup, Napoléon lève sa "Grande Armée" et s'en va faire la guerre aux troupes russes d'Alexandre. Napoléon envahit la Russie en août 1812. Mais les techniques de guérilla employées par l'armée russe, appuyée par les raids des cosaques, vont finir par faire plier les armées napoléoniennes.

Après la terrible bataille de Borodino, la Grande Armée se retrouve coincée dans Moscou désertée de ses habitants et bientôt incendiée par les Russes. Privé de ravitaillement, défait sur la Bérézina, Napoléon fait sonner la retraite pour fuir l'hiver russe... qui le ratrappe en chemin et fauche une grande partie de son armée. Sur pès de 600.000 hommes engagés, à peine 1/5e survivra. La faim, le froid et l'armée russe, qui poursuit Napoléon jusqu'à Paris, auront raison du reste.

Après l'incendie de 1812, la cité de Moscou est entièrement reconstruite. Le style empire, qui a déjà fait son apparition à Saint-Petersbourg avant la guerre, est mis à l'honneur. Ces transformations touchent en profondeur la ville. Les oussadba du Moyen-Age laissent peu à peu la place à de grands immeubles bourgeois.

Le théâtre Bolchoï sort de terre. Les grands boulevards font leur apparition sur l'emplacement même des remparts de Biely Gorod. De gands jardins apparaissent tout le long des boulevards. Moscou rentre enfin dans l'ère moderne.