Etape 14 - Moscou - Devant la cathédrale du Christ sauveur
Jeudi 25 avril 2019. Après une très longue marche (impossible de traverser toutes les rues de Moscou si on ne trouve pas un passage souterrain tellement les rues sont larges!), me voici donc à deux pas du musée Pouchkine***. Mais avant de me perdre dans ses allées, je ne résiste pas à l'envie d'aller faire un petit tour dans l'église du Christe Sauveur qui fut dynamitée par Staline au début des années 30, puis reconstruite à l'identique après la chute du communisme.

Bon, autant le dire tout de suite pour ne pas vous étonner de ne pas trouver de photos de l'intérieur de la cathédrale, mais comme dans la plupart des églises de Russie, il est formellement interdit de prendre des photos... Sous peine parfois de se faire confisquer l'appareil ou la carte mémoire ! Du coup, je vais respecter cette règle à la lettre, sauf à l'église Saint-Nicolas-des-Tisserands où je les prendrai à la sauvette... Toutes les autres ont été négociées directement avec les prêtres, surtout celles de Kazan et des monastères alentours... Pour la cathédrale du Christ Sauveur, les deux seules que je publie ici sont des photos qui ne m'appartiennent pas...

Passé ce petit détail, plongeons-nous dans l'histoire incroyable de cette cathédrale. C'est Alexandre 1er qui décida de faire bâtir cette église après la victoire sur Napoléon, en 1812. Un premier projet n'aboutit pas, et l'église fut finalement construite en 1839... et 1883 ! Elle devint rapidement l'épicentre de la foi chrétienne et de la spiritualité pour tous les Russes, d'autant qu'elle émerveillait par ses dimensions et sa beauté.

Un tel symbole, où se mêlaient étroitement architecture traditionnelle, bysantine et orthodoxe, témoignage de toutes les influences de la Russie, n'échappait pas à Staline, qui décida de la faire raser en décembre 1931 à coup d'explosifs. Il fallut deux explosions pour venir à bout de l'édifice, et plus d'un an pour tout déblayer. A sa place. Staline avait prévu de faire construire un gigantesque palais des Soviets dominé par une tour de 415 mètres de haut surmntée d'une statue géante de Lénine.

Mais cette tour de Babel, symbole de triomphe du communisme et de l'athéisme, sombra dans l'oubli pour cause de Seconde Guerre mondiale... On en resta donc aux fondations et, outre quelques élévations, le chantier ne fut qu'un gigantesque trou vite rempli par la pluie et la boue... A la mort du tyran, Khrouchtchev décida de bâtir là une immense piscine populaire... La plus grande piscine à ciel ouvert du monde, chauffée durant tout l'hiver.

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A la fin des années 80, après la chute du parti communiste, un immense mouvement pour la reconstruction de la cathédrale à l'identique finit par l'emporter. On démonta donc la piscine à l'automne 1994 et à la suite d'une gigantesque souscription nationale et grâce à la générosité des oligarques et des mafieux, les fonds furent rapidement réunis. |
En un an, la superstructure était déjà debout et s'élevait à 104 mètres. Des milliers d'ouvriers y travaillèrent jour et nuit. Cinq ans plus tard, les travaux étaient terminés, le décor extérieur et les 27.000 m2 de fresques intérieures compris. La cathédrale fut inaugurée en 2000, alors que la précédente avait mis 40 ans pour voir le jour...

Etrangement, une fois à l'intérieur, tout semble un peu trop neuf... Mais passée cette première impression, on se laisse envoûté par la grandeur des lieux. Le sanctuaire principal est dédié à la nativité du Christ, ses fresques reproduisant exactement celles détruites en 1931, iconoclaste du style XVIe siècle. La richesse du décor, l'abondance de dorures, les marbres polychromes ajoutent encore à la démesure.

Il ne faut surtout pas oublier de descendre dans les fondations de la cathédrale où se cache un autre lieu de culte, encore plus beau, chargé de fresques et d'icônes représentant notamment sainte Matrona et saint-Nicolas.

Pour la petite histoire, une exposition permet aussi de retrouver le projet avorté de statue géante de Lénine et une maquette de l'édifice...

Voilà pour la cathédrale, qui, malgré tout (sauf la crypte absolument fantastique), me laissera moins d'émotions que la cathédrale de Basile-le-Bienheureux***.

En sortant, il ne faut surtout pas manquer d'emprunter le nouveau pont piétonnier reliant la cathédrale à l'autre rive de la Moskova. La vue sur le fleuve est tout simplement magique.

Il faut alors se retourner pour avoir la plus belle vue sur la cathédrale du Christ Sauveur*** et ses cinq bulbes dorés qui s'élèvent vers le ciel.

Côté Moskova, on a une vue sur le parc des statues déchues qui se trouvent sur l'autre rive. C'est une sorte de concentré de l'histoire du soviétisme. Il est, paraît-il, cocasse de déambuler au milieu de ces vieilles gloires déboulonnées (Staline, Lénine, Djerzinski...) réunies en plein air pour aider à méditer sur la grandeur et la déchéance des grands de ce monde...

A deux pas, trônant sur un fier trois mâts, l'immense statue de Pierre le Grand semble se moquer de ses collègues déboulonnés...

A vrai dire, je vais hésiter un moment avant de me lancer dans l'aventure. Je n'ai que trois heures de sommeil au compteur et la fatigue se fait sentir... Après ce moment d'hésitation, je choisis la sagesse et rebrousse chemin, direction le musée Pouchkine. Je reviendrai à Moscou et je prendrai plus de temps, cette fois...

En passant, je profite une dernière fois de la magnifique vue sur la cathédrale du Christ Sauveur qu'offre ce nouveau pont lancé au-dessus de la Moskova.



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