Etape 53 - Kremlin - Au coeur du palais des Armures
Lundi 29 avril 2019. Dernière étape de ma visite du Kremlin, le palais des Armures***. Pour y accéder, il faut longer les remparts qui courent le long de la Moscowa, puis traverser la route et accéder au palais. Plus que des armures, ce palais abrite surtout l'un des plus riches musées d'objets d'art du monde. Au départ, à partir du XVIe siècle, ce fut d'abord l'armurerie du tsar, puis on y ajouta des ateliers de fabrication d'icônes, plus d'autres consacrés à la décoration des églises et des palais. Enfin, il servit d'entrepôt officiel pour conserver les vêtements d'apparat, objets précieux, oeuvres d'art des patriarches et de tsars, carrosses, etc. Il abrite au total neuf salles qui sont autant de salles au trésor.
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On commence par la galerie des carrosses, qui abrite peut-être la plus belle collection du monde. On peut y voir notamment un carrosse parisien aux portières décorées par François Boucher, un luxueux traîneau fermé, ainsi que le superbe cadeau du roi Frédéric II à l'impératrice Elisabeth Petrovna. Le carrosse le plus ancien est celui offert par le roi Jacques 1er d'Angleterre au tsar Boris Goudounov en 1603. |
La galerie des vêtements impériaux abrite des habits de cour et vêtements sacerdotaux d'une richesse inouïe. Débauche de tissus précieux de tout pays, broderies et lourds brocarts. Ces habits de cérémonie furent portés par les plus grands lors des principaux événements historiques, comme la robe de couronnement de Catherine II ou l'habit de Nicolas II. Des pièces furent sauvés on ne sait trop comment de la période bolchévique, comme le sakkos du métropolite Pierre (XIVe siècle), chef-d'oeuvre de tissage de satin et fils d'or d'une richesse invraisemblable. Combien d'années fallut-il pour confectionner ces pièces , comme cette chasuble de 24 kg et cette mitre de 5 kg ? A voir également dans cette salle, l'incroyable série de trônes impériaux incrustés de pierres précieuses, dont celui bien sûr, d'Ivan le Terrible.

Dans le prolongement, la salle ronde abrite de riches harnachements, harnais, selles de parade et étriers sertis de pierres précieuses. Beaucoup furent, du XVIe au XVIIIe siècle, des cadeaux des ambassadeurs étrangers. Mais le plus incroyable reste les couronnes des tsars, des pièces uniques et somptueuses, comme la couronne d'Ivan le Terrible, la chapka de Kazan (XVIe siècle) ou celles de Monomaque qui fut utilisée par de nombreux souverrains jusqu'à ce que Pierre le Grand décide de la remplacer par la couronne impériale de Russie dont l'aboutissement fut la pièce de 1762 visible au fonds des Diamants, en or et argent filigranés, rubis et perles, sans parler des autres instruments et symboles du pouvoir : sceptres, chaînes, croix, globes, etc.

A l'étage, la magie continue avec les exceptionnelles collections d'orfèvrerie religieuses, bijoux, joaillerie, objets d'art, argenterie, vaisselle, etc. On peut ainsi suivre l'évolution des techniques à travers les siècles, l'intégration des influences occidentales dans l'art russe, surtout à partir du XVIIIe siècle. Enfin, on peut également voir les premiers oeufs de Fabergé, sans oublier les époustouflantes collections d'armes et d'armures (enfin !), turques, mongoles, polonaises, ainsi que les riches armures qui protégeaient les chevaux, des sabots jusqu'aux oreilles !

Puis on passe à la salle d'art bysantin et orfèvrerie religieuse. On peut y voir quelques pièces du trésor de Soudja (IVe siècle) et de Riazan (XIIe siècle), bijoux reliés ou filigranés, ornés de perles et de pierres précieuses, et où éclate la technique de l'émail cloisonné. Calices, cadres d'icônes, collection hallucinante d'évangéliaires d'une richesse inouïe, alliant luxe et raffinement, comme l'évangéliaire Morozov (XVe siècle) ou celui de 1632 de l'atelier du maître Ovdokimov et celui qu'offrit Ivan le Terrible à la cathédrale de l'Annonciation... Argent et cuivre atteignent ici des sommets de raffinement.

Le palais des Armures abrite également une collection unique d'oeufs de Fabergé. Cette maison était spécialisée dans le décor des oeufs de Pâques et atteignit pour certains modèles une sophistication inégalée. Le palais en expose dix. A voir absolument l'oeuf Kremlin de Moscou, une boîte à musique (1904), et celui du Tricentenaire de la maison des Romanov (1913).

Enfin voici la galerie des Armures proprement dite qui présente l'une des plus stupéfiantes collections du monde. Une panoplie complète des armes de guerre, de chasse ou de parade, non seulement de Rissie, mais d'Europe occidentale et d'Orient. Armes, boucliers et armures se révèlent comme de véritables oeuvres d'art, comme ces fusils incrustés de nacre et d'ivoire ciselés. Dans la collection d'armes orientales, ne pas manquez les pièces persanes et turques des XVIe et XVIIe siècle. En particulier, les boucliers et les saasaks (le fourreau d'arc et le carquois à flèches). Sans oublier les masques de fer des bataille, une hache du XVIIe siècle sertie de diamants et toute une panoplie de cottes de mailles...

Enfin, avant de tourner la page et de quitter le Kremlin, il faut encore s'attarder dans la grande salle de l'étage pour admirer une chope de bière de 5 litres en or et argent. Une incroyable collection de ciboires, dont un en forme de navire ! Le plus incroyable, c'est que tous ces objets aient pu traverser sans encombres les grandes tourmentes de l'histoire. Et même durant les chaudes journées d'octobre 1917, les conservateurs du Kremlin veillèrent jour et nuit près de leurs collections cachées au fond des caves dans des coffres plombés.


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