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Russie - De Moscou à Kazan - Avril 2019

Etape 3 - Moscou - Au milieu de la place Rouge

Jeudi 25 avril 2019. Au bout de mon long périple à pied à travers les rues d'Arbatskaya, me voici enfin arrivé aux portes de la Place Rouge***. Autant le dire tout de suite : un rêve qui se réalise. Cette place a depuis, tout petit, fait l'objet pour moi d'un incroyable fantasme. J'ai grandi quand le rideau de fer était encore tiré entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est, et je me souviens encore comment je regardais avec envie cette place qui suscitait alors tant de mystères en Occident. Et puis il y a la chanson de Bécaud qui a bercé une grande partie de mon enfance... Nathalie... "La place rouge était belle... Nathalie..."

La voici donc cette place Rouge tant rêvée, tant désirée pendant des années. Il se déroula tant de choses sur cette belle place, tant d'histoires s'y déroulèrent, que brusquement, se trouver en son coeur, me fait chavirer de bonheur. Enfin, j'y suis ! J'ai du mal à y croire, il faudrait presque me pincer pour que je réalise enfin que je suis là, au milieu de cette place qui fait l'objet pour moi d'un incroyable fantasme pendant des années.

Immédiatement à gauche, après avoir passé les portes de la place, se dresse dans le soleil, la façade rosacée de la cathédrale de Kazan***. Celle-ci fut édifiée en 1634 par le tsar Mikhaïl, en remerciement après la victoire sur les envahisseurs tatars. Malgré quelques transformations au cours des siècles, avec l'ajout du baroque au XVIIIe siècle, la cathédrale se dressa là pendant plus de 300 ans... Jusqu'à ce que Staline, qui jugeant que celle-ci empêchait le passage de ses chars lors des parades militaires, décida de la faire raser !

Il en fut de même pour les deux portes de la Résurrection avec leurs magnifiques clochers à toits verts, que le dictateur décida de faire rasser pour faciliter le passage des chars de l'Armée rouge !

Heureusement, les deux édifices, les portes comme la cathédrale de Kazan, furent reconstruits à l'identique après la chute du communisme. Plans et photos d'archives avaient été conservés, et il fallut trois ans, entre 1990 et 1993, pour tout reconstruire. A l'intérieur de l'église (photos interdites) se trouvent l'icône de la Vierge de Kazan... ou plutôt une copie. La cathédrale abrite une chapelle très vénérée des Moscovites. C'est là que le tsar s'arrêtait pour prier avant de fouler la place Rouge.

A deux pas de là, c'est un tout autre monument qui se dresse dans le soleil moscovite : le musée d'histoire de l'Etat (que je n'aurais pas le temps de visiter, ce sera pour une autre fois). Ce monument ferme la place de manière élégante et imposante sur son axe nord.

L'édifice fut construit en 1883 par Vladimir Sherwood, dans un style qui se devait être représentatif de l'architecture russe de cette fin de XIXe siècle. Un grand débat animait alors tous les milieux intellectuels et artistiques de l'époque : comment introduire du typiquement russe dans l'art, comment échapper aux influences occidentales, quelle image du pays offrir dans les expositions universelles ? C'est ainsi que naquit le style pseudo-russe dont ce musée d'histoire de l'Etat est l'exemple le plus représentatif.

A la vérité, il s'agit d'une composition plutôt habile de différents styles qu'une véritable création originale. Un style qui faisait alors fureur dans des villes comme Vienne ou Prague à la même époque. Il y a aussi un savant mélange des styles de la basilique de Basile le Bienheureux (qui lui fait face) et des remparts du Kremlin, avec l'utilisation de la brique rouge.

Face aux remparts du Kremlin, on distingue la magnifique façade longiligne de la galerie Goum. Mais j'y reviendrai un peu plus tard.

De l'autre côté, se dresse la tour-clocher des remparts du Kremlin. J'y reviendrai aussi quand j'irai visiter la cité longtemps interdite aux occidentaux au temps des communistes.

La muraille de briques rouges du Kremlin date de l'époque du tsar Ivan III. Elle fut édifiée entre 1485 et 1516 par des bâtisseurs italiens. C'est peut-être pour cette raison que son aspect ressemble à une forteresse du Quattrocento ! Avant ça, une simple enceinte de bois renfermait les premières églises du Kremlin... Mais là encore, j'y reviendrai plus tard.

Car la place Rouge est indissociable de la création du Kremlin. Elle date de la même époque, sous le règne d'Ivan III. Afin de laisser un grand espace libre pour la défense du palais du tsar, elle n'était pas urbanisée. Seuls de petits commerces éphémères y prenaient place. A la fin du XVIe siècle, sur le côté opposé de la place, là où se dresse aujourd'hui le Goum, sont édifiés les premiers commerces en dur.

Au sud, vers la Moskova, se dresse déjà la basilique Basile-le-Bienheureux (1555)***. Au nord, on construit la cathédrale de Kazan, ainsi qu'une première porte de la ville. Au XVIIIe siècle, la place se trouve presque complètement urbanisée, y compris le long des murs d'enceinte du Kremlin qui abritent alors des galeries marchandes...

Après la défaite de Napoléon 1er, et le grand incendie de Moscou, la place est totalement repensée. Elle devient le symbole de la résistance du peuple russe. En 1818, on y érige la statue de Mimine et Pojarski, les héros de guerre contre les envahisseurs polonais en 1612. Les commerces côté Kremlin ne sont pas reconstruits. Cela laisse libre la perspective sur les remparts et la cathédrale Basile-le-Bienheureux.

Face aux remparts en revanche, d'élégantes galeries commerçantes sont édifiées. Reconstruites en partie, en style pseudo-russe, et de façon encore plus prestigieuses, elles deviendront en 1888 les galeries du futur magasin Goum qui prenait alors pour modèle le musée d'Histoire de l'Etat.

A partir de 1918, la place Rouge devient le symbole de la révolution triomphante et de la victoire du communisme. Après la mort de Lénine, on y édifit son mausolée (hélas fermé pendant cette semaine du 1er mai, défilé militaire oblige...) et le Cimetière des héros révolutionnaires et des grands hommes d'Etat. La place devient donc le théâtre des grandes parades militaires que Poutine remettra bien vite au goût du jour. Les plus hauts dirigeants de la bureaucratie soviétique se retrouvent alors en haut du mausolée de Lénine. C'est alors l'occasion pour tous les soviétologues de l'époque de vérifier qui monte dans la hiérarchie du parti, qui est en disgrâce, qui a disparu... qui a été liquidé par le pouvoir.

Il faudra donc attendre la fin du régime des Soviets pour que la place retrouve sa vocation historique. La cathédrale de Kazan et les portes de la Résurrection, démolies pour permettre le passage des chars d'assaut lors des parades militaires, sont reconstruites à l'identique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 
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